Le 10 décembre 2019, France Biométhane et SIA Partners ont publié les résultats de leur observatoire européen du biométhane. Pour la troisième année, ils se sont intéressés au développement de la filière du gaz vert en général, et du biométhane en particulier. Bonne nouvelle : la capacité installée progresse en Europe, et notamment en France. Cette progression souligne toutefois des disparités selon les pays européens.
Biométhane : 11 pays européens passés au crible
L’étude menée par France Biométhane et SIA Partners s’intéresse à la production de biométhane dans onze pays de l’Union Européenne : la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, la Suisse, la Suède, l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Finlande. Sur l’ensemble de ces pays, le nombre d’installations de biométhane a augmenté de 9% entre 2017 et 2019. Et la capacité installée a augmenté de 6%. D’après le rapport : « On dénombre 621 unités dans les principaux pays producteurs d’Europe à fin 2018 ». Ces installations cumulent une capacité d’épuration de biogaz de 567.000 Nm3/h soit 22 TWh de biométhane annuel. L’Observatoire note aussi que « plus de 80% » des unités de production sont désormais connectées aux réseaux de gaz nationaux.
L’enjeu de la valorisation du biométhane
Si la production globale progresse, la situation est toutefois nuancée. En effet, la production de biogaz et la valorisation du biométhane restent deux choses différentes, et tous les pays ne sont pas aussi performants en matière de valorisation.
L’Allemagne est ainsi le premier producteur de gaz vert, avec un chiffre impressionnant de 10 971 unités de production installées. Son taux de valorisation du biométhane est pourtant inférieur à 5%. Idem en Italie, second plus gros producteur, qui atteint un taux de valorisation proche de zéro.
A l’inverse, les pays nordiques, qui ont pourtant la production de biogaz la plus faible, connaissent des taux de valorisation de biométhane très élevé. La Suède atteint les 25% alors qu’elle compte moins de 500 unités de production sur son territoire.
Un développement « très hétérogène » du biogaz en Europe
Le rapport souligne que « le développement du biogaz est très hétérogène en Europe, et ce même pour des pays qui ont des potentiels d’entrants comparables. » Selon les états, on distingue deux grandes orientations : l’utilisation du biogaz dans des installations qui combinent production de chaleur et d’électricité, ou épuration en biométhane.
Le seul levier qui fait la différence pour favoriser la valorisation du biométhane, c’est donc le soutien institutionnel. Depuis 2012, la plupart des pays producteurs (exception faite de l’Allemagne) ont multiplié les mécanismes de soutien au biométhane. La France et l’Italie ont mis en place un tarif de rachat du biométhane pour « assurer un revenu aux producteurs ». L’observatoire souligne que ce mécanisme « induit souvent une croissance forte » pour la filière.
D’autres pays, comme le Danemark, stimulent leur filière de biométhane grâce à son utilisation pour les carburants verts. Le pays oriente une partie de sa production de biométhane vers le secteur des transports. Il a mis en place une exonération de taxe CO2 et de taxe énergétique pour les sites de biométhane qui s’engagent à réserver leur production pour les transports.
La France, bonne élève en valorisation du biométhane
La France comptait en 2018, 76 unités de production pour une capacité installée de 1,8 TWh. Son taux d’injection de biométhane dans le réseau de gaz est de 100%. D’après le rapport de l’Observatoire : « l’objectif de 10% de gaz vert dans les réseaux en 2030, inscrit dans la loi de transition énergétique de 2015, paraît plus que jamais atteignable. » Le rapport précise aussi que 800 demandes de raccordement ont été déposées entre 2011 et 2019, et ce nombre devrait encore augmenter. La France prévoit en effet d’investir 3 milliards d’euros dans sa filière gaz vert.
Seule ombre au tableau, le taux de valorisation du biométhane en France n’est que de 11%. France Biométhane a donc publié un livre blanc avec des « Recommandations pour libérer le potentiel du biométhane » en France. D’après le think tank, « le développement des projets reste un parcours long, coûteux et complexe ». Il préconise donc de systématiser la concertation et d’instaurer un cadre réglementaire stable et prévisible pour « permettre l’industrialisation et la compétitivité de la filière ».
Le livre blanc propose aussi d’aménager des périodes de transition pour accompagner les porteurs de projet quand la réglementation évolue. Enfin, un mécanisme de réduction des tarifs d’achat du biométhane progressif et visible est souhaité.
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