Le soleil, le vent, les courants fluviaux ou marins… Les énergies renouvelables ont pour point commun de provenir de sources naturelles. Mais force est de constater que toutes les sources naturelles d’énergie ne sont pas encore exploitées. Il suffit de lever les yeux au ciel un jour de pluie torrentielle pour se rendre compte de ce potentiel énergétique. Dès lors, pourquoi ne pas tenter de produire de l’électricité grâce à la pluie ?
Comment cela fonctionne ?
Une jeune élève de troisième d’Azerbaïdjan a donné raison à son père qui se demandait « pourquoi on ne pourrait pas produire de l’électricité à partir de la pluie si on peut en produire grâce au vent ». Aidée par ses professeurs de physique et par une camarade de classe, Reyhan Jamalova a mis au point un prototype de 9 mètres de haut qui permet de produire une petite quantité d’électricité grâce à l’eau de pluie.
Ce dispositif nommé « Rainergy » se compose de quatre parties : le collecteur qui permet de capter l’eau de pluie lors d’une averse, le réservoir qui permet de la stocker, le générateur qui permet de produire l’électricité à partir de l’eau de pluie qui s’écoule à grande vitesse, et une batterie afin de pouvoir délivrer de l’électricité par temps sec et ainsi palier à l’intermittence des épisodes pluvieux.
Reyhan Jamalova vante l’efficacité de « Rainergy » en rappelant que les modèles piézoélectriques, qui permettent de produire de l’électricité grâce à la pression des gouttes de pluie sur un revêtement qui transforment les vibrations en électricité, ont une puissance limitée à 25 microwatts (pour l’anecdote, un tel système permet par exemple d’alimenter un parapluie luminescent). De surcroît son invention présente un bon bilan environnemental, avec 10 grammes par kWh de CO2 en tenant compte de la fabrication du dispositif.
Cet appareil facile à concevoir peut permettre d’éclairer 22 ampoules LED pendant 50 secondes à partir de 7 litres d’eau de pluie. Pas de malentendu donc, l’eau de pluie n’a pas vocation à remplacer une centrale nucléaire ou un barrage hydroélectrique. En revanche le déploiement de l’invention mise au point par la jeune Azérie pourrait s’avérer pertinente pour contribuer à l’alimentation électrique de localités isolées dont le réseau électrique est défaillant.
Quelles perspectives de valorisation pour l’eau de pluie ?
L’Azerbaïdjan n’est pas un pays particulièrement pluvieux. Et si le gouvernement de ce pays du Caucase a choisi de prendre en charge le coût de fabrication de « Rainergy » à hauteur de 17.000 euros, c’est sous d’autres cieux qu’il devrait se montrer le plus utile.
S’il n’est pas totalement absurde de penser qu’un tel système pourrait un jour équiper les foyers français, la priorité est de le développer dans des pays à la fois très pluvieux et en voie de développement. Cette invention pourrait par exemple y permettre d’éclairer les rues de quartiers ou de villages.
Ce n’est donc pas par hasard si des investisseurs indiens se sont d’ores et déjà montrés intéressés par « Rainergy ». L’Inde, au même titre que des pays comme les Philippines, la Malaisie ou l’Indonésie verrait d’un bon oeil la popularisation d’un tel dispositif. En effet, ces pays de moussons font face à une demande croissante d’électricité alors que la vétusté de leur réseau et de leur parc électrique ne permet pas de répondre aux besoins de l’ensemble de leur population.
Reyhan Jamalova a pour ambition de créer une entreprise dédiée au développement de « Rainergy ». Son invention lui a d’ailleurs valu de figurer dans le classement Forbes des 30 personnalités de moins de 30 ans en Asie. S’il faut la féliciter pour la conception de son appareil, Reyhan n’est en réalité pas la première tête bien faite à avoir imaginé de produire de l’électricité grâce à la pluie. En 2014, des étudiants mexicains ont lancé le programme « Rain Wild » visant à récupérer l’eau de pluie accumulée sur les toits et la drainer jusqu’à des micro-turbines. Les étudiants mexicains n’ont depuis pas communiqué au sujet des avancées de leur programme, preuve des difficultés de mobiliser des investisseurs autour de projets de micro-production d’électricité.
Laisser un commentaire