Transition énergétique oblige, la production de biogaz fait désormais l’objet d’une véritable course énergétique. Vu comme une opportunité de fabriquer de l’énergie verte à l’échelle locale, en valorisant des filières de distribution courtes, le biogaz intéresse tout particulièrement Engie qui investit dans le développement de plusieurs solutions. Depuis 2017, Engie s’intéresse à la méthanation, une méthode qui permet de produire du biométhane à échelle industrielle. Il y a plusieurs mois, l’entreprise a inauguré Gaya, sa première plateforme de production dans le Rhône.
La course au biogaz
Depuis la COP21 qui s’est tenue à Paris, les objectifs de la France en matière de transition écologique sont précis. L’objectif principal fixé par le gouvernement est de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de 40% dans l’hexagone à l’horizon 2030. Pour y parvenir, la France doit revoir son mix énergétique national, et notamment faire l’effort d’injecter au moins 10% de biogaz dans sa consommation de gaz. Une résolution qui a signé le top départ du développement de la filière biogaz sur le territoire français. D’après le Ministère de la Transition écologique et solidaire : « Les injections de biométhane dans les réseaux de gaz naturel sont en constante progression. Elles ont été multipliées par 2,5 au premier semestre 2016 par rapport au premier semestre 2015. »
Cette bonne santé de la filière biogaz en France s’observe notamment dans le nombre d’unités de méthanisation présentes sur l’ensemble du territoire : 463 installations recensées en juin 2016, ce qui équivaut à une puissance installée de 379 MW. Mais sur l’ensemble de ces unités de production de biogaz, seulement 26 produisent du biométhane. L’essentiel du biogaz produit est valorisé pour la production d’électricité ou l’alimentation de réseaux de chaleur, à la différence du biométhane qui peut être injecté dans le réseau gazier. Il y a donc une vraie nécessité à produire plus de biométhane pour tenir les objectifs de la COP21 et injecter davantage de gaz vert dans le réseau français. Une faiblesse dont les énergéticiens sont bien conscients puisque depuis deux ans, ils accélèrent le développement d’unités de production de biométhane. Entre 2016 et 2017, la production de biométhane français a fait un bond de 162%. Et ce n’est pas fini car la filière de biométhane intéresse tout particulièrement Engie.
Gaya : 1e plateforme de production par méthanation
Gaya est actuellement la première et l’unique plateforme expérimentale de méthanation en Europe. Située à Saint-Fons, dans le Rhône, elle a été inaugurée par Engie en octobre 2017. Les infrastructures de Gaya ont été spécialement conçues pour produire du méthane renouvelable à partir de biomasse sèche, c’est-à-dire qu’elle utilise les déchets naturels, en particuliers ceux issus des forêts (écorces et plaquettes de bois), pour ensuite effectuer une conversion thermochimique de ces matières premières. A la sortie, la biomasse sèche collectée sert à produire du biométhane, un gaz vert qui rentre dans la catégorie des énergies renouvelables. Il peut être injecté dans le réseau de gaz ou être utilisé en tant que carburant pour les véhicules qui fonctionnent au méthane, sans nécessiter aucune transformation.
La biomasse sèche qui sert à faire fonctionner Gaya est collectée au niveau local, dans un rayon de 70 km autour du site de Saint-Fons. Plusieurs agriculteurs de la zone ont également été mis à contribution pour participer à la collecte de résidus agro-alimentaires. Le fait de privilégier une filière d’approvisionnement locale est l’un des éléments de base pour faire fonctionner Gaya.
Ce procédé innovant est encore en phase de test. Il a été imaginé dès 2008 par Engie, pour répondre à l’appel à manifestation d’intérêt qui avait été lancé par l’ADEME. Pour développer la plateforme Gaya, il a fallu déployer un investissement de 60 millions d’euros, dont 41,3 millions ont été financés par Engie et 18,7 millions ont été financés par l’ADEME.
Alors la méthanation a-t-elle un avenir en Europe ? Pour l’instant, Gaya est une plateforme de recherche et de développement. Les tests menés par Engie doivent permettre d’obtenir le meilleur rendement énergétique possible afin de prouver la rentabilité du biométhane.
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