Hydroélectricité : face à la baisse des prix, la filière appelle à plus de souplesse

Hydroélectricité : face à la baisse des prix, la filière appelle à plus de souplesse

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Première énergie renouvelable de France à la fois décarbonée et réactive aux brusques fluctuations de la demande en électricité, l’hydroélectricité présente à ce jour tous les avantages pour accompagner durablement le mouvement de transition énergétique et accentuer son poids dans le mix énergétique français. Pourtant, l’avenir de cette industrie, à la fois patrimoine et savoir-faire français sans équivalent, s’annonce semé d’embûches au regard du faible prix de l’électricité sur le marché et des nouvelles exigences européennes qui régissent désormais la filière. Les professionnels du secteur, représentés par le syndicat France Hydro Electricité, tire la sonnette d’alarme et appelle, dans un livre blanc publié mardi 27 juin 2017, le gouvernement à prendre des mesures concrètes.

L’hydroélectricité : un rôle clé dans la transition énergétique

Deuxième source de production d’électricité du pays et première énergie renouvelable, la filière hydraulique française emploie près de 12.000 personnes, et compte plus de 1.800 petites centrales, aux côtés des grands barrages gérés par EDF et Engie, pour un total de 2250 unités de production et une puissance cumulée évaluée à 25,4 GW. Elle représente plus de 60% de l’électricité renouvelable, avec 64 TWh produits en 2016, soit 12% de l’électricité française, et permet fort de sa flexibilité, de sécuriser l’approvisionnement du réseau électrique et de favoriser l’insertion croissante des nouvelles énergies renouvelables comme l’éolien ou le photovoltaïque. Certains barrages (stations de transfert d’énergie par pompage ou STEP) offrent en effet la possibilité de stocker l’électricité à grande échelle, et de la restituer en fonction de la demande.

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L’hydroélectricité joue donc un rôle central dans le système énergétique français et dans la transition en cours, et doit être encouragée. Dans un livre blanc publié cette semaine et relatant l’état de la filière électrique, les professionnels du secteur insistent sur le rôle clé de leur énergie dans l’avenir, sans pour autant omettre de mentionner les difficultés qu’elle rencontre à l’heure actuelle. La filière souffrirait selon le syndicat professionnel France Hydro Electricité d’un décalage croissant entre les objectifs de développement fixés par le gouvernement et le manque de souplesse des réglementations qui la régissent.

Baisse des prix, pressions fiscales et normes environnementales

Pour atteindre les objectifs fixés par la loi de transition énergétique, la programmation pluriannuelle de l’énergie définit un objectif de développement de la filière hydroélectrique, tablant sur 700 MW de capacités de production d’ici le 31 décembre 2023. Problème, si le gouvernement encourage bien pour cela la réalisation de nouvelles installations et l’aménagement d’équipements existants, il ne soutient pas pour autant les exploitants, handicapés par des prix de marché en chute libre depuis 2010, et une pression accrue de la fiscalité et des normes environnementales.

 

 

 

 

 

 

 

 

En effet, malgré des perspectives de développement intéressantes, l’introduction de nouvelles normes environnementales par la commission européenne relatives à l’eau, a mis un coup d’arrêt à la filière. Selon ces nouvelles dispositions, les cours d’eau classés en liste 1, qui désigne les cours d’eau aux écosystèmes très bien préservés, ne pourront faire l’objet d’aucune autorisation ou concession concernant la mise en place d’installations susceptibles de porter atteinte à la biodiversité des sites. Alors qu’il serait possible de produire 11,7 térawattheures de courant supplémentaire (+17% par rapport à aujourd’hui), “deux tiers du potentiel est bloqué par ces réglementations environnementales”, explique Anne Penalba, présidente du syndicat professionnel France Hydro Electricité. Les députés Marie-Noelle Battistel et Eric Straumann estimaient d’ailleurs dès 2013, dans un rapport consacré aux enjeux de la filière hydroélectrique, que la réalisation des objectifs d’accroissement de la production hydroélectrique imposerait à terme, “de procéder à un rééquilibrage des classements des cours d’eau, en préservant d’un classement en liste 1 les zones propices à l’hydroélectricité qui ne présente pas un intérêt écologique majeure, et à la condition que les ouvrages soient dotés de dispositifs destinés à améliorer la continuité écologique des cours d’eau”.

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Outre ces restrictions environnementales qui réduisent leur possibilité de développement, les acteurs de la filière doivent également composer avec des marges de plus en plus faibles. Les taxes locales ont grimpé ces dernières années pour atteindre environ 10 euros/mégawattheure soit un tiers du prix de vente sur le marché, et la diminution régulière des prix de l’électricité sur le marché (-30% depuis 2010) posent des problèmes de compétitivité et de rentabilité.

Pour une “meilleure cohérence” entre objectifs et réglementations

Pour remédier à cette situation et redynaminiser une filière en perte de vitesse, le syndicat de professionnels préconise dans son livre blanc de tendre progressivement vers une “meilleure cohérence” entre les réglementations et les objectifs de développement des énergies renouvelables. La filière réclame par exemple des exonérations fiscales sur les nouveaux projets ou sur les investissements réalisés pour protéger la biodiversité et qui sont assujettis à la taxe foncière.

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Elle demande également plus d’appels d’offres (un premier de 105 MW a été lancé il y a quelques mois), dont un consacré au développement des STEP, considérées ici comme indispensables à la transition énergétique. “Il faut lancer des appels d’offres ou encore préserver les STEP existantes et donc les exonérer de taxes locales”, explique de son côté Jean-Louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables (SER). Précisons ici que la loi prévoit le développement d’1 à 2 GW de capacités de stockage d’ici 2030 via les stations d’énergie par pompage et turbinage.

Crédits photo : HPI

Rédigé par : La Rédaction

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