Alors que l’essence sans-plomb contenant jusqu’à 10% d’éthanol (SP95-E10) est sur le point de devenir la première essence utilisée en France (devant le traditionnel SP95), selon le dernier bilan annuel de la Collective du bioéthanol, une nouvelle innovation du groupe Global Bioenergies devrait encore renforcer le rôle des biocarburants dans l’avenir. Le groupe pétrochimique français a testé jeudi 5 avril 2018 sur le circuit Linas-Montlhéry en région parisienne, la première voiture au monde roulant avec un carburant composé à 34 % d’essence renouvelable.
Un nouvel isobutène totalement biosourcé
Une Audi A4 2.0 TFSI alimentée à 34 % par de l’essence renouvelable réalisait jeudi 5 avril 2018 dans l’Essonne ses premiers tours de piste dans le but de démontrer la viabilité du carburant « vert » conçu par l’entreprise française Global Bioenergies, spécialisée dans la conversion par fermentation de ressources renouvelables en hydrocarbures. Cette voiture a fonctionné pendant plusieurs dizaines de minutes grâce à un mélange de dérivés d’isobutène : « l’isooctane, obtenu par la condensation de deux molécules d’isobutène suivie d’une hydrogénation, et l’ETBE, obtenu par la condensation d’isobutène et d’éthanol », explique Global Bioenergies dans un communiqué.
Si l’ETBE (additif ajouté à l’essence jusqu’à 23%) est traditionnellement composé de bioéthanol et d’isobutène fossile (l’une des principales molécules dérivées du pétrole exploitée pour la synthèse de nombreux polymères), sa composition a évolué ici vers une formule plus durable pour l’environnement. Le groupe Global Bioenergies qui travaillait depuis plusieurs années sur un nouveau procédé technologique permettant de convertir les ressources renouvelables en isobutène, est parvenu à produire un ETBE composé de bioéthanol et d’isobutène biosourcé, issu de la fermentation de végétaux.
Ce procédé exclusif permet en effet de produire un additif haute performance (indice d’octane élevé égal ou supérieur à 100) à partir de matières premières renouvelables comme des sucres de qualité industrielle, de la paille, du bois résiduel, voire même du gaz de synthèse. « Nous utilisons un procédé biologique qui consiste à modifier des bactéries. Lorsqu’on leur donne du sucre, ces bactéries le transforment en isobutène, une molécule très connue du monde de la pétrochimie car il permet de fabriquer des carburants de très haute performance », explique dans le Parisien Marc Delcourt, directeur général de Global Bioenergies.
Un mélange conforme aux réglementations européennes
Ce mélange préparé en intégrant à la fois de l’ETBE et de l’isooctane a été conçu pour être conforme à la norme européenne EN228 et est donc d’ores et déjà autorisé à la vente pour toutes les voitures essences, sans précaution particulière.
« Le mélange d’essence développé par l’entreprise et utilisé aujourd’hui à Montlhéry présente une teneur exceptionnellement élevée en composés renouvelables. La tendance du marché en faveur de sources d’énergie plus propres, moins polluantes, s’annonce favorable à de tels mélanges conformes au cadre réglementaire européen. Nous consacrerons les prochaines phases aux défis technologiques et commerciaux qui restent à relever ainsi qu’à la préparation du déploiement grand public de cette nouvelle offre », poursuit Marc Delcourt.
Commercialisation de cette essence renouvelable prévue pour 2021
Alors que l’éthanol seul ne peut être incorporé qu’à hauteur de 10% au maximum du volume d’essence, dans le sans-plomb 95-E10, cette avancée, réalisée en partenariat avec l’Institut allemand Fraunhofer CBP et le groupe automobile Audi, ouvre logiquement la voie à l’incorporation d’une plus grande proportion de biocarburants dans l’essence et par conséquent, au développement d’un transport automobile plus propre.
La société française, qui évalue le marché de l’ETBE à plus de 3 millions de tonnes par an, soit 2 milliards d’euros, a déjà mis en service fin 2016 un démonstrateur industriel en Allemagne, avec en ligne de mire, la réalisation d’une première usine en 2019 et la commercialisation de ce nouveau mélange dès 2021. Située en Champagne, cette usine sera capable de produire 50 000 tonnes de carburant par an à un prix certes plus élevé que les carburants fossiles mais moins taxé (le surcoût lié à la production ne devrait donc pas décourager les consommateurs). « Les carburants fossiles sont très fortement taxés. Plus de la moitié du prix de l’essence est composée de taxes. A l’inverse, les biocarburants profitent d’un environnement réglementaire adapté qui les rend compétitifs par rapport au pétrole », conclut Marc Delcourt.
Crédits photo : Global Bioenergies (Twitter)
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