Macky Sall vient de recevoir le prix de l’ « Homme de l’année du secteur pétrolier africain » par Africa Oil & Power pour ses efforts de relance de l’économie sénégalaise. Une récompense plutôt méritée pour ce chef d’Etat qui préside le Sénégal depuis 7 ans, réélu à la tête du pays en février dernier. Portrait d’un homme stratège mais modeste, parvenu au sommet en quelques années à force de travail, incarnant la trajectoire qu’il ambitionne pour le Sénégal.
Dans ses discours et interviews, Macky Sall insiste beaucoup sur ses origines populaires et sa naissance, il y a 57 ans, d’un père manoeuvre dans la fonction publique et d’une mère vendeuse d’arachides. Ingénieur géologue de formation, il s’intéresse très tôt aux idées politiques, se nourrissant de pensée maoïste et de l’oeuvre de Gandhi, avant de se convertir au libéralisme et de rejoindre le PDS, la formation d’Abdoulaye Wade, l’homme fort du Sénégal au début des années 2000.
De l’ombre de Wade au sommet de l’Etat
En politique, il va connaître une ascension fulgurante. En dix ans, il occupe tous les postes : d’abord maire de Fatick, ville du centre du pays où il a grandi, puis directeur général de la société nationale pétrolière, plusieurs fois ministre, député, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale.
« Lorsque je suis entré en politique, confiait-il en 2017, je n’avais pas pour ambition d’être président de la République. Cette ambition, je l’ai eue lorsqu’on m’a imposé un combat à l’Assemblée nationale ». Le combat en question, c’est le bras de fer qui l’oppose à son propre camp après qu’il a osé demander des comptes au fils du président à propos de la gestion d’une mission confiée par l’Etat.
Il décide de défier son ancien mentor en fondant son propre parti afin de briguer la magistrature suprême. En 2012, il coalise les opposants à Wade et l’emporte au deuxième tour avec 65% des voix, devenant à 50 ans le quatrième président de la République du Sénégal.
Il incarne alors un profond désir de changement. Contrairement à la vieille garde sénégalaise, en grande partie composée d’héritiers et adoubée par les Français au moment de la décolonisation, il est vu comme un homme du peuple et un pur produit de la méritocratie. Il passe également pour un homme sérieux, voire austère, comme en témoigne son surnom de « Gnangal », le Sévère.
Une relance de l’économie « par la création d’un marché attractif du pétrole et du gaz »
Dès le début de son mandat, Sall lance une série de réformes visant à alléger le train de vie de l’Etat tout en menant des politiques redistributives à destination des retraités et des paysans. Il crée un programme de couverture de maladie universelle et des bourses de sécurité pour les familles les plus pauvres.
Président bâtisseur, il initie plusieurs chantiers d’infrastructures : un stade olympique flambant neuf, une ville nouvelle destinée à désengorger la capitale, un nouvel aéroport international. Son programme de grands travaux est condamné par l’opposition mais explique en grande partie les bons chiffres de la croissance, portée de 4% à 6,8 % à la fin de son mandat.
La défense de l’Etat de droit et la lutte anti-corruption font également partie de ses priorités. Plusieurs réformes institutionnelles et juridiques sont lancées pour éradiquer pratiques autocratiques et actes de corruption. En janvier 2019, Transparency International salue les résultats de son action en classant, le Sénégal dans les « pays qui progressent (…) en dépit de la piètre performance globale » de la région.
Mais lui-même n’est pas épargné par la suspicion. En juin 2019, un reportage de la BBC affirme que son frère aurait reçu des sommes d’argent en échange de contrats pétroliers. Désireux de montrer son impartialité, Sall saisit lui-même le procureur général de la Cour d’appel de Dakar pour qu’il ouvre une enquête, tout en dénonçant une tentative de déstabilisation menée par l’opposition. Ironie du sort, il reçoit aujourd’hui le prix de l’« Homme de l’année du secteur pétrolier africain » par Africa Oil & Power « pour ses efforts de relance de l’économie sénégalaise par la création d’un marché attractif du pétrole et du gaz».
En février dernier, il aura été réélu au premier tour avec 58 % des suffrages, au terme d’une élection jugée pacifique par les observateurs internationaux. Il place son second mandat sous les signe du progrès économique avec la poursuite de son ambitieux programme censé placer le Sénégal parmi les pays émergents à l’horizon 2035.
La résorption du taux de chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, reste aujourd’hui le principal défi à relever pour les années à venir.
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