La Programmation pluriannuelle de l’énergie compte un nouveau mécontent : la filière biométhane. Quarante-deux acteurs impliqués dans la transition énergétique ont signé une lettre destinée au président de la République le 20 février 2019, dans laquelle ils déplorent le sort réservé au biométhane au sein de la PPE. Des ambitions plus élevées sont demandées et un soutien plus important sur les tarifs est jugé nécessaire. Selon eux, pour que cette filière utile à la transition énergétique puisse connaître un réel essor, l’exécutif doit modifier son projet de PPE…
Des ambitions revues à la baisse dans la PPE
Il aura fallu un mois pour organiser la riposte. La filière biométhane conteste désormais le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie. Au total, quarante-deux acteurs comme l’Association française du gaz (AFG), le WWF, la FNSEA et plusieurs régions françaises (Bretagne, grand-Est…), ont décidé d’envoyer un courrier au Président pour faire entendre leur requête. L’objectif est de tirer la sonnette d’alarme quant à l’avenir du biométhane en France. Cette feuille de route prévoit une part de 7 % de biogaz au sein de la consommation de gaz en 2030. Or, c’est 3 % de moins que ce qui est prévu dans la loi relative à la transition énergétique.
D’une part, les objectifs sont en baisse. De l’autre, les professionnels s’inquiètent des prix de rachat du mégawattheure de biométhane, bien moins élevés qu’espérés. Aujourd’hui, le prix de rachat est un peu supérieur à 80 euros et doit passer à 45 euros en 2028 avec une étape intermédiaire à 67 euros en 2023. Jacques-Pierre Quaak, co-président de l’association France gaz renouvelables dit ne pas désespérer de « trouver un compromis pour mieux dynamiser notre industrie naissante (…) Nous répondons parfaitement aux enjeux de la transition écologique : diminution des énergies fossiles, valorisation des déchets organiques et circuits courts ».
Une PPE modifiable ?
L’argumentation peut porter, car la filière biométhane est effectivement ancrée dans les territoires. Qui plus est, elle peut constituer une source de revenu supplémentaire pour les agriculteurs. Le biométhane est « une filière qui crée des revenus pour les agriculteurs, des emplois non délocalisables et contribue efficacement à la préservation des ressources et à la lutte contre le changement climatique » peut-on ainsi lire dans la lettre adressée à Emmanuel Macron. Un président de la République, secondé par un ministre de la Transition énergétique, qui s’est dit ouvert le 7 février 2019 à « retravailler sur quelques points » de la PPE.
Aujourd’hui, 82 sites de biométhane sont raccordés au réseau, soit deux fois plus qu’il y a un an. D’ailleurs, pour le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, « la dynamique de la méthanisation est réelle ». La filière progresse, mais reste encore peu développée notamment en raison d’un coût d’investissement moyen très élevé. Avec un prix de rachat à venir jugé comme faible, et trois à quatre années nécessaires (sans d’éventuels recours juridiques) pour mettre en œuvre un projet, les investisseurs réfléchiront forcément à deux fois avant de s’engager. L’appel est relayé sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MakeOurPPEGreatAgain, celui-ci a été déjà partagé à plus de 615 reprises depuis ce matin…
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