Le 23 mars 2019 est une date symbolique pour l’énergie française. A cette date, la France franchit le cap du « Grey Day » : le jour où la production annuelle d’énergies renouvelables est épuisée. Au contraire d’être un signe pessimiste d’épuisement des ressources, le Grey Day 2019 souligne la progression des ENR en France. En un an, le pays a gagné 15 jours d’autonomie énergétique en plus.
Le Grey Day : un concept ludique pour comprendre la transition énergétique
Le Grey Day s’inspire du célèbre Jour du dépassement, date à laquelle l’humanité a dépensé l’ensemble des ressources planétaires produites en un an. Le même calcul peut être effectué sur la production d’ENR. En l’occurrence le Grey Day marque la date à laquelle la production annuelle d’énergie renouvelable est épuisée dans un pays.
Le fournisseur d’énergie verte Ilek a utilisé les chiffres du bilan énergétique de 2018, publiés par RTE, pour calculer le Grey Day 2019 de la France. Cette année, il est intervenu le 23 mars, à midi. A cet instant, la consommation électrique a dépassé la capacité de production des ENR pour une année entière.
Ce calcul indique que la France dispose de 82 jours d’autonomie énergétique grâce aux renouvelables. Cela équivaut à 22,7% de sa consommation annuelle d’énergie. Ilek observe : « Si tous les français consommaient une énergie 100% renouvelable depuis le début d’année, ce samedi représenterait alors le jour où nous aurions épuisé nos stocks. »
Qu’y a-t-il dans les « énergies grises » ?
Les énergies dites « grises » désignent les énergies conventionnelles, par opposition aux énergies vertes. On y retrouve bien sûr les énergies fossiles, tels que le pétrole, le charbon et le gaz. Du fait de la transition énergétique, leur part est appelée à baisser encore en France dans les prochaines années. L’année 2022 sera une année décisive pour les énergies grises en France.
Mais les énergies grises englobent aussi le nucléaire. Bien que la filière de l’atome produise une électricité décarbonée, elle a beaucoup de mal à s’imposer dans le camp des énergies vertes. Pourtant, les travaux du GIEC indiquent que la progression du nucléaire peut contribuer à décarboner le mix électrique.
Le Grey Day, étalon mètre des ENR
La date du Grey Day est un marqueur simple pour mesurer les avancées des pays en matière de transition énergétique. Avec une journée de bascule prévue le 23 mars, la France enregistre une progression de 15 jours par rapport à l’année passée ; en 2018, il était intervenu le 8 mars. C’est l’occasion de matérialiser simplement la bonne progression des ENR dans l’Hexagone.
A l’inverse, pour certains pays, la date du Grey Day peut démontrer une situation d’échec. En Belgique par exemple, le Grey Day 2019 a eu lieu le 4 février dernier. Cela signifie que le pays ne peut compter en 2019 que sur 33 jours de réserve en énergies renouvelables. La Belgique peine à verdir son mix énergétique, et la part d’ENR dans son mix national n’a progressé que de 0,4% en un an. A ce rythme, pour atteindre 365 jours d’énergie verte, le pays devra attendre l’horizon 2246. La relance des centrales à gaz ne devrait pas aider à améliorer la situation.
Rendez-vous le 26 avril 2030
De son côté, la France enregistre une progression constante dans le domaine des énergies vertes. En 2009, la production d’énergie verte en France ne couvrait que 14,2% des besoins du pays. Cette année-là, le Grey Day se situait donc au 20 février. En l’espace d’une décennie, la France a décalé son Grey Day d’un mois. Et le décalage de calendrier devrait continuer.
Les ambitions défendues par le gouvernement français doivent porter la part des énergies vertes à 32% de la consommation nationale à l’horizon 2030. Si la France suit sa feuille de route, alors Ilek estime que le Grey Day aura lieu le 26 avril 2030. Nous aurons donc gagné deux mois en l’espace de vingt ans !
Laisser un commentaire