Ecotaxe et camions électriques : le transport routier cherche sa voie

Ecotaxe et camions électriques : le transport routier européen cherche les clés de sa transition énergétique

Tesla commercialise ses camions électriques en Europe

Alors qu’en France le nouveau ministre de la transition écologique, François de Rugy, envisage de revenir à une taxe pour les poids lourds, l’Union Européenne cherche elle aussi à verdir le secteur du transport routier. Car si le secteur est l’un des principaux contributeurs en matière d’émissions de CO2, il est aussi l’un des rares à n’avoir pas encore amorcé de véritable transition énergétique. Camions électriques et camions hybrides peinent à trouver leur place sur les routes d’Europe. L’impulsion pourrait venir du secteur privé : tandis que les géants de la grande distribution s’engagent en faveur de l’environnement, les fabricants de camions commencent à proposer des alternatives pour un transport moins polluant.

Ecotaxe : huit ans de réflexion

En décembre 2017, l’Assemblée Nationale votait l’abandon définitif de l’écotaxe, cette taxe mise en place sous la présidence de François Hollande et qui visait à taxer les poids lourds. La fin d’une aventure de huit ans autour d’un projet qui a connu de nombreuses péripéties. Mais moins d’un an après, l’écotaxe revient sur le devant de la scène : François de Rugy, le nouveau ministre de la transition écologique, envisage de lancer dès 2019 une nouvelle vignette à destination des poids lourds qui circulent en France. Il l’a annoncé en septembre 2018, avec un objectif clairement affiché : améliorer la gestion de la fiscalité écologique dans le transport routier.

La France n’est pas le seul pays d’Europe à vouloir trouver une solution au problème des poids lourds. A l’échelle européenne, le transport routier de marchandises pèse à lui seul pour 22% dans les émissions de CO2. Le 17 mai 2018, c’est la Commission européenne qui est revenue sur le sujet en proposant de fixer une limite d’émissions de CO2 pour le transport de marchandises par poids lourds. La Commission s’est exprimée en faveur d’une diminution des émissions de CO2 de 15% d’ici 2025, puis de 30% pour l’horizon 2030. Cette mesure proposée par la Commission a été accueillie avec frilosité par l’organisation des transporteurs routiers européens. Du côté du secteur privé, trente multinationales basées en Europe, telles que Carrefour et Ikea, ont critiqué la mesure en la jugeant trop peu ambitieuse. D’après ces professionnels de la grande distribution, l’Union Européenne devrait s’engager en faveur d’une réduction des émissions de CO2 de 24% d’ici 2025.

Le transport routier tente de se mettre au vert avec des camions électriques

Pour palier le problème des émissions de gaz à effet de serre, le secteur du transport routier européen amorce une nouvelle stratégie et s’intéresse désormais aux véhicules électriques. En août 2018, le transporteur hongrois Waberer’s a annoncé réfléchir au déploiement d’une flotte de poids lourds électriques. Il envisage de déployer plusieurs modèles de camions Tesla en Europe dès 2019 pour initier une phase de test avant d’envisager d’adopter cette solution électrique à grande échelle.

Tesla est d’ailleurs bien parti pour s’implanter sur le marché émergeant des e-trucks (camions électriques) européens. En janvier 2018, Tesla a commencé à prendre des commandes pour déployer son camion électrique Semi en Europe. Et l’entreprise américaine compte déjà plusieurs clients. Parmi eux, la poste norvégienne, Posten Norge, a passé une commande pour un nombre inconnu de camions électriques. Elle s’est déjà engagée à n’avoir que des camions électriques d’ici 2025. Autre entreprise norvégienne intéressée par le Semi de Tesla : Asko, un spécialiste de la grande distribution, qui a déjà commandé dix exemplaires. Si pour l’instant les entreprises européennes restent frileuses devant l’investissement dans les e-trucks, le marché américain connaît pour sa part un véritable boom. Le spécialiste de la livraison UPS a déjà commandé 125 camions Tesla. Et Pepsi, le fabricant de sodas, avait été la première entreprise à passer commande, dès décembre 2017, de 100 Semis.

Le 6 septembre 2018, la Fondation européenne pour le climat a publié son rapport sur les avantages environnementaux et économiques de la décarbonation des poids-lourds en Europe. D’après ce dernier, outre la réduction des émissions de CO2, le passage à des camions électriques permettrait au transport routier de réduire ses coûts de fonctionnement, notamment en matière de carburants et d’entretien. Même avec un surcoût estimé à 1 800 euros pour l’achat d’un camion électrique, un transporteur peut espérer économiser 25 000 euros sur cinq ans sur ses frais de fonctionnement. Un argument qui devrait plaider en faveur du développement des e-trucks.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • L’approche des transports est multiple selon les usages et les différents paramètres chaque fois spécifiques à prendre en compte.

