En conflit depuis le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie, Kiev et Moscou continuent de se défier sur le plan économique. A trois jours du second tour de l’élection présidentielle ukrainienne, la Russie met la pression sur les autorités de Kiev. L’exportation de produits énergétiques vers l’Ukraine sera interdite à compter du 1er juin 2019. Le Premier ministre russe à l’origine de cette annonce justifie cet acte hostile par une politique économique agressive de la part de Kiev.
« Il y a quelques jours, le gouvernement ukrainien a franchi une nouvelle étape hostile envers notre pays en élargissant la liste des produits russes dont l’importation est interdite en Ukraine. Dans ces conditions, nous sommes obligés de nous défendre et de prendre des mesures de rétorsion », a déclaré ce 18 avril 2019 Dmitri Medvedev, le Premier ministre de la Fédération de Russie. Ce type de discours n’est pas une première dans le long conflit (notamment armé) que se livrent ces deux pays voisins et extrêmement proches sur le plan culturel.
La nouveauté de taille est que cette fois-ci, c’est l’énergie qui est directement visée. L’Ukraine est largement dépendante du gaz et du pétrole russe – notamment pour se chauffer. Des approvisionnements essentiels qu’il faudra faire ailleurs puisque le charbon, le pétrole, les produits pétroliers et le gaz naturel liquéfié ne pourront être exportés vers l’Ukraine que sur autorisation spéciale. Les autorités russes font savoir que cette décision est une réponse à l’embargo décrété le 10 avril par l’Ukraine sur certains produits russes comme les pièces détachées de voitures, les produits chimiques ou encore les équipements électriques.
Ces mesures s’inscrivent dans le contexte des élections présidentielles en Ukraine. Le président ukrainien Porochenko souhaite montrer aux électeurs qu’il est ferme vis-à-vis de la Russie. De son côté, le Kremlin menace un pays qui se trouve en situation de dépendance, notamment sur le plan énergétique. Aussi, l’interdiction d’exporter plusieurs sources d’énergie (charbon, pétrole…) vers l’Ukraine fait déjà craindre une guerre du gaz comme à la fin des années 2000. A chaque fois, les deux pays se renvoyaient la faute du déclenchement du conflit et à chaque fois les Ukrainiens ont dû passer un rude hiver sans gaz venu de l’Est pour se chauffer.
Les conflits gaziers entre la Russie et l’Ukraine dépassent ces deux pays puisque bon nombre d’Etats membres de l’Union européenne profitent du gaz russe qui transite par l’Ukraine. Un conflit autour de cette ressource est de nature à faire ressurgir le spectre d’un conflit armé qui n’est qu’en sommeil. Il reste plusieurs mois pour arriver à une entente entre les deux pays avant que les températures chutent. Le résultat de l’élection présidentielle ukrainienne du 21 avril 2019 aura certainement une influence déterminante sur la suite du conflit.