Les 3 et 4 décembre 2019, les Assises de l’économie de la mer se pencheront sur l’avenir des énergies marines renouvelables (EMR). Les énergies bleues devraient enregistrer une forte progression dans les prochaines années, mais elles demeurent pour l’instant minoritaires. En cause ? Leur acceptabilité auprès des riverains et de certains secteurs d’activité, comme la pêche, reste compliquée à renforcer. En France, l’enjeu est d’autant plus crucial que le potentiel des énergies marines est important.
Déjà 4000 éoliennes offshore en Europe
Le vent souffle dans la bonne direction pour les énergies marines à l’échelle mondiale. L’année 2019 a notamment marqué un tournant pour l’Europe : la zone a dépassé la barre symbolique des 4 000 éoliennes offshores installées. Et cette base installée devrait encore tripler sur les cinq prochaines années.
A l’heure actuelle, l’éolien offshore représente 0,3% de l’électricité produite dans le monde. Un chiffre anecdotique, et pourtant, l’Agence internationale de l’énergie estime dans son rapport publié le 21 octobre 2019 que son potentiel est « quasi illimité« . L’éolien en mer pourrait ainsi devenir la première source d’énergie en Europe.
Une estimation qui repose sur plusieurs éléments. Tout d’abord, l’éolien offshore présente un meilleur taux de charge que l’éolien terrestre. Ensuite, les coûts de production de l’éolien offshore ont baissé ces dernières années. Lydia Schot, la directrice de l’éolien pour Eneco, observe : « Aux Pays-Bas, ils ont chuté de 70% en huit ans. »
Les énergies marines renouvelables, une chance pour la France
En France, le nombre de parcs actuellement en exploitation est de zéro. C’est pourquoi, au moment de la présentation de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), les professionnels français des énergies marines renouvelables ont demandé au gouvernement de s’engager. Malgré cela, les projets d’éolien offshore français ont pris du retard, tout comme les projets d’hydroliennes.
En effet, il n’est pas rare que des recours juridiques ralentissent les projets. Comme l’explique Antoine Carlier, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), « des groupes de pression utilisent des pseudo-arguments écologiques pour faire capoter les projets« . Pourtant, assure-t-il, « il y a plus de 4 000 éoliennes installées en mer du Nord, s’il y avait de graves impacts, on l’aurait vu ».
Grâce à sa grande façade maritime, la France bénéficie pourtant d’un atout crucial pour développer les énergies marines renouvelables. Le pays dispose également du savoir-faire nécessaire, grâce à plusieurs entreprises spécialisées du secteur énergétique. Les entreprises Naval Energies, ou SBM travaillent par exemple déjà sur des chantiers internationaux. D’après les chiffres de l’Observatoire des énergies de la Mer, les entreprises françaises spécialisées dans les énergies marines renouvelables enregistrent aujourd’hui 80% de leur chiffre d’affaires à l’export.
Vers une meilleure acceptabilité des projets ?
Par ailleurs, quatre fermes d’éoliennes flottantes sont pour le moment prévues. L’une sur la côte Atlantique et trois sur la côte méditerranéenne. Ces fermes pilotes doivent voir le jour entre fin 2020 et début 2021, elles assureront une puissance installée de 24 MW. Pour rendre ces projets acceptables, plusieurs dispositions ont été prises.
Patricia Marin, la responsable des énergies marines renouvelables auprès du FOWT (Floating Offshore Wind Turbines), explique le cadre mis en place par les pouvoirs publics pour rassurer les populations et les acteurs locaux. D’après elle : « Il serait inexact de dire qu’il n’y a pas d’inquiétudes, qui sont légitimes, mais un travail remarquable a été fait sur l’acceptabilité auprès de la population, des pêcheurs… Ce qui est passé, en amont, par une bonne définition des zones où les fermes seraient implantées. A l’arrivée, elles seront assez loin des côtes pour ne quasiment pas être visibles. Et des études de suivi environnemental seront menées tout au long de la durée des projets. »
De plus, il est vrai que les conflits d’usages sont moins importants avec les éoliennes flottantes. De son côté, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, estime que « si on arrêtait de regarder à la rentabilité pour les promoteurs de l’éolien en mer, on pourrait très certainement améliorer l’acceptabilité de ces infrastructures« . La question du partage de l’espace et de la prise en compte de l’environnement naturel est désormais au cœur des enjeux de la filière des énergies marines renouvelables. A tel point que la formation continue proposée par le WEAMEC, l’association qui regroupe l’écosystème des Énergies marines renouvelables (EMR) des Pays de la Loire, a orienté un module complet sur ce seul sujet.
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