Avec la transition énergétique en cours, de nouveaux mots apparaissent et sont parfois difficiles à comprendre pour le grand public. L’agrivoltaïsme en fait partie et s’il ne se rencontre pas encore énormément dans la presse et les conversations, il pourrait bien devenir, un jour, la norme dans le domaine de l’agriculture. L’agrivoltaïsme consiste à placer des panneaux solaires au-dessus des cultures afin de produire de l’électricité et surtout de protéger les cultures de conditions climatiques trop sévères. Deux objectifs importants poursuivis grâce à un même système, qui n’en est aujourd’hui qu’au stade de l’expérimentation.
L’agrivoltaïsme, comment ça marche ?
L’agriculture est l’«ensemble des travaux dont le sol fait l’objet en vue d’une production végétale». La définition du Larousse est large et bien éloignée du secteur de la production d’électricité grâce au soleil. Deux mondes finalement réunis grâce à l’agrivoltaïsme. Un concept plutôt simple qui allie la production agricole à celle de l’électricité, mais dont le mariage n’est pas forcément évident à première vue. Pour cela, les cultures (maraichères, viticoles, arboricoles, etc) sont équipées de panneaux solaires, souvent situés à plus de 4 mètres du sol, qui changent d’orientation en fonction des conditions climatiques.
La disposition de tels panneaux solaires revêt plusieurs avantages. Tout d’abord, ils protègent les productions agricoles d’un soleil trop intense. En période de fortes chaleurs, voire de sécheresse, l’ombre dont bénéficient les cultures permet de ralentir la montée en température des sols et la consommation d’eau nécessaire s’en trouve diminuée. Ainsi, ce sont environ 20 % d’eau que l’on peut économiser. Comme le souligne le chercheur de l’Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), Bruno Cheviron : «la préservation de la ressource en eau est intrinsèque au concept». L’intérêt existe également en période de froid puisque dirigés à l’horizontal, les panneaux solaires forment une couche – à l’image d’une serre – sous laquelle la température est supérieure d’environ 3°C. Certaines nuits de gel sont ainsi évitées et les récoltes meilleures, voire intégralement sauvées.
L’agrivoltaïsme : une vraie source d’énergie verte ?
Toutefois, l’agrivoltaïsme est-il une vraie source d’énergie ou un simple gadget plutôt bien pensé ? Ce que l’on constate pour l’instant, c’est que cette technique permet d’accroître les rendements agricoles. Cependant, comme à chaque fois que deux objectifs sont poursuivis, il est essentiel que l’un prime sur l’autre afin d’obtenir de très bons résultats pour au moins l’un d’entre eux. Dans le cas de l’agrivoltaïsme, c’est bien la production agricole qui a la priorité. La production d’électricité est secondaire, même si les surfaces appelées à bénéficier de ce système seront de plus en plus importantes. En définitive, elles pourraient donc produire des quantités non négligeables d’énergie verte. Toutefois, le fondateur de Sun’Agri, Antoine Nogier, précise : «Notre philosophie est la suivante : ni conflit d’usage s’agissant des terres, ni conflit d’intérêt s’agissant de la photosynthèse et du photovoltaïsme».
Sans surprise, en France, ce sont les régions les plus exposées au soleil où se concentrent les recherches. Le projet le plus ambitieux se trouve actuellement dans les Pyrénées-Orientales où une ferme agrivoltaïque a été inaugurée en novembre 2018 dans le domaine viticole de Nidolères, en présence du Député Sébastien Cazenove. Une ferme grande de 4,5 hectares et qui pourra produire suffisamment d’électricité pour répondre à la consommation de plus de 650 foyers, soit 2,2 mégawatt-crête (MWc). Un magnifique écrin à côté duquel une parcelle de 3 hectares sans panneaux solaires servira de zone témoin. Cette expérimentation à grande échelle est le fruit de la collaboration de la société Sun’R, de l’Institut National des Recherches Agronomiques (INRA) et de l’Irstea.
L’agrivoltaïsme encouragé par l’Etat
La participation d’instituts publics atteste de l’intérêt de l’Etat pour une technologie prometteuse, qui a l’avantage de ne pas préempter des terres pour l’une ou l’autre des deux activités conciliées par l’agrivoltaïsme. Dans son rapport de février 2018, l’Ademe avait d’ailleurs classé l’agrivoltaïsme parmi les opportunités pour les exploitations agricoles. L’Etat qui cherche à assurer un complément de revenu aux agriculteurs, a effectivement de nombreuses raisons de s’intéresser au concept… Ainsi, l’agriculture fait une nouvelle fois preuve de son fort potentiel d’innovation en faveur du développement des énergies renouvelables !
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