C’est la fin d’un long parcours pour l’usine Creusot Forge de Framatome (ex-Areva NP). Lorsqu’en 2015, un audit, entrepris par ex-Areva NP, met en évidence des écarts qualité, des modifications ou des omissions dans les dossiers de fabrication de composants confectionnés par le passé, certains prédisent un coup d’arrêt difficile à surmonter pour le nucléaire en France. Une longue enquête est alors menée et a retracé la fabrication de milliers de pièces.
Fin 2018, les revues techniques sont finalisées pour l’ensemble des dossiers de fabrication du parc en exploitation. Dans le cadre de cet examen de 100 % des dossiers des équipements fabriqués à Creusot Forge pour le parc en exploitation, aucun écart important – autre que celui initialement détecté sur la virole basse du générateur de vapeur du réacteur de Fessenheim 2 et aujourd’hui soldé – n’a été détecté. Après plusieurs mois de vérifications, tous les réacteurs ont ainsi reçu un feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire, pour redémarrer, après un arrêt programmé pour maintenance.
Un long processus de vérification
Les vérifications ont concerné des milliers de pièces et plusieurs acteurs de la filière nucléaire. Sur les 10 000 pièces sorties de l’usine de Creusot Forge, près de 60 % étaient destinées à l’industrie nucléaire. Parmi elles, environ 2 000 avaient été assemblées pour EDF. Les résultats ont conduit EDF et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), à engager leurs propres vérifications en 2016 pour toutes les pièces issues de l’usine du Creusot et installées sur le parc nucléaire en exploitation, recouvrant les dossiers dit «barrés» et les autres dossiers, alors appelés dossiers «non barrés».
Un « plateau » de travail pouvant accueillir 150 personnes dont la tâche a été la revue des dossiers de l’usine de Creusot Forge a été mis en place. Un travail de précision, car chaque dossier de fabrication de pièce, constitué de plusieurs centaines de pages, a été inspecté (procès-verbaux mécaniques, chimiques, courbes de traitement, etc.). Toutes les étapes du processus de fabrication ont été notées afin de déterminer si les pièces étaient conformes aux exigences techniques et légales.
A l’issue de cette analyse, les constats ont été classés en trois groupes : « sans écart » c’est-à-dire conforme, « non-conformité » et « anomalie ». La majeure partie des pièces a été jugée conforme. D’autres ont été considérées « non conformes », mais ont été validées, car n’entraînant aucune conséquence sur leur fonctionnement et sur la sûreté des installations. Dans le cas contraire, il s’agit d’une anomalie qui nécessite une mise en conformité en accord avec le client (EDF par exemple) et validée par l’Autorité de sûreté nucléaire.
EDF et l’ASN à la surveillance
Framatome a achevé un travail de grande envergure. La méthodologie utilisée a été contrôlée point par point par EDF à l’image de chacun des dossiers concernant l’énergéticien. Les fiches de « non-conformité » et les « anomalies » détectées ont fait l’objet d’un avis technique de la part des ingénieurs d’EDF et tous les éléments ont été communiqués à l’ASN afin qu’elle statue sur le redémarrage de chacun des 58 réacteurs, après un arrêt programmé pour maintenance.
Un bilan établi en toute transparence dans lequel les analyses et les résultats ont été mis à la disposition de tous les acteurs concernés sans la moindre retenue d’information. Un travail de clarté nécessaire afin de lever les doutes nés des découvertes de 2015. L’examen est finalement réussi pour les équipes de Framatome et d’EDF puisque tous les réacteurs ont reçu un feu vert de l’ASN, le 28 mars 2019.
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