L’île de la Martinique est actuellement en pleine réflexion pour définir son futur modèle énergétique. Une réflexion qui a pris la forme d’une consultation populaire jusqu’au 6 juillet 2018, et qui doit déboucher sur une toute nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Car la Martinique doit faire face à des problématiques énergétiques particulièrement complexes : son réseau électrique est isolé, l’île est dépendante de ses importations d’hydrocarbures, et sa consommation énergétique doit encore augmenter dans les années à venir.
Stratégie énergétique : la Martinique consulte ses habitants
Jusqu’à ce soir (6 juillet 2018), les habitants de la Martinique sont appelés à participer à une grande consultation sur l’énergie. Lancée par la Collectivité Territoriale de Martinique conjointement avec le gouvernement, elle a lieu sur internet et permet à tous les martiniquais de donner leur avis sur la future stratégie énergétique de leur île. Cette enquête vise à évaluer les besoins de la population et à récolter un maximum de données pour ensuite élaborer la PPE de la Martinique pour la période 2018-2023. Elle définira notamment les futurs développements du réseau électrique de l’île et les investissements pour de nouvelles infrastructures de production. Les habitants sont appelés à se prononcer sur plusieurs grands dossiers : la fiabilité du réseau électrique, la maîtrise de la consommation énergétique, mais aussi sur les transports.
D’un réseau énergétique isolé…
Comme tous les territoires d’outre-mer, le modèle énergétique de la Martinique souffre de sa géographie. Coupé de tout lien avec d’autres réseaux électriques, le territoire ne peut compter que sur lui-même pour couvrir ses besoins. Là où les régions de la métropole disposent de réseaux électriques reliés entre eux, à même d’équilibrer la consommation électrique, la Martinique a beaucoup plus de mal à faire face à ses pics de consommation, ce qui se traduit le plus souvent par des pannes sur le réseau.
La Martinique doit aussi composer avec une électricité carbonée, produite par deux centrales électriques alimentées au diesel ; au total, 97% de toute l’énergie produite sur le territoire est issue des énergies fossiles. En 2015, pour couvrir ses besoins, l’île a été contrainte d’importer 93% de ses ressources énergétiques. Une situation d’isolement énergétique qui devrait s’aggraver à l’avenir. D’après les estimations d’EDF, les besoins d’électricité vont encore augmenter en Martinique de 11% d’ici 2033.
… à un réseau énergétique autonome
Pour contrecarrer cette tendance, la Martinique a décidé d’investir dans la transition énergétique. Et pour ne plus être tributaire des importations d’hydrocarbures, l’île compte notamment sur l’essor des énergies renouvelables qui permettront de disposer d’une électricité locale, bas carbone et meilleur marché. L’objectif est déjà fixé : l’île compte atteindre 56% d’énergies vertes dans son mix électrique à l’horizon 2023. A plus long terme, la Martinique ambitionne l’autonomie énergétique pour 2030.
Pour y parvenir, EDF Martinique a déjà identifié plusieurs leviers parmi les différentes filières des énergies renouvelables. Pour le photovoltaïque, EDF souhaite passer de 60 MW aujourd’hui à 150 MW d’ici 2030, en privilégiant surtout les installations sur la toiture des bâtiments puisque les terres agricoles sont réservées à la filière alimentaire. L’éolien devrait aussi monter en puissance dans les prochaines années grâce à plusieurs projets, à commencer par celui de Grand Rivière, qui prévoit l’installation de sept éoliennes et de batteries de stockage, et qui sera inauguré d’ici la fin d’année. EDF souhaite aussi accélérer le développement de la géothermie, dont l’objectif de production actuel pour 2023 est fixé à 40 MW.
Pour EDF, l’objectif est double. L’énergéticien compte non seulement s’engager en faveur du développement des énergies renouvelables, mais il souhaite aussi mettre en place une meilleure maîtrise de la consommation d’énergie sur l’ensemble du territoire. Pour cela, EDF compte déployer les chauffe-eaux solaires, investir dans l’isolation, et surtout mettre en place un nouveau modèle de gestion de son réseau électrique. Selon Michel Durand, le directeur d’EDF-Martinique : « L’enjeu pour le client, c’est la réduction de la facture d’électricité. Pour EDF, c’est d’être capable d’acheter l’énergie de plusieurs producteurs et de la distribuer correctement. »
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