L’éolien en mer estime être l’un des parents pauvres de la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie. Les acteurs du secteur veulent pousser les pouvoirs publics à être plus ambitieux. Ainsi, l’appel d’offres pour le projet de parc au large de Dunkerque constitue un moment important pour l’avenir de l’éolien marin en France. Ce vendredi 15 mars 2019, six consortiums ont déposé leur dossier. Les plus grandes entreprises européennes de la filière figurent parmi les prétendants, qui devront attendre au moins deux mois pour être fixées sur leur sort.
Éolien en mer : une compétition qui aiguise les appétits
EDF, Total, Engie, WPD, Vanttenfall, tous ces grands noms de l’énergie et bien d’autres ont fait part de leur ambition à développer un parc éolien à dix kilomètres des côtes dunkerquoises. Un parc qui disposera d’une puissance de 500 mégawatts, soit l’équivalent d’un demi-réacteur nucléaire. L’enjeu est grand et cela explique la présence d’au moins six consortiums composés de géants de l’énergie. EDF Renouvelables s’est allié au canadien Enbridge et à l’allemand Innogy. De son côté, Engie continue son association avec le portugais EDPR, malgré de possibles changements de gouvernance. En effet, d’après le journal Le Monde, l’énergéticien portugais pourrait prochainement passer sous pavillon chinois. Par ailleurs, le canadien Boralex va également faire une proposition, avec l’aide des néerlandais Eneco et Van Oord et de DGE (Mitsubishi Corporation).
La Caisse des dépôts est aussi dans la course, en partenariat avec l’allemand WPD et du suédois Vattenfall. Même les pétroliers Total et Shell se lancent dans l’aventure accompagnés du belge Elicio et du danois Orsted pour le premier et du belge Deme et du français Quadran Energies Marines pour le second. Les projets ont été soumis à la Commission de régulation de l’énergie (CRE) qui dispose maintenant deux mois pour les étudier. Ensuite, la CRE communiquera le nom du consortium vainqueur au gouvernement, qui fera l’annonce officielle. Le ministre de la Transition écologique et solidaire pourrait révéler son choix dès le mois de juin, à l’occasion des Assises des énergies marines renouvelables. Le consortium vainqueur devrait l’emporter sur le critère du prix. En janvier, François de Rugy expliquait : « Nous espérons que l’appel d’offres éolien offshore de Dunkerque sera le premier à produire de l’électricité au prix du marché, sans subvention ».
Un appel d’offres déterminant pour l’avenir de la filière ?
Le prix sera donc le juge de paix et les pouvoirs publics l’anticipent aux alentours de 60 euros le mégawattheure. Cela est beaucoup moins élevé que les contrats signés à compter de 2011. Depuis 2012, aucun appel d’offres dans l’éolien offshore n’a été lancé. Pire, aucun des appels d’offres dont les lauréats ont été désignés ne sont encore en activité. Les premiers devraient fonctionner à l’horizon 2021-2022, soit deux ans après le projet dunkerquois (2024), si le calendrier est respecté. Cette faiblesse de l’éolien marin s’explique notamment par des recours juridiques qui ne cessent de retarder le début des installations.
La filière souffre d’un manque de visibilité et même si des changements notables ont été introduits récemment pour améliorer la situation (permis enveloppe, etc.), les pouvoirs publics ont encore des doutes. Les acteurs de la filière entendent les lever et espèrent que l’objectif de 5,2 gigawatts d’éolien en mer supplémentaires à l’horizon 2028 sera revu à la hausse à hauteur. En sélectionnant le meilleur consortium, le gouvernement pourrait donc aider in fine la filière à se développer plus rapidement en montrant que la France peut profiter pleinement de sa façade maritime. Une démonstration qui devra notamment convaincre la « Commission d’enquête sur l’impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique« , qui se réunira le 19 mars 2019 à l’Assemblée Nationale. En effet, son président Julien Aubert se demande s’il faut « continuer à subventionner quelque chose qui ne contribue pas significativement à nos emplois, notre objectif de diminution de CO2 et nos importations« …
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