Le groupe Eurotunnel a lancé officiellement jeudi 23 février dernier, à Folkestone au Royaume-Uni, le chantier du projet Eleclink, une interconnexion électrique en courant continu de 1000 MW entre la France et la Grande-Bretagne. A la fois très rentable et à faible impact environnemental grâce au tunnel sous la Manche, cette nouvelle liaison fait partie des projets européens d’intérêt commun destinés à intégrer les marchés de l’énergie et à diversifier les sources énergétiques de chaque partenaire.
Un besoin d’échanges en augmentation
Si plusieurs interconnexions ont été mises en place entre la France et le Royaume-Uni depuis les années 1980, elles sont aujourd’hui insuffisantes pour supporter l’augmentation des transferts d’électricité entre nos deux pays. Le projet Eleclink répond entre autres à un besoin énergétique croissant du Royaume-Uni, qui a entamé une reconversion visant à réduire la production d’électricité par les énergies fossiles.
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Cette nouvelle liaison avec le continent doit en effet permettre aux britanniques de faciliter la transition vers une production « zéro charbon » à l’horizon 2025 (alors qu’il représentait encore 30% du mix électrique en 2014), et de garantir la fiabilité de l’approvisionnement électrique du pays. Présent pour la pose de la première pierre du chantier, Jesse Norman, Ministre de l’Industrie et de l’Energie britannique, s’est déclaré dans ce contexte, largement favorable « au renforcement des échanges avec ses partenaires européens« , afin de « réduire les factures des ménages et d’assurer la sécurité énergétique« .
#Eurotunnel with Jacques Gounon & Jesse Norman Minister to commemorate #ElecLink between UK & France @shepwaydc pic.twitter.com/90fecEmg9w
— Jenny Hollingsbee (@jennyHollingsbe) 23 février 2017
De son côté, la France pourra également profiter d’un accès élargi à l’électricité britannique, en cas de pic de consommation ou de prix du marché plus avantageux outre-Manche, en s’acquittant toutefois d’un droit de passage au Groupe Eurotunnel, propriétaire à 100% de la société Eleclink. « Nous jouons simplement un rôle de transporteur d’électrons. Après avoir transporté des passagers, Eurotunnel transporte désormais des kilowatts« , expliquait à cette occasion Jacques Gounon, Président Directeur Général de Groupe Eurotunnel. « Les fournisseurs d’énergie nous paieront un péage pour faire transiter l’électricité par le tunnel« .
1000 mégawatts de puissance supplémentaires
ElecLink a reçu dans ce cadre le soutien des gouvernements français et britannique ainsi que de la Commission européenne. Les autorités de régulations des deux pays ont accordé au projet une dérogation réglementaire de 25 ans lui permettant d’exploiter en tant qu’interconnecteur privé et de vendre à terme sa capacité électrique.
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Cette ligne offrira au total une puissance de transfert supplémentaire de 1000 MW, soit l’équivalent de la consommation d’environ 1.600.000 foyers. « L’interconnexion augmentera la capacité d’échanges entre les deux pays de 50%« , a ajouté M. Gounon, pour un budget global estimé à près de 580 millions d’euros et une mise en service prévue en 2020.
Le chantier qui s’étalera sur les trois prochaines années comprendra la construction par le groupe Siemens de deux stations de conversion d’électricité (une à Folkestone en Grande-Bretagne et une à Peuplingues en France) et le déploiement de 59 kilomètres de câbles via le tunnel ferroviaire Nord du Tunnel sous la Manche. D’une longueur totale de 69 km, l’interconnexion ElecLink reliera le poste RTE des Mandarins au poste National Grid de Sellindge, au Royaume-Uni.
Une solidarité énergétique renforcée entre RTE et National Grid
Aux côtés d’Eleclink, d’autres projets prévoient également d’augmenter les capacités d’échange d’électricité entre la France et la Grande-Bretagne, qui s’élèvent actuellement à 2.000 MW. On peut citer notamment deux liaisons particulières développées par le gestionnaire du réseau français à haute tension RTE et son homologue britannique National Grid : la ligne FAB de 1.400 mégawatts qui couvrira les 220 km entre Menuel dans le Cotentin et Exeter dans le sud ouest de l’Angleterre via l’île d’Aurigny ; et la liaison IFA2 d’une puissance de 1.000 mégawatts qui couvrira quant à elle, les 200 km reliant le Calvados et l’Ile de Wight dans la région de Southampton. Cofinancée par l’UE, la ligne IFA2 vient tout juste d’être validée par le CRE et devrait représenter à elle-seule un coût global de 670 millions d’euros. Au total, RTE prévoit d’investir avec les Britanniques plus de 1,4 milliard d’euros dans ces projets interconnexions d’ici 2020-2022.
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Avec ces nouvelles lignes de transport d’électricité entre la France et la Grande-Bretagne, RTE souhaite renforcer encore un peu plus la coopération et la solidarité énergétique souhaitées au sein de l’espace européen. « Après la solidarité des régions en matière énergétique, nous sommes passés à une solidarité européenne avec l’Angleterre au nord et l’Espagne au sud« , explique Jean-Louis Muscagorry, délégué RTE pour la Normandie et l’Ile-de-France.
Crédits photo : Billy69150
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