Le 29 janvier 2019, l’Union Européenne a approuvé l’importation de soja américain. Ce-dernier servira à la production de biocarburants destinés au marché européen. La décision pourrait donner un coup d’accélérateur à la filière des biocarburants. Mais elle inquiète aussi les agriculteurs européens. En France, les agriculteurs souhaiteraient que le colza produit localement soit privilégié pour soutenir le développement des biocarburants.
En juillet 2018, l’Union Européenne s’était engagée auprès des Etats-Unis à importer plus de soja. Cette promesse est désormais tenue. Le 29 janvier 2019, la Commission a en effet donné son feu vert à l’importation de soja américain dans le but de produire du biocarburant. Cet accord d’importation entre en vigueur dès cette année. Les importations dureront jusqu’en juillet 2021, date d’entrée en application de la directive RED2.
Avant l’accord, les importations de soja américain ont déjà connu une augmentation drastique. D’après les chiffres publiés par l’UE en janvier 2019, elles ont grimpé de 112% rien qu’entre juillet et décembre 2018. Si cet accord commercial permet aux Etats-Unis d’écouler une partie de leur production de soja, il s’agit aussi d’un moyen pour l’UE de soutenir la filière des biocarburants. L’espace dévolu à l’agriculture en Europe n’est pas de taille à produire assez pour approvisionner la filière.
Le colza français contre le soja américain
La décision de l’UE d’importer du soja américain fait grincer des dents en Europe. Pour les agriculteurs européens, il s’agit d’un désaveu de la part de Bruxelles. Car plusieurs pays ont déjà investi dans les cultures à destination des biocarburants. C’est notamment le cas en France qui est, avec l’Allemagne, d’un des deux principaux producteurs de colza en Europe. La production de colza a été multipliée par quatre en France, en l’espace de vingt ans. En 2015, elle se chiffrait à 5,272 millions de tonnes.
Cette production domestique de colza se retrouve largement dans les biocarburants consommés dans l’hexagone. En 2017, la France a ainsi consommé près de 3 millions de tonnes équivalent pétrole de biodiesel, pour les transports. 84,6% de ce biodiesel était produit à base de colza (dont 50,2% était cultivé en France). Le reste était principalement produit à base d’huile de palme (10,2%). Le soja ne représentait que 4% de cette production de biodiesel. La production de biocarburants représente d’ailleurs l’un des principaux débouchés de la culture de colza en France.
Mais ce débouché est aujourd’hui menacé, et la décision de l’Union Européenne intervient dans un contexte défavorable au colza français. Depuis le début des années 2010, le colza souffre déjà de la concurrence avec l’huile de palme. La part de colza dans les biocarburants mondiaux a baissé : elle était de 63% en 2010, et elle se situe désormais à 52%. Cette tendance s’explique facilement : le prix de l’huile de palme est inférieur d’environ 17% par rapport à celui du colza.
2019 : l’année des biocarburants
2019 sera-t-elle l’année des biocarburants en France ? La tendance est en tout cas favorable. Les ventes de superéthanol-E85 ont connu une progression spectaculaire de 55% entre 2017 et 2018. Ce succès repose largement sur l’attractivité du prix, deux fois moins élevé que l’essence ordinaire. Le nombre de véhicules équipés de boîtiers pour rouler aux biocarburants est aussi en plein boom. Depuis janvier 2019, la France a franchi la barre des 70 000 voitures équipées.
Dans le sillage de ce succès, les autres biocarburants pourraient bien, eux aussi, connaître une forte croissance en 2019. Les transports européens devraient contribuer à cette croissance du marché des biocarburants. L’aviation, par exemple, investit dans les carburants durables. Six filières de production de biocarburants ont déjà été certifiées par l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne, l’Eurocontrol et l’Agence Européenne pour l’environnement. D’autres devraient être certifiées dans le courant d’année 2019.
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