Après plusieurs décennies de ralentissement, la vitesse des vents dans l’hémisphère Nord repart à la hausse. Une bonne nouvelle pour la filière des éoliennes terrestres. Les scientifiques qui observent les phénomènes climatiques estiment même que la vitesse moyenne des vents devraient encore augmenter dans les années à venir. Grâce à ce contexte météorologique favorable, le potentiel de l’industrie éolienne devrait être revu à la hausse.
L’étude des vents n’a rien de nouveau, et pour cause : depuis les années 1980, les scientifiques s’inquiétaient d’un phénomène de ralentissement des vents dans l’hémisphère Nord. D’après une étude internationale publiée le 18 novembre 2019, la tendance s’est inversée ces dernières années. L’étude a été menée conjointement par plusieurs agences spécialisées, dont le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui fait partie du CEA (le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives). Pas moins de 1 435 stations météorologiques ont été mobilisées dans l’ensemble de l’hémisphère Nord pour effectuer les relevés d’observation. Leur étude démontre que la vitesse moyenne mesurée pour les vents sur terre a augmenté depuis 2010. Et elle devrait continuer sa progression au moins jusqu’en 2024.
Et c’est une bonne nouvelle car, ces dernières années, plusieurs zones géographiques avaient enregistré leur “point bas” (la plus faible vitesse moyenne de vents terrestres observée) : l’Asie avait connu le sien 2001, l’Europe en 2003 et l’Amérique du Nord plus récemment en 2012. Les chercheurs ont appelé ce phénomène “l’accalmie éolienne globale”. Depuis les années 1980, cette accalmie a pénalisé la production éolienne, directement dépendante de la vitesse du vent.
Comme le rappelle le rapport d’étude, l’énergie éolienne connaît un essor mondial. Même malgré le phénomène d’accalmie, elle a atteint une capacité totale de 597 GW en fin d’année 2018. Elle a ainsi couvert près de 6% des besoins en électricité à l’échelle mondiale.
D’après les chercheurs, ce résultat est la conséquence directe du retour des vents forts. D’après eux : “L’embellie entre 2010 et 2017 a entraîné une augmentation du potentiel éolien de 17% dans le monde et de 2,5% aux Etats-Unis.” D’après eux, “Ce point démontre que la vitesse du vent joue un rôle au moins aussi important que les innovations technologiques, longtemps considérées comme le seul facteur contribuant à l’augmentation de al production éolienne.”
Grâce à l’étude menée depuis dix ans, les scientifiques sont en mesure d’affirmer que la tendance de renforcement des vents va se maintenir à moyen terme. En conséquence, la production d’énergie éolienne devrait connaître une augmentation mécanique. Les chercheurs estiment qu’elle progressera de 3% par décennie.
Ces nouvelles projections devraient peser dans les futurs débats pour la définition du mix énergétique du futur. A l’heure où les investissements dans les énergies propres se multiplient, la filière éolienne devraient bénéficier d’un argument de poids pour capter plus de financements. Le rapport du CEA le souligne d’ailleurs : “Cette approche nouvelle ouvre la voie à une planification à long terme de l’industrie éolienne mondiale.” Un élément qui pourrait donner un coup d’accélérateur aux projets d’éolien terrestre.
Il existe toutefois une incertitude. Le renforcement des vents se double d’une augmentation des tempêtes majeures. En France, on a observé 41 tempêtes majeures depuis 1980. Certaines décennies sont plus impactées que d’autres, sans que les météorologues parviennent à établir une tendance climatique globale. Météo France souligne ainsi que “L’état actuel des connaissances ne permet pas d’affirmer que les tempêtes seront sensiblement plus nombreuses ou plus violentes en France métropolitaine au cours du XXIe siècle.”
Les épisodes climatiques violents ont pourtant déjà des effets graves sur certaines zones géographiques. En novembre, 11 départements du Sud de la France étaient en vigilance orange. Les fortes rafales de vent deviennent alors dangereuses pour les éoliennes. En janvier 2018, la tempête Carmen avait réussi à faire détruire l’une des huit éoliennes du parc de Bouin, sur l’île de Noirmoutier.
COMMENTAIRES
A plus de 25 m/s (90 Km/h), les éoliennes cessent de produire. L’avenir est donc incertain pour l’éolien. Il est bon dans ce cas d’avoir un gros parc de production pilotable faiblement émetteur de CO2 au cas où !
“Capter plus de financements” ? C’est une plaisanterie ? Le rapport parlementaire qui vient d’être rendu public montre que la filière éolienne nous coûtera (à horizon 2028) entre 70 et 90 milliards d’euros ! Ce coût est équivalent à celui de l’implantation initiale de l’ensemble du parc nucléaire (qui produit plus de 100 fois plus d’énergie)…
Visiblement cette limite de vitesse augmente avec le temps et les nouvelles technologies.
Je vois près de chez différentes générations d’éoliennes, quand les vents sont forts les modèles récents fonctionnent alors que les anciens sont à l’arrêt.
Mais il est effectivement utile d’avoir des sources alternatives d’énergie pilotables.
@Alex
Dans le cas de vents forts, les exportations sont souvent à la hausse les prix à la baisse : https://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique
C’est comme cela que la France se retrouve être le pays le plus exportateur du monde !
Je ne suis pas d’accord avec cette forme d’énergie car elle rend les vents secs et donc la destruction de l’environnement.