Déchets radioactifs : le stockage géologique profond plébiscité par les experts - L'EnerGeek

Déchets radioactifs : le stockage géologique profond plébiscité par les experts

francois bayrou nouveaux reacteurs nucleaires - L'Energeek

C’est une avancée pour la recherche sur la gestion des déchets nucléaires de haute activité à vie longue. Après trois ans de travail, le groupe d’experts chargé d’évaluer l’impact socio-économique du projet Cigéo a rendu ses conclusions à la fin du mois de mars et répond aux inquiétudes sur le stockage profond des déchets radioactifs. Des résultats réconfortants pour l’ANDRA, dont la solution semble, après plus de vingt ans de débats et de réflexion, gagner l’assentiment de la communauté scientifique.

Fin du débat pour la communauté scientifique ?

Que faire des déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue issus -entre autres- de l’industrie électronucléaire ? S’ils ne représentent qu’une infime minorité des déchets radioactifs –environ 3,1 %-, les déchets de haute et moyenne activité à vie longue ne peuvent être conservés durablement en surface sans une surveillance permanente. Le reste des déchets est, en grande partie, globalement sans risque sanitaire pour l’homme et son environnement.

Si la loi Bataille du 30 décembre 1991 s’était attachée à approfondir plusieurs scénarios, dont la séparation / transmutation, l’entreposage de longue durée en surface et le stockage en couche géologique profonde, les données scientifiques et les évaluations de sûreté conduisent les experts à privilégier le stockage géologique profond, jugé plus sûr pour les générations futures.

« L’idée est que les radioéléments finiront par sortir. Mais on sait en combien de temps. Ce temps est très long et suffit pour garantir l’innocuité des radioéléments pour l’environnement biologique dont il doit être absolument isolé » expliquait Christian Simon, universitaire, dans nos pages le lundi 2 mars 2020.

Différentes options et plusieurs scénarios étudiés

Les différentes options étudiées l’ont été au prisme de deux scénarii. Dans le premier, nos sociétés connaissent à l’avenir une stabilité et une prospérité relative, permettant le maintien de la paix sociale et des institutions publiques. Un scénario qui, selon les probabilités dressées par les experts, a 90 % de chance d’advenir. Dans le second, des crises systémiques frappent nos sociétés, qui sombrent peu ou prou dans un effondrement social, économique et politique. Un scénario catastrophe cependant peu envisageable, selon les scientifiques.

Des options alternatives au lancement immédiat et complet du projet ont été scrutées. La première d’entre elles est le lancement de la phase industrielle pilote de CIGEO, pour ne stocker cependant que les déchets moyenne activité à vie longue, tout en maintenant la recherche pour les déchets de haute activité. La seconde promeut le lancement de la phase industrielle pilote de CIGEO, sans pour autant y stocker de déchets afin de privilégier la recherche de solutions alternatives. La troisième, plus radicale, est le report des investissements de CIGEO au profit de la recherche. Mais, selon les experts, le lancement immédiat du projet CIGEO est préférable aux solutions alternatives, notamment pour sa capacité à protéger les générations futures des éventuelles difficultés auxquelles elles pourront faire face.

À l’échelle internationale, le stockage en couche géologique profond est une option privilégiée par les différents Etats ayant recours à l’atome. Les autres solutions avancées, comme l’entreposage, la séparation / transmutation ou encore le stockage en forage, souffrent encore d’un déficit de maturité opérationnelle ou d’un manque de prise en considération des générations futures. De même, selon les experts, le stockage en couche géologique profond est le seul à respecter le principe de réversibilité, exigé par les parlementaires.

L’évaluation socio-économique du projet a aussi fait l’objet d’une attention toute particulière du Secrétariat général à l’investissement qui, sous la forme d’une contre-expertise, a rendu un avis positif sur ce dossier épineux, mais pour lequel un début d’unanimité scientifique semble se dessiner.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • M’enfin, comme dirait Gaston, on nous avait dit que les réacteurs à neutrons rapides (RNR) ou encore ceux pilotés par un accélérateur de particules (ADS : Accelerator Driven System) allaient nous débarrasser de tous ces déchets radioactifs.

    Qu’ils allaient détruire tous ces transuraniens (plutonium, curium …), actinides (mineurs ou pas) et produits de fission.

    Comme les recherches pour transmuer le plomb en or des alchimistes moyen-âgeux, la recherche pour transmuer les déchets radioactifs ne semble pas donner de résultats convaincants.

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  • Tantôt on nous dit que les RNR (réacteurs à neutrons rapides) surgénérateurs allaient nous permettre de produire de l’électricité pendant des millénaires en produisant plus de plutonium qu’ils n’en consomment.

    Tantôt on nous dit que ces RNR seraient utiliser en sous-générateurs pour brûler du plutonium (et en produire moins en sortie que la quantité entrée) et autres actinides.

    Pour simplifier : le beurre et la crémière.

    Faudrait savoir, ces messieurs du nucléaire, on augmente ou on diminue le plutonium à la sortie des (futurs) réacteurs ?

