Largement encouragés par l’Etat dans le cadre de la loi de transition énergétique, les travaux de rénovation énergétique promettent généralement aux usagers, sur le papier en tous cas, de meilleurs performances et une réduction de leurs factures d’énergie. Mais la réalité n’est pas toujours celle que l’on pense et cette nouvelle tendance aux économies d’énergie s’accompagne bien souvent de son lot de tromperies et d’abus. Selon une enquête de l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, publiée mercredi 7 février 2018, les démarchages commerciaux dans le domaine, peu contrôlés, auraient conduit à de nombreux cas d’escroquerie et d’arnaque ces dernières années.
Des pratiques commerciales trompeuses
Si investir dans des travaux de rénovation énergétique reste au demeurant une bonne idée pour réaliser des économies d’énergie et réduire son empreinte carbone, mieux vaut toutefois prendre toutes les précautions nécessaires et bien prendre le temps de choisir les prestataires les plus qualifiés. Malgré la loi Hamon de 2014, « censée renforcer les protections des consommateurs sollicités par des démarcheurs », certaines pratiques commerciales douteuses subsistent et ont fait de la rénovation énergétique leur nouveau terrain de jeu.
D’après la dernière enquête de l’UFC-Que choisir, qui a analysé 392 litiges postérieurs à 2015 dont 309 relatifs à des démarchages à domicile, les « manœuvres nocives de certains professionnels, qui ciblent notamment les consommateurs les plus vulnérables, perdurent ». Sur ces 309 cas, l’association a constaté des pratiques commerciales trompeuses à hauteur de 29%, des obstacles au droit de rétractation légal pour 22%, une livraison incomplète des travaux dans 26% des cas, et la difficulté de faire reconnaître l’insuffisance des performances pour 16%.
Des tarifs généralement excessifs en cas de rénovation énergétique
Mais outre les abus et les escroqueries volontaires, c’est surtout le financement de ces travaux et les tarifs appliqués qui inquiètent ici l’UFC. Les consommateurs n’ont dans chacun de ces cas, jamais bénéficié du dispositif de prêt à taux zéro (Eco PTZ) mis en place par l’Etat pour aider au financement de travaux (allant jusqu’à 30.000 euros) permettant d’atteindre un performance globale minimale. Ces opérations ont été « quasi exclusivement financés » par un prêt à la consommation standard, à un taux de crédit allant de 3,9% à 5,8% dans le cadre d’un démarchage, alors que plus d’un tiers des dossiers aurait pu être financé par l’Eco-prêt à taux zéro. Cette « solution financièrement avantageuse pour les consommateurs » est très peu diffusée par les établissements bancaires, regrette l’association (seuls 22.000 ont été distribués en 2016, contre 79.000 en 2010).
Pire encore, ces conditions bancaires désavantageuses ont bien souvent été appliquées sur des montants de prêt excessifs compte tenu des tarifs pratiqués lors de ces démarchages. Il arrive en effet dans certains cas que les banques acceptent sans vérification aucune, de financer des prestations trop coûteuses au regard des prix du marché. Certains consommateurs ont par exemple déboursé jusqu’à 30.000 euros pour une installation solaire classique suite à un démarchage, soit un tarif deux fois supérieur à un devis classique. Ces projets s’avèrent en outre généralement inadaptés à leur zone d’implantation, puisque l’ensoleillement insuffisant ne permettra pas de rentabiliser l’investissement.
L’intervention d’un expert indépendant
Pour garantir une meilleure protection des consommateurs, l’association demande à l’Etat de « créer un cadre juridique qui responsabilise aussi bien les professionnels que les établissements bancaires », afin de « rétablir la confiance des consommateurs dans les travaux de rénovation énergétique ». L’UFC-Que Choisir souhaite par exemple imposer l’intervention d’un expert indépendant chargé de valider les prestations proposées en amont et en aval des travaux et donc du financement bancaire.
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