Confrontée à de graves problèmes de pollution de l’air, la Chine développe massivement l’écomobilité. En pointe sur l’innovation et le lithium, 16 millions de véhicules électriques pourraient être en circulation sur les routes chinoises en 2030… Ambitieuses, les autorités chinoises misent désormais également sur l’hydrogène pour décarboner le secteur des transports. Dans un rapport gouvernemental diffusé ce 22 avril 2019, on apprend que Pékin souhaite voir un million de véhicules à hydrogène sur les routes chinoises d’ici à 2030. Et lorsque les autorités suivent un objectif, les moyens sont généralement à la hauteur…
L’hydrogène, le futur des transports ?
En Chine, 28 millions de véhicules ont été commercialisés l’an dernier. Et si le véhicule électrique représente déjà 6% des ventes, le professeur d’économie à Paris 1, Dominique de Rambures, rappelle que « cette électricité, sort encore à 50 % de centrales thermiques fonctionnant au charbon« . Ainsi, les analystes de Fitch Solutions estiment que l’hydrogène « est la prochaine étape logique pour réduire les émissions (polluantes), en résolvant certaines difficultés des véhicules électriques ». Alors qu’une quinzaine de stations de recharge sont actuellement disponibles, le gouvernement souhaite à présent accélérer le déploiement de ces infrastructures.
Un récent plan gouvernemental intègre en effet l’hydrogène dans la stratégie chinoise pour l’écomobilité. Selon ce document, les autorités visent 5.000 véhicules à hydrogène sur les routes l’an prochain, 50.000 d’ici 2025 et un million en 2030. Au Japon, l’hydrogène est déjà une vraie solution pour le secteur du transport. Et pour Xavier Mosquet, du cabinet BCG, la pile à combustible hydrogène pourrait justement être « une solution intéressante » pour les poids lourds chinois. D’ailleurs, la directrice générale d’Hynamics, Christelle Rouillé, considère aussi que « les marchés de l’industrie et de la mobilité lourde [sont] deux pans de l’économie très émetteurs de CO2 » qui pourraient rapidement bénéficier du développement de cette nouvelle technologie.
L’hydrogène allie les qualités des carburants fossiles (temps de recharge, autonomie) et les qualités des véhicules électriques ou hybrides (aucune émission de CO2). Le marché est donc très intéressant, même si des questions de sécurité restent sensibles, au moment où les transports doivent entamer leur mue. Jusqu’à aujourd’hui, la solution hydrogène reste coûteuse, surtout en raison de la faible production de la pile à combustible. L’arrivée de géants chinois sur ce marché va probablement modifier la donne.
Des constructeurs chinois en pleine préparation
Et pour cause, les autorités chinoises vont certainement subventionner les constructeurs automobiles. L’objectif sera notamment de combler le retard sur les concurrents japonais Toyota, Honda, Hyundai. Les constructeurs comme SAIC et Great Wall Motors (GWM) sont déjà dans les starting-blocks. Selon le Vice-Président de GWM, Zhao Guoqing, il n’y a « aucune contradiction avec les voitures électriques! Les deux stratégies sont complémentaires: les poids lourds ne pourront pas fonctionner purement avec des batteries« . Alors que des bus hydrogène de SAIC sont déjà en circulation, la commercialisation du premier véhicule du groupe est prévue pour 2023. Et les industriels chinois, invités à développer l’hydrogène ne se font pas prier. En effet, une usine est déjà en construction dans la province du Guangdong, grâce à un investissement de 1,6 milliard d’euros.
Toutefois, dans un premier temps, l’hydrogène va surtout bénéficier aux transports en commun. Dès 2019, 30 000 bus équipés de cette technologie seront fabriqués chaque année. La Chine se place pour devenir un acteur incontournable de ce marché et avec pour conséquence positive, la baisse des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports. En France, le plan hydrogène impulsé par Nicolas Hulot avait initié un mouvement similaire…
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