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  • La recette miracle des réacteurs magique c’est en France déjà un sacré paquet de milliards de F puis euros) dans 8 (rien qu’en France) de ces machines qui ont toutes baissé pavillon les unes après les autres autant à l’étranger. Ils avaient pourtant tous de jolis nom prometteurs :
    1957 Rapsodie
    1961 Rachel
    1965 Harmonie
    1966 Masurca
    1968 Phénix
    1968 Prospero
    1970 Caliban
    1986 Superphénix
    2010 on a échappé à Astrid abandonné 10 ans après. Il est resté à l’état de projet durant ces 10 années…. et n’a couté que quelques salaires d’ingénieurs sur cette période.
    Mais les Anglais, les Américains, les Italiens s’y sont aussi essayé en se cassant les mêmes dents….. mais les leur, et avec leur argent.

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  • Toujours la méthode Coué
    mais
    Mercredi 13 janvier, l’Autorité environnementale a livré un avis très critique sur le projet d’enfouissement des déchets nucléaires Cigéo, dans la Meuse. De nombreux aspects — jusqu’au choix du mode de stockage.

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  • Comme si les “experts” (il y a de quoi rire) avaient le choix maintenant que les déchets sont là et pour des milliers d’années. Moi aussi je suis “expert dos au mur” et je propose une alternative :
    On réquisitionne quelques centaines de fusées, on colle tout ça là-dedans, et on les envoie dans le Soleil qui en fera son affaire, car lui c’est un ITER qui fonctionne déjà, et il appréciera certainement les friandises.

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  • Excuser mon insolence, mais comme je connais un peu le sujet je ramène ma fraise. Il est sûr que dans 300000 ans il y aura encore quelques tonnes du Neptunium dans le combustible usé et dans les fûts de La Hague ou du Bure ou d’ailleurs. Au rythme ou vont les choses, je ne suis pas sûr qu’il y aura encore des hommes pour les contempler. L’urgence d’aujourd’hui est de diviser par 3 ou 4 les rejets de CO2 dans l’atmosphère à l’échéance 2050. La seule chance de le faire, est de mettre en oeuvre des ENR et les batteries des VE. Même si on construit 5000 réacteurs de 1000 MW en 30 ans (bonjour la gageur) on sera encore très loin du compte….J’invite tous les yaka fokon à faire quelques calculs et de se rendre à l’évidence, mais les yaka, fokon en ont ils les moyens ?

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  • Selon les données de la recherche nucléaire, il faudrait recycler (bruler) tout le plutonium pour réduire d’un facteur dix la radioactivité à long terme – et brûler tous les actinides mineurs pour réduire cette radioactivité d’un facteur cent.

    Le plutonium, c’est ce qu’on met dans le MOX (mixed oxide) utilisé par certains réacteurs nucléaires. Début 2020, il y en avait 58 tonnes en France.

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  • A Alain Capitaine .
    Mettre en oeuvre 5000 GW d’ ENR + batteries associées, en 30 ans seulement , bonjour là aussi, la gageure, on sera aussi, en 2051, loin du compte… Il faudra un bouquet énergétique ENR+batteries+H2+Nucléaire et malgré ça, il restera dans le monde, en 2051,encore du fossile nécessitant de la CCUS…

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  • Ensemble, éolien et solaire ont produit 3,8% de l’électricité mondiale en 2014 et 8,0% en 2019.

    A eux seuls et au rythme actuel de progression, éolien et solaire pourraient produire autour de 60% de l’électricité mondiale en 2030. En TWh, cela ferait plus que tous les fossiles en 2019.

    En 2019, le nucléaire a encore produit moins que son année record de 2006.

    En 2019, l’ensemble des énergies renouvelables a produit 2,5 fois plus d’électricité que le nucléaire.

    En 2020, le nucléaire a régressé alors que les énergies renouvelables ont fortement progressé.

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  • Raison de plus pour relancer, au niveau mondial, la construction d’un parc nucléaire, bien plus important que le parc nucléaire actuel ; afin d’avoir dans 30 ans un bien meilleur bouquet énergétique, composé d’ ENRs+batteries+H2+Nucléaire associé à de la CCS et de la CCUS, car il restera, malheureusement, encore du combustible fossile utilisé à cette époque(dans 30 ans)…

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  • Pourquoi gaspiller ses sous dans le panier percé (et dangereux) du nucléaire alors qu’investir dans les renouvelables permet de progresser beaucoup plus rapidement et pour moins cher dans une électricité sans fossiles.

    Depuis cinq ans (2019 en attendant de connaître 2020), la production annuelle d’électricité n’a augmenté que de 255 TWh pour le nucléaire, mais de 328 TWh pour l’hydraulique – 723 TWh pour l’éolien – 526 TWh pour le photovoltaïque – 151 TWh pour les autres énergies renouvelables – 1.728 TWh pour toutes les énergies renouvelables.

    Pour ce qui est du CCS et CCUS (captage et utilisation du CO2), c’est un échec depuis plus de dix ans, malgré les bavardages promotionnels à ce sujet. C’est également très coûteux en énergie.

    En dehors de rares exceptions mise en avant, le CO2 capté sert a augmenter la production de pétrole (EOR : enhanced oil recovery) en injectant le CO2 dans des gisements de pétrole en déclin.

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