Le 15 juin dernier, plusieurs pays, dont la France, ont demandé à la Commission Européenne de plancher sur le développement de l’hydrogène. Si cette source d’énergie intéresse l’Europe depuis déjà plusieurs années, les sept pays demandeurs estiment qu’il est désormais temps de passer à la vitesse supérieure. Sous leur impulsion, la Commission Européenne doit soumettre, dès juillet 2020, un plan de développement de l’hydrogène. Le but ? En faire le joker du futur mix énergétique européen.
La Commission Européenne a une nouvelle mission. Lundi 15 juin, six pays (la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Autriche) ont officiellement demandé à la Commission Européenne de mettre au point un plan de développement de l’hydrogène. Les six pays demandeurs, soutenus par la Suisse, attendent une feuille de route avec des objectifs communs, pour une première échéance à 2030.
Concrètement, l’hydrogène n’est pas un sujet nouveau dans les débats en Europe. Mais jusqu’ici, les différentes initiatives ont surtout été circonscrites au sein de quelques pays, principalement la France et l’Allemagne. Le but de cette nouvelle demande est de faire front commun pour avancer plus efficacement. La Commission Européenne doit livrer sa stratégie de développement de l’hydrogène le 8 juillet prochain.
A l’heure actuelle, l’hydrogène représente péniblement 2% dans le mix énergétique de l’Europe. D’après Kadri Simson, la commissaire européenne à l’énergie, cette part pourrait atteindre jusqu’à 16% d’ici 2050. Dans l’idéal, la commissaire à l’énergie souhaite privilégier l’hydrogène vert (obtenu à partir d’énergies vertes, et non d’énergies fossiles pour réduire son empreinte carbone). Mais dans la perspective d’une phase de transition, d’autres formes d’hydrogène pourraient être envisagées afin d’étoffer l’offre sur le marché européen.
Pour les six pays demandeurs, l’hydrogène vert doit être une priorité. Eric Wiebes, le ministre de l’économie néerlandais, affirme que “L’hydrogène propre est un vecteur énergétique indispensable à la neutralité climatique.”
Pour l’instant, l’usage de l’hydrogène est surtout circonscrit au secteur des transports. Les immatriculations de véhicules hydrogène demeurent anecdotiques en Europe, mais elles progressent : +40 en un an. Elles se concentrent surtout entre deux pays : la France et l’Allemagne. A eux seuls, les deux pays ont représenté 60% des nouvelles immatriculations de voitures à hydrogène en Europe au premier trimestre 2020.
En France, l’ADEME est un des plus fervents soutiens à l’hydrogène. Dans son rapport du 26 avril 2019, l’Agence encourageait les pouvoirs publics à développer des bus à hydrogène. D’après elle “La filière hydrogène présente l’avantage environnemental de réduire les émissions de polluants atmosphériques, ainsi que des nuisances sonores. Si de plus l’hydrogène est produit localement à partir d’électricité décarbonée, cela permet en plus de réduire nettement les émissions de CO2.” L’ADEME reconnaissait toutefois que “le coût est élevé et les expérimentations et déploiements à venir nécessitent un soutien pour amorcer la demande de véhicules.”
Depuis un an maintenant, la France et l’Allemagne ont pris les devants. Les deux pays ont multiplié les investissements en faveur du développement de l’hydrogène. La France doit investir 1,5 milliard d’euros d’ici 2022 pour mettre au point un avion à hydrogène. L’Allemagne compte débloquer 9 milliards d’euros pour développer sa filière de production d’hydrogène.
Le même élan se retrouve chez les énergéticiens des deux pays. En décembre dernier, Hydrogène de France a signé un contrat de transfert de technologie avec Ballard Power Systems. Le but : installer en France une usine d’assemblage pour des piles à hydrogène d’une puissance supérieure à 1MW. De telles batteries serviront au stockage des énergies vertes pour soutenir les réseaux électriques intelligents.
L’intérêt pour l’hydrogène dépasse les frontières de l’Europe. En juin 2019, l’hydrogène était déjà au centre des discussions des pays du G20. Les ministres de l’environnement avaient consacré une réunion exceptionnelle au développement d’un hydrogène vert, produit grâce aux énergies renouvelables.
En Chine notamment, l’hydrogène suscite un grand intérêt. En avril 2019, Pékin a lancé un ambitieux chantier de développement de l’hydrogène pour le secteur des transports. Le gouvernement chinois s’est fixé l’objectifs d’augmenter drastiquement la part des véhicules à hydrogène d’ici 2030. Pékin table ainsi que un million de véhicules à hydrogène d’ici 2030.