    Mais globalement pour les “transports lourds et kilométrages élevés”, les camions ou bus à pile à combustible avec hydrogène produit par les renouvelables sont amenés à prendre un certain avantage comme c’est le cas des trains à hydrogène (ou les ferries et à terme avions etc) moins coûteux que ceux électriques à caténaires car :

    – moins de poids que les batteries (le poids – et volume – est contre productif et on atteint des limites)
    – meilleures performances dans les zones montagneuses ou conditions difficiles similaires
    – généralement moins de volume pour les piles à combustible + stockage H2 donc plus de place
    – impact différé de la consommation sur le réseau comparé à la charge électrique (la production hydrogène se fait aux meilleurs moments comparée à la charge électrique)
    – temps de charge plus rapide
    – autonomie plus importante
    – moins d’aspect de recyclage ou de matériaux rares
    – Les batteries ont un meilleur rendement mais l’électrolyse est à plus de 95% (sauf pour les petites unités délocalisées où l’on est à 82%) et la pile à combustible autour de 65%. Par contre les batteries ont des pertes de charges qui au total sont importantes pour une flotte et réduisent le bilan énergétique en plus des pertes liées au poids.

    Il existe désormais de nombreux constructeurs de camions et bus à pile à combustible (Toyota, Nikola avec Bosch, Hyundai, HVSystem, Daimler, Tata, Skoda, Scania, Byd etc)

    Reste le différentiel de coûts mais cà tient désormais plus à une organisation de constructeurs, de volumes de commandes et prix de l’hydrogène. Mais il y a cependant moins de frais comparé à un remplacement de batteries.

    Dans tous les cas l’addition de solaire sur tous les camions peut faire économiser jusqu’à 28% d’énergie, en particulier pour les camions frigorifiques, comme le fait entre autres eNow :

    https://enowenergy.com/

    L’intégration solaire sur les camions, autres transports et plus largement véhicules légers adaptés est désormais pleinement justifiée et commence à se développer un peu partout.

    Il n’y a pas lieu d’oublier de passer par les transports fluviaux qui en électro-solaire a le meilleur bilan et par train électrique ou à hydrogène quand c’est adapté et malheureusement pas encore assez souvent en pratique entraînant des surcharges sur les réseaux routiers et leurs impacts comme accidents, retards, frais d’entretien etc

    Bref il y a le choix mais chacun étant mieux adapté selon tels ou tels usages.

    Vus les 56 milliards par an d’importations d’énergies fossiles au total en France dont transports/mobilité (450 milliards par an en Europe) + les énormes coûts de pollution et d’émissions çà vaut largement la peine d’aider ces secteurs à s’adapter plus rapidement tout en taxant plus encore progressivement les énergies fossiles pour financer ces aides et soutiens car depuis plus de 25 ans ces secteurs sont toujours très importateurs et dépendants d’énergies fossiles et très sensibles à la moindre hausse du pétrole alors que l’électricité comme l’hydrogène produits sur place sont en conséquence plus stables.

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  • Pour mémoire Symbio en France produit des kits de piles à combustible pour faire passer des poids lourds, bus etc à l’hydrogène qui lui même peut être produit dans des unités locales au rendement de 82% (Thyssenkrupp, Atawey etc)

    https://www.symbio.one/

    .

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  • Deux chiffres présents dans cet article semblent aberrants :
    – le transport routier doit être responsable de 22% des émissions de CO2 de l’UE, mais le transport routier de marchandises ne doit être responsable que d’une fraction de ces émissions
    – le surcout à l’achat d’un poids-lourd électrique doit certainement être plus proche des 18000€ que des 1800€…

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  • Comment accélérer la diffusion des véhicules électriques :

    Uze Mobility (Allemagne) loue gratuitement des camionnettes électriques aux clients en échange de publicité pour les “panneaux d’affichage mobiles”.

    De plus, les panneaux de la camionnette sont essentiellement des écrans donc les publicités peuvent être adaptées à n’importe quelle zone traversée.

    Un concept encore plus intéressant pour rentabiliser cette approche est de vendre les données recueillies par les fourgonnettes électriques dans leur environnement.

    La société indique que les autorités locales ont déjà exprimé leur intérêt pour des informations telles que l’état des routes, les embouteillages réguliers etc

    Uze Mobility commencera son premier essai en décembre prochain en Rhénanie. Les clients pourront alors réserver l’une des 50 camionnettes électriques StreetScooter via une application et ce gratuitement. La technologie est basée sur la blockchain.

    Alexander Jablovski, fondateur de Uze Mobility, précise : “Notre vision est une ville verte sans émissions d’ici 2025 en créant un équilibre parfait entre la logistique, le commerce de détail, la vie urbaine et la santé. Pour ce faire, nous transformons l’e-mobilité en une mobilité à la demande gratuite, combinée à des analyses de rentabilisation basées sur des données.”

    https://www.electrive.com/2018/10/14/electric-van-sharing-free-of-charge-coming-to-germany/

    .

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