Depuis l’avènement de l’ère digitale, les besoins en électricité des firmes informatiques n’ont fait que croître. Et si les bureaux des entreprises et leurs différentes infrastructures représentent un pôle important des dépenses en énergie, ce n’est rien en comparaison des besoins électriques des data centers. Ces centres d’enregistrement et de traitement des données sont au cœur du système internet mondial et leurs besoins en électricité sont vertigineux. De quoi en faire un sujet de préoccupation pour les géants du web qui cherchent tous de nouvelles solutions pour couvrir les besoins énergétiques de leurs data centers si énergivores : énergies renouvelables, piles à combustible et même du biométhane… Le Green IT est appelé à devenir un enjeu crucial, tant du point de vue énergétique qu’économique.
Le Green IT : le pari des énergies renouvelables
Selon un rapport de Greenpeace daté de janvier 2017, les data centers représenteraient à eux seuls 7% de la consommation d’électricité mondiale. En moyenne, la consommation énergétique d’un data center est de 5,15 MWh au mètre carré. Soit 37 fois plus que la consommation moyenne d’une habitation. Les géants du web l’ont bien compris : leur approvisionnement énergétique et les coûts qui y sont liés vont devenir un enjeu crucial dans les années à venir. A l’heure actuelle, les data centers sont raccordés au réseau électrique ; en cas de coupure électrique le plan B consiste à avoir recours à des générateurs de secours, dont la plupart sont alimentés avec du diesel. Une ressource très coûteuse et polluante qui risque d’être menacée par les futures politiques en matière de transition énergétique. Face à ce problème, les entreprises ont choisi de se tourner vers les énergies renouvelables pour faire baisser leur facture énergétique. C’est le Green IT : l’avènement d’un secteur informatique eco-responsable.
Chez Google, les ordinateurs fonctionnent au solaire et à l’éolien
Dans cette logique de Green IT, le géant américain Google a ainsi fait une priorité du développement des énergies alternatives pour couvrir ses besoins. Depuis 2007, l’entreprise a lancé un ambitieux projet interne pour rationaliser son utilisation des ressources électriques. Les ingénieurs de Google ont travaillé sur deux axes de développement : réduire les besoins en électricité des data centers et développer un approvisionnement fiable grâce à la filière verte. En ce qui concerne les énergies renouvelables, Google a largement investi dans des parcs éoliens et des fermes solaires sur le territoire américain mais aussi dans plusieurs pays d’Europe du nord. En parallèle, les ingénieurs ont réussi à optimiser la gestion de l’électricité des data centers de Google : en seulement 10 ans, ils sont parvenus à diminuer de 50% les besoins en électricité de ces sites.
Microsoft et sa station d’épuration high-tech
Chez Microsoft, l’option énergétique choisie fait elle aussi la part belle à une dynamique de Green IT. En mars 2015, Microsoft a inauguré un data center expérimental « zéro émission » à Cheyenne, dans le Wyoming. Ce data center nouvelle génération a été entièrement pensé pour fonctionner de manière autonome, sans faire appel au réseau électrique public. Il est doté d’un système de piles à combustible et est relié à une station d’épuration qui produit un biogaz. Grâce au biométhane produit par la station d’épuration, les piles à combustibles sont alimentées en continu et elles produisent l’électricité nécessaire à l’approvisionnement du data center. Grâce à ce système ingénieux, Microsoft a réussi à atteindre une production de 250 kW. Le data center ne consommant que 100 kW, Microsoft a raccordé son système de production au réseau électrique afin de revendre son surplus d’électricité.
L’hydrogène comme nouvelle opportunité Green IT
Utiliser l’hydrogène pour faire fonctionner une pile à combustible capable d’alimenter en électricité un data center, Apple a déjà testé cette solution… en 2012 ! La firme américaine, qui développait alors un programme autour des énergies renouvelables sur son data center de Maiden en Caroline du Nord, avait équipé son site d’un système de piles à combustible fourni par l’entreprise Bloom Energy. Ces 24 caissons carrés permettaient d’extraire de l’hydrogène depuis une source de gaz naturel. L’assemblage était couplé à une centrale solaire locale capable de fournir 20 mégawatts. Depuis, le système peine à séduire d’autres entreprises.
Mais les choses sont sur le point de changer car plusieurs entreprises américaines et allemandes viennent de se lancer dans un projet visant à mettre au point une pile à combustible à hydrogène compatible avec les data centers qui existent actuellement. Daimler, HPE, Power Innovation et le Laboratoire américain sur les énergies renouvelables travaillent en commun sur ce futur prototype et ils partent avec une longueur d’avance sur le projet d’Apple. Depuis le début des années 2010, les différentes avancées techniques en matière de piles à combustible ont permis de faire diminuer le coût des catalyseurs utilisés pour le processus électrochimique, ce qui a entraîné une baisse du coût d’utilisation des piles en elles-mêmes. Même s’il existe encore une marge de progression pour la rentabilité, les piles à combustibles s’affichent comme une alternative porteuse d’espoir au moment même où le Green IT s’impose comme une stratégie inévitable pour le secteur du web.
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