A défaut de pouvoir éviter toutes les sources de pollution, la recherche s’intéresse à transformer la pollution en matière utile. Une tâche qui incombe notamment au projet Vasco 2 et dont les conclusions ont été rendues publiques ce mardi 25 juin 2019. Les ingénieurs veulent produire des biocarburants via des fumées industrielles récupérées sur le site industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer. Un essai prometteur qu’il reste encore à transformer à l’échelle industrielle.
Des biocarburants générés par le CO2
Après deux années de tests, le projet Vasco 2 a rendu son verdict, et il est plutôt positif. Les fumées chargées de CO2 de trois usines de Fos-sur-Mer (Kem One, ArcelorMittal et Solamat-Merex) ont été récupérées et directement injectées dans des bassins de culture où elles ont servies de nourriture à des micro-algues. Magali Deveze, coordinateur du projet Vasco 2 a expliqué la suite du processus à l’AFP : « La partie +biomasse+ de ces cultures est ensuite extraite, déshydratée et transformée en une pâte que l’on envoie vers une branche spécialisée du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), avant d’être raffinée en biocarburant« .
Ce système a permis de capter dans la biomasse 60% du CO2 injecté. Un chiffre intéressant « qui sera encore amélioré en phase industrielle », assure Michaël Parra, coordinateur du programme. Ce dernier ajoute que « sur des cycles de 8h, nous produisions 1 kg de biobrut (phase solide carbonée mélangée à de l’eau et de l’huile) à partir de 25 kg de pâte d’algue ». A noter que seules les microalgues d’eau douce ont donné des résultats assez concluants.
Une production industrielle attendue
Vasco 2 est un succès grâce à la coopération du port de Marseille Fos, mais aussi de l’Ademe et du CEA, ainsi que de Total qui avait pour charge de distiller le biobrut pour en faire du biocarburant. Une étape qui n’a toutefois pas été réalisée en raison de bassins trop petits (160 mètres carrés). La prochaine phase (Vasco 3) devra donc se faire avec des bassins plus grands (plusieurs hectares). Michaël Parra assure que malgré l’ampleur de la tâche, « Vasco 3 devrait être écrit et finançable d’ici début 2020″. En attendant, le biobrut va notamment servir à la production de biogaz.
La technologie est attendue au tournant notamment par les habitants de Fos-sur-Mer qui vivent dans un environnement particulièrement pollué. L’Agence régionale de santé (ARS) a reconnu en 2018 que l’ozone généré sur les 10 000 hectares de la zone industrielle de Fos-sur-Mer était en mesure de fragiliser la santé des riverains. Place donc à une industrialisation bien utile qui, selon Magali Deveze, « cumule deux avantages : un bas coût, avec des installations rudimentaires, et un côté universel puisqu’il ne nécessite pas de traiter les fumées en amont ni de sélectionner les algues.
Laisser un commentaire