Le Brésil à l’heure de la diversification énergétique

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Malgré une production hydroélectrique très importante et de larges réserves en hydrocarbures, le Brésil fait face depuis plusieurs années à ...

barrage hydroélectrique Brésil
barrage hydroélectrique Brésil

Malgré une production hydroélectrique très importante et de larges réserves en hydrocarbures, le Brésil fait face depuis plusieurs années à une augmentation constante de sa demande en électricité. Pour remédier à la faiblesse du réseau électrique du pays, le gouvernement s’est engagé à augmenter ses capacités de production et à diversifier son mix électrique. Energies hydroélectrique, renouvelables et nucléaire devraient constituer la base du mix énergétique brésilien dans les années à venir.

Le barrage du Jirau, symbole d’un potentiel hydraulique hors-norme

Le barrage hydroélectrique de Jirau au Brésil, situé dans l’Etat de Rondonia au nord-ouest du pays, a été inauguré le 16 décembre dernier par le groupe français Engie au terme de plus de sept années de travaux et d’un investissement total d’environ 5,3 milliards de dollars. Cette ouvrage d’exception, considéré comme un des plus gros barrages au monde, dispose de 50 turbines opérationnelles depuis fin novembre et d’une capacité de production totale de 3.750 mégawatts, soit autant que la puissance cumulée de trois ou quatre réacteurs nucléaires.

« Il peut produire l’équivalent de la consommation de plus de 10 millions de foyers et fournira l’énergie nécessaire pour assurer la croissance industrielle de la région », explique Engie dans un communiqué. L’énergéticien français est actionnaire majoritaire de ce projet (40%) aux côtés de la maison de commerce japonaise Mitsui & Co. (20%) et de deux filiales de l’électricien public brésilien Eletrobras qui se partagent les 40% restants. Il bénéficie d’un contrat de concession de 35 ans pour l’exploitation et de contrats à long terme pour plus de 70% de la production attendue.

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Révélatrice de la puissance hydroélectrique brésilienne, cette nouvelle installation ne sera pas pour autant suffisante pour garantir la sécurité et la stabilité de l’approvisionnement national en électricité. L’hydroélectricité au Brésil se situait en 2015 au troisième rang en termes de puissance installée avec 7,6 % du total mondial, derrière la Chine et les États-Unis, mais ne fournissait plus que 63,2 % de la production d’électricité du pays. Cette part dépassait 80 % à la fin des années 1990 mais a fortement diminué du fait des grandes sécheresses qui reviennent régulièrement depuis le début des années 2000 dans plusieurs régions de l’est du pays. Les trois dernières années de précipitations inférieures à la moyenne ont épuisé les réserves d’eau et poussé les autorités à rechercher de nouvelles sources d’énergie.

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Les énergies renouvelables pour réduire le risque de pénurie

La production renouvelable connaît depuis plusieurs années une forte croissance au Brésil, l’enjeu étant de diversifier le mix énergétique national, tout en réduisant la dépendance à l’égard de l’hydroélectricité et d’éviter une nouvelle crise de rationnement, comme ce fut le cas il y a une quinzaine d’années. Dans le secteur solaire tout d’abord, le gouvernement brésilien a annoncé fin 2015 avoir validé la construction de 31 parcs solaires d’ici 2017, soit plus de 1048 MW de puissance attendue. Le régulateur brésilien de l’énergie Aneel a validé l’attribution officielle d’une première vague de projets solaires et a conclu des contrats d’une durée de 20 ans avec plusieurs sociétés d’exploitation qui investiront plus de 4,14 milliards de reals, soit environ 1,33 milliard d’euros. »Cette adjudication est un signal, pas seulement parce qu’elle marque l’entrée de l’énergie solaire au Brésil, mais parce qu’il s’agit de l’une des plus concurrentielles à ce jour », souligne Mauricio Tolmasquim, responsable de la société publique de recherche sur l’énergie EPE.

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Le groupe Engie qui revendique la position de premier producteur privé d’électricité au Brésil, avec environ 6% de la capacité de production électrique du pays (10.212 MW), construit dans ce cadre la centrale d’Assú (30 MW) dans le nord-est du pays, et possède la centrale Cidade Azul (3 MW) dans le sud. Il gère également le parc éolien de 115 MW de Trairi et a annoncé la mise à disposition de 950 MW supplémentaires au cours des six prochaines années. De son côté, EDF EN a acquis 80% d’un projet solaire de Pirapora, d’une puissance de 191 MW, auprès du groupe Canadian Solar, situé dans la région de Minas Gerais au sud-est. Il s’agit du premier projet solaire de la filiale d’EDF dans le pays où il avait racheté en 2015 un portefeuille éolien en développement de 800 MW.

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evolution_puissance_eolienne_bresil_photo_abee_wikipediaL’éolien constitue aussi une filière d’avenir au Brésil et le pays étoffe petit à petit son dispositif. Plus de 9.000 MW de capacités éoliennes sont installées et produisent l’équivalent de 7 % de l’électricité dans le pays. D’autres contrats ont déjà été signés après des ventes aux enchères supervisées par l’Etat, afin que ce ratio double d’ici à 2019. Le producteur indépendant français Voltalia, déjà bien implanté dans le pays, compte aujourd’hui une dizaine de parcs et fournit 300 mégawatts au Brésil.

Vers un nouveau programme de développement nucléaire ?

Si aucun programme précis de développement n’a encore été communiqué ni aucun appel d’offres lancé, le gouvernement brésilien pourrait également s’appuyer sur l’énergie nucléaire en soutien de sa filière hydroélectrique. Ce dernier a évoqué la construction éventuelle de quatre nouveaux réacteurs de 1000 à 1.400 MW d’ici 2030, doublant ainsi la capacité de production du parc nucléaire brésilien, plafonné à 3% de son mix électrique.

Centrale nucléaire d'Angra au Brésil
Centrale nucléaire d’Angra au Brésil

Le Brésil possède à ce jour deux réacteurs construits dans les années 1970 sur le site d’Angra et un troisième toujours en cours de construction mais dont le chantier avait été suspendu pendant plusieurs années faute de financements. Il a aujourd’hui repris dans le cadre d’un nouvel accord avec le groupe Areva et marque ainsi la relance du programme nucléaire brésilien. En effet, comme l’a déclaré en 2015 Eduardo Braga, alors ministre des Mines et de l’Énergie, le Brésil continuera d’investir dans l’énergie nucléaire et évalue actuellement un certain nombre d’emplacements pouvant accueillir quatre nouveaux réacteurs d’ici 2030. Le réacteur Angra 3 devrait être opérationnel d’ici 2018 et représenter une puissance supplémentaire de 1.405 MW.

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« En confirmant l’élargissement prévu de son programme électronucléaire, le Brésil démontre qu’il veut s’assurer d’avoir un portefeuille énergétique équilibré. La construction de nouveaux réacteurs augmentera la capacité de production de base et enrichira le panier d’énergies du pays, prenant appui sur les réacteurs actuellement en exploitation », explique Mark Marano, président du groupe Westinghouse pour la région des Amériques. Le marché du nucléaire brésilien s’annonce de ce fait très prometteur et si le groupe américain Westinghouse est déjà sur le pont, l’industriel français Areva pourrait bénéficier de sa relation commerciale privilégiée retrouvée dans le cadre du chantier du réacteur Angra 3.

Crédits photo : SP Engie

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