Référence au niveau international en matière de sûreté, de sécurité et de radioprotection, la France dispose d’un cadre réglementaire très stricte et de procédures d’intervention optimales en cas de rejets radioactifs accidentels. Les populations vivant aux alentours des centrales doivent en effet respecter des règles précises et peuvent être amenées, le cas échéant, à ingérer des comprimés d’iode. Protection naturelle contre le risque de contamination, l’iode stable a fait l’objet en 2016 d’une nouvelle campagne de sensibilisation et de distribution.
A l’heure où l’hypothèse d’une prolongation d’activité des réacteurs nucléaires français se dessine, la question de la sûreté et de la sécurité au sein et autour de nos centrales est plus que jamais d’actualité. La politique de précaution mise en place par le gouvernement depuis de nombreuses années impose dans ce cadre plusieurs dispositions destinées à garantir le bon fonctionnement des installations, à éviter les accidents et à gérer au mieux les incidents éventuels de manière à en minimiser les conséquences sur l’environnement et la santé des populations.
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Si l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est chargée, en tant qu’autorité administrative indépendante, de s’assurer que les exigences de la réglementation sont bien respectées et de contrôler les installations de manière régulière, le groupe EDF (seul et unique exploitant du parc nucléaire français) doit garantir quant à lui la sûreté de ses installations via l’optimisation permanente des matériaux et équipements utilisés, et organiser en collaboration avec toutes les parties prenantes (pouvoirs publics nationaux, préfets, maires, commissions locales d’information, professionnels de santé, etc.), les dispositifs et programmes de sécurité et d’intervention en cas de situation d’urgence.
Déclenchée lors d’événement susceptible d’entraîner des rejets radioactifs, une situation d’alerte ou d’urgence au sein d’une centrale nucléaire française implique dans un délai très court la mise en place d’un Plan Particulier d’Intervention (PPI) dans les zones situées dans un rayon de 10km autour des centres de production. Ce PPI prévoit plusieurs procédures particulières afin de protéger les populations dans ces zones dont la mise à l’abri, l’évacuation, l’éloignement, et la prise de comprimés d’iode sur consigne exclusive des autorités préfectorales.
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Ces comprimés d’iode stable distribués en France depuis 1996, permettent notamment de minimiser les risques sanitaires en cas de rejet accidentel d’iode radioactif dans l’atmosphère. Pour rappel, l’iode est un oligo-élément indispensable au fonctionnement de la thyroïde mais peut, lorsqu’il est radioactif, se fixer sur cette glande et augmenter le risque de cancer. Le traitement préventif proposé consiste donc, pour les usagers concernés, à ingérer volontairement sous forme de comprimés de l’iode stable, naturel et inoffensif, afin de saturer la glande thyroïde. Celle-ci ne pourra par conséquent plus stocker l’iode radioactif ambiant qui sera alors éliminé de façon naturelle sans effet sur la santé.
Mais si les effets positifs de l’iode stable contre le risque d’irradiation sont incontestables, encore faut-il que les populations soumises soient équipées et ingèrent ces comprimés dans les délais impartis (plusieurs heures avant l’arrivée de la contamination pour une protection optimale). La cinquième campagne nationale de distribution organisée en 2016 dans le périmètre des 19 zones concernées du PPI avait donc pour objectif de remplacer les anciens comprimés arrivés à péremption, et de sensibiliser un nombre croissant de particuliers, d’entreprises et de collectivités (écoles, administrations etc.). Ces 19 zones rassemblent environ 400.000 foyers et 2.000 établissements recevant du public (ERP), répartis sur 500 communes.
Au final, près de 390.000 boîtes de comprimés ont été retirées en pharmacie l’année passée contre moins de 320.000 lors de la précédente campagne en 2009, soit une progression de 22 %. Le nombre total de retraits en pharmacie a crû de 8 % (190.000 retraits en 2016 ; 175.000 en 2009) pour les particuliers et a été multiplié par plus de trois (20.000 retraits en 2016 ; 6250 en 2009) pour les ERP et les entreprises. “Les taux nationaux de retrait d’iode en pharmacie s’établissent, au 20 décembre 2016, à 51 % pour les particuliers, 36 % pour les entreprises et ERP et à 85 % pour les établissements scolaires. La mobilisation des ERP a été particulièrement positive en 2016 puisque seuls 20 % d’entre eux avaient retiré leurs comprimés en 2009 et que le nombre de boîtes distribuées a augmenté de près de 85 % entre 2009 et 2016″, ont indiqué conjointement l’ASN et le groupe EDF dans un communiqué publié le 23 décembre dernier.
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Les efforts entrepris depuis février 2016 devraient d’ailleurs se poursuivre en 2017 via une seconde phase d’envois directs dans les foyers (pour les personnes n’ayant pas retiré leurs boîtes de comprimés d’iode en pharmacie), qui permettra d’assurer une couverture proche de 100 % des foyers dans un rayon de 10 km autour des 19 centrales nucléaires françaises.
COMMENTAIRES
Ces comprimés d’iode stable protègent uniquement contre l’iode radioactif, mais pas contre tous les autres éléments radioactifs, notamment le césium et le strontium, qui seraient également présents en cas d’accident majeur