Si l’isolement des îles du Ponant dans le Finistère explique la complexité de l’approvisionnement énergétique de ces territoires insulaires, il justifie du même coup la nécessité de mieux gérer et maîtriser la consommation d’électricité pour les populations en place. Classées comme territoires à énergie positive, ces îles se sont engagées pour cela dans un ambitieux programme de transition énergétique et agissent depuis plusieurs années déjà dans le but de réduire de manière significative les besoins en énergie des habitants, des bâtiments, des transports, et plus généralement de toutes les activités économiques en cours sur leur territoire.
« L’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas »
Habitées à l’année, les îles du Ponant dans le Finistère ne sont pourtant pas reliées au continent. Aucun pont ni route submersible ne fait le lien avec ces territoires insulaires isolés et l’approvisionnement énergétique est parfois difficile. Si certaines sont effectivement raccordées au réseau électrique du continent par un ou plusieurs câbles sous-marins, comme Batz et Hoëdic, d’autres s’appuient essentiellement sur une production locale d’électricité, généralement basée sur des centrales au fioul (Ouessant, Molène, Sein, Chausey et Les Glénan).
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Particulièrement vulnérables au réchauffement des températures et à la montée progressive des eaux, ces îles envisagent donc leur avenir sous le signe des énergies renouvelables. Elles ont entamé en septembre 2017 un programme spécifique de transition énergétique censé leur permettre de se défaire des énergies fossiles à l’horizon 2030 et prévoient de mobiliser l’ensemble des énergies locales disponibles (éolien, photovoltaïque, solaire thermique et énergies marines) pour y parvenir. Cela étant, l’investissement dans de nouveaux moyens de production plus propres et durables n’est pas le seul défi qui s’impose à ces territoires insulaires. Ces nouvelles énergies ne suffiront pas à atteindre l’autonomie énergétique tant recherchée si ces territoires ne visent pas en parallèle une réduction significative de leur consommation d’énergie.
Un plan de maîtrise de la demande en électricité
Dès 2005, l’association « Les îles du Ponant » s’est donc engagée avec ses partenaires (l’Ademe, la région, les départements, les municipalités et EDF-SEI, la direction d’EDF dédiée aux systèmes énergétiques insulaires) dans un plan de maîtrise de la demande en électricité avec pour objectif de réduire les consommations d’énergie dans les bâtiments publics et d’inciter les îliens comme les touristes, nombreux en période estivale, à modifier leurs habitudes de consommation.
Ce plan, qui se poursuit aujourd’hui, s’est déjà concrétisé sur plusieurs îles par la mise en place de nouvelles mesures d’économie d’énergie comme l’amélioration des performances énergétiques du bâti existant, la modernisation de l’éclairage public en LED, la réduction de la consommation d’énergie dans l’habitat privé, l’installation de bornes de recharge autonomes pour les véhicules électriques ou encore la distribution des « kits poules/poulaillers » à moindre coût pour diminuer la part des déchets dans les ordures ménagères.
La performance énergétique des bâtiments publics
Concernant l’amélioration énergétique des bâtiments existants tout d’abord, plusieurs programmes ont été engagés ces dernières années sur la majorité des îles. Les bâtiments publics anciens, qui se caractérisaient généralement par une mauvaise qualité énergétique, ont ainsi pu bénéficier de plans de rénovation complets (comprenant l’isolation, le remplacement des huisseries, ou la programmation, le pilotage et la gestion de nouveaux appareils de chauffage), leur permettant de réduire de manière significative leur empreinte carbone. Ce fut le cas notamment à la mairie de l’île de Batz, à la mairie de l’île de Houat ou pour l’ensemble des bâtiments communaux de l’île de Molène.
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L’île de Sein, située à la pointe du Finistère, a quant à elle inauguré à la fin du mois de mars 2017, dans son ancienne école désaffectée, quatre logements sociaux à haute performance énergétique. Cette opération a été primée, à deux reprises, dans le cadre d’un appel à projets de l’Ademe sur « l’utilisation dynamique des énergies renouvelables dans le bâtiment », et son coût (plus d’un million d’euros) a été partiellement pris en charge par l’Europe (Feder), l’État, la région, et le département du Finistère. La réhabilitation énergétique des dix autres logements gérés par Finistère-Habitat sur Sein devrait permettre de réduire de près de 4% le volume de fioul consommé par le groupe électrogène. Rappelons que l’île de Sein n’est pas raccordée au réseau électrique continental, et fonctionne grâce à un puissant groupe électrogène, installé au pied du phare. Problème, cet équipement consomme près de 400.000 litres de fuel par an (sans compter le coût énergétique du transport depuis le continent).
La réduction des consommations dans l’habitat privé
Les communes des îles du Ponant tentent également de sensibiliser les particuliers aux efforts d’économie d’énergie. Là aussi, plusieurs programmes ont été mis en place comme le remplacement des ampoules halogènes dans les foyers par des ampoules « basse consommation », ou la diffusion d’équipements ménagers moins énergivores. Sur les îles de Batz, Ouessant, Molène et Sein par exemple, l’association « Les îles du Ponant », en partenariat avec EDF-SEI, organisait du 1er février au 30 avril 2017, sa deuxième opération de remplacement d’appareils de froid énergivores. En échange de bons de réduction, les habitants étaient incités à se débarrasser de leurs vieux frigidaires ou congélateurs pour s’équiper d’appareils de catégorie A++ ou A+++. La collecte a permis de récupérer 245 appareils, rapatriés ensuite par bateau à voile sur le continent afin d’être recyclés par l’organisme Eco-système.
Tout au long du mois de mai, avait lieu également la deuxième édition du Mois de l’énergie sur les îles du Finistère dans le but de sensibiliser le grand public aux enjeux énergétiques de leur territoire. Durant cette manifestation, des animations de l’Espace Info Energie permettaient de mieux comprendre sa facture d’électricité (pour la réduire) et proposaient un accompagnement personnalisé des projets d’économies d’énergie. Des outils de communication pour sensibiliser les visiteurs des îles à la réduction des consommations électriques étaient distribués gratuitement, et des permanences SoliHa proposaient d’accompagner le montage des dossiers pour le programme de rénovation de l’habitat.
Crédits photo : Les îles du Ponant
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