Faire pousser des panneaux solaires dans les zones les plus reculées de la forêt d’Amazonie, c’est le pari lancé par l’association WWF. Car si le poumon vert de la planète est toujours en péril, ce sont aussi ses habitants qui sont menacés à cause du manque d’approvisionnement en énergie. Des villages entiers sont isolés, sans aucun raccordement électrique, et ils tentent de survivre alors que la déforestation gagne sans cesse du terrain. Pour répondre à leurs besoins pressants en énergie, WWF a décidé de déployer des panneaux solaires pour mettre en place des mini-réseaux électriques. Un premier pas vers l’indépendance énergétique d’une population qui reste particulièrement vulnérable.
L’isolement énergétique : une réalité géographique
Si la France peut se targuer d’avoir un réseau électrique particulièrement efficace et capable de couvrir toute la population, c’est d’abord parce que son territoire reste d’une dimension raisonnable et qu’il ne présente pas d’obstacles naturels insurmontables. Mais cette réalité géographique est loin d’être la même partout. Montagnes élevées, déserts et forêts denses représentent autant d’obstacles au développement d’un réseau électrique. C’est particulièrement le cas en Amazonie. Dans cette zone du Brésil connue pour sa végétation luxuriante, les obstacles naturels ne manquent pas : le fleuve, des cours d’eau secondaires et la forêt extrêmement dense ont toujours empêché le gouvernement brésilien de mettre en place un réseau électrique pour couvrir tout le territoire. Par ailleurs, les différentes tribus qui vivent en Amazonie sont éloignées les unes des autres, ce qui rend encore plus difficile d’établir un maillage de câbles électriques pour acheminer l’électricité jusque dans les villages les plus reculés. Au total, ce sont près de 2 millions d’habitants qui n’ont pas accès à l’électricité.
Jusqu’à présent, les initiatives du gouvernement brésilien pour couvrir les besoins de la population amazonienne en énergie se sont bornées à fournir des générateurs électriques. Si la solution offre l’avantage d’être facilement déployée à l’échelle locale selon les besoins des différents villages, elle rencontre pourtant deux problématiques majeures sur le terrain. Les générateurs électriques ont besoin de carburant pour fonctionner, hors l’acheminement d’hydrocarbure est rendu particulièrement difficile dans certaines zones d’Amazonie où il n’y a pas de routes pour faire circuler des camions-citernes. Il faut alors faire remonter le carburant par le fleuve, sur des barges qui sont peu sécurisées et ne permettent pas de transporter de grandes quantités de pétrole. Autre point noir : à cause du transport difficile, le prix de revient du carburant est très élevé : plusieurs centaines de dollars par mois et par foyer pour seulement quelques heures d’électricité par jour.
Le projet d’indépendance énergétique de WWF
Début juillet 2017, un vaste projet visant à l’indépendance énergétique de la forêt amazonienne a été lancé conjointement par WWF et l’ICMBio, l’agence environnementale du Brésil. Le projet repose sur une idée simple : utiliser les énergies renouvelables pour enfin mettre en place un maillage électrique sur ce grand territoire. Maillage très relatif puisque le but est de créer de petites unités de production électrique locale qui, à l’échelle de chaque village isolé, sont capables de couvrir les besoins des habitants non seulement pour leurs habitations mais aussi pour leurs activités économiques. Le choix s’est porté sur le solaire car le taux d’ensoleillement de la forêt amazonienne se prête bien au développement de panneaux photovoltaïques et qu’il existe déjà des bâtiments construits capables de les accueillir. Autre point crucial : les panneaux solaires ainsi que les éléments de raccordements électriques sont facilement transportables par barge pour atteindre les villages les plus reculés.
Après le lancement officiel du projet en juillet dernier, la phase de travaux a démarré au début du mois de septembre 2017 et plusieurs villages de la réserve naturelle du Médio Purus ont déjà bénéficié des nouvelles installations solaires. Des ingénieurs brésiliens sont sur le terrain pour superviser l’installation des panneaux solaires sur les écoles, les bâtiments administratifs, les bâtiments agricoles et sur les toits des habitations. Dans de nombreux cas, il faut d’abord procéder à une remise aux normes des bâtiments et veiller à leur robustesse avant d’installer les panneaux solaires. Des batteries de stockage de l’énergie sont également installées afin de permettre de tirer profit au maximum de l’énergie produite par les panneaux. Car en l’absence d’un réseau électrique traditionnel, il n’est pas possible de basculer sur une autre source d’électricité la nuit. Même si le système mis en place ne permet pas de couvrir à 100% les besoins électriques, il offre déjà une nette amélioration par rapport aux 4 heures d’électricité qu’offraient les générateurs.
En complément de ces panneaux photovoltaïques installés sur les bâtiments des villages, une partie du projet prévoit également d’installer des pompes à eau qui seront actionnées grâce à des panneaux solaires. Car tout comme les besoins électriques, les besoins en eau courante sont loin d’être couverts, au point d’être un problème de santé publique dans certaines zones. Là encore, les panneaux solaires offrent l’avantage de s’adapter facilement au terrain, d’être installés rapidement et de produire assez d’énergie pour actionner les pompes à eau électriques en journée.
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