L’ADEME a remis au gouvernement, le 26 avril 2019, son rapport sur la filière des bus bas carbone. Le panorama de l’Agence doit servir d’outil pour accompagner les collectivités locales vers une mobilité plus durable. A l’heure où la flotte des transports en commun commence à basculer vers des véhicules propres, le marché des « bus propres » est en plein essor…
Déjà 28% de bus bas carbone en France
A l’heure de la transition énergétique, où en est vraiment le parc français des autobus ? L’ADEME a mené l’enquête, et elle a rendu son rapport au gouvernement, le 26 avril dernier. Son « Panorama et évaluation des différentes filières d’autobus urbains » dresse un état des lieux complets. D’après l’Agence, il est clair que les bus bas carbone représentent un levier crucial pour verdir les déplacements sur route en France. En 2017, le transport de voyageurs en bus a représenté 6,2% des déplacements de personnes. Le bus est donc le troisième moyen de transport des Français, derrière la voiture (80,5% des déplacements) et le train (11,7%).
La France compte 26 545 bus en circulation, principalement dans de grandes agglomérations. La RATP, qui s’occupe des transports parisiens, en compte à elle seule 4 573. La majorité de la flotte française d’autobus fonctionne encore au gazole (72%). Toutefois, l’ADEME souligne que les énergies alternatives progressent rapidement dans l’Hexagone. Au 1e janvier 2018, les bus bas carbone représentaient déjà 28% du parc national. Les solutions adoptées sont variées. L’ADEME observe une tendance en faveur du gaz naturel. 16% des bus français roulent déjà au GNV. L’hybride au gazole est également une solution qui séduit : 7% de la flotte de bus est déjà équipée de ce type de motorisation. Enfin, les biocarburants, dont le biodiesel, émergent dans le parc des bus. Ils représentent déjà 2% des bus en circulation.
L’ADEME, plutôt critique avec les bus hybrides
Les bus hybrides ont beau être bien implantés en France, l’ADEME est pour le moins sceptique en ce qui concerne leur avenir. L’Agence note que les bus hybrides disposent de réels atouts. Ils respectent les objectifs environnementaux, mais sont peu intéressants d’un point de vue économique. Les bus hybrides coûtent en effet plus cher à l’achat qu’un bus thermique. Ses coûts de maintenance sont plus élevés. Ils nécessitent aussi un investissement pour former les agents de maintenance à leurs spécificités. Au final, ces surcoûts effacent les économies faites sur le carburant.
L’ADEME se montre encore plus sévère avec les bus hybrides rechargeables. Ces véhicules impliquent des investissements supplémentaires pour déployer des stations de recharge. Avec le temps, la capacité énergétique de leurs batteries se dégrade. Là encore, l’ADEME souligne que les surcoûts s’accumulent par rapport à un véhicule thermique.
L’ADEME roule pour l’hydrogène
A l’heure actuelle, le nombre de bus à hydrogène en circulation est encore anecdotique en France. Plusieurs expérimentations sont en cours sur le territoire, mais l’hydrogène ne dispose pas encore d’une flotte significative pour rentrer dans les données de l’ADEME. L’Agence revient pourtant sur cette filière dans son rapport. Selon elle, l’hydrogène représente une opportunité pour développer d’autres bus bas carbone à l’avenir : « La filière hydrogène présente l’avantage environnemental de réduire les émissions de polluants atmosphériques, ainsi que des nuisances sonores. Si de plus l’hydrogène est produit localement à partir d’électricité décarbonée, cela permet en plus de réduire nettement les émissions de CO2. Pour autant, le coût est élevé et les expérimentations et déploiements à venir nécessitent un soutien pour amorcer la demande de véhicules. »
Depuis plusieurs années déjà, l’ADEME soutient activement la filière de l’hydrogène. L’Agence avait lancé, en octobre 2018, un appel à projets pour les « Ecosystèmes de mobilité hydrogène« . Le 3 mai 2019, elle a dévoilé les onze lauréats. Les projets sélectionnés visent à développer des flottes de véhicules roulant à l’hydrogène pour les collectivités, les entreprises et les particuliers. L’ADEME a précisé que les 11 projets sélectionnés vont « faire l’objet d’une instruction approfondie pour évaluer plus précisément les montants des soutiens publics qui leur seront accordés. » L’Agence avait au départ estimé l’investissement potentiel à hauteur de 475 millions d’euros.
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