Climat : les premières décisions de Donald Trump alertent les écologistes

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Près d’un mois après l’élection du républicain Donald Trump, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les intentions réelles du futur Président des ...

Climat : les premières décisions de Donald Trump alertent les écologistes - © L'EnerGeek

Près d’un mois après l’élection du républicain Donald Trump, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les intentions réelles du futur Président des Etats-Unis et sur les suites qu’il entend donner à l’engagement climatique du pays. Loin d’être rassurante, la nomination du climato-sceptique Scott Pruitt à la tête de l’Agence environnementale américaine annoncée le 8 décembre dernier attise les inquiétudes des écologistes. Donal Trump a-t-il réellement les moyens de revenir sur les engagement des Etats-Unis en matière environnementale et d’abroger les lois et réglementations édictées ces dernières années dans ce domaine ?

Donald Trump ou le climato-septicisme assumé

Donald Trump est un climato-septique affirmé. Le milliardaire américain n’a jamais caché ses doutes quant au réchauffement climatique comme il ne s’est jamais caché de sa préférence pour les grandes compagnies pétrolières rentables. Ces derniers mois, il a d’ailleurs multiplié les déclarations contestant l’existence du dérèglement climatique et le rôle de l’homme dans les phénomènes qui lui seraient liés. « Je suis à Los Angeles et il gèle, le réchauffement est un canular total », tweetait-t-il en décembre dernier.

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Au mois de mai, il annonçait même sa volonté de désengager les Etats-Unis du traité mondial obtenu à Paris fin 2015 s’il était élu. C’est aujourd’hui chose faite et les partisans de la lutte contre le changement climatique peuvent s’inquiéter. Donald Trump peut-il vraiment engager une sortie de l’accord de Paris, un « Parexit », comme 400 scientifiques américains l’ont déjà baptisé dans une lettre ouverte exhortant leur pays à respecter ses engagements ? La question reste ouverte mais préoccupe d’autant plus lorsque l’on mesure l’importance de l’engagement des Etats-Unis (deuxième plus gros pollueur après la Chine) pour la viabilité de cet accord.

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« L’accord de Paris ne prévoit pas de sanction »

Le gouvernement de Barack Obama a en effet joué un rôle déterminant dans le succès de l’Accord de Paris et le retrait des Etats-Unis offrirait certainement à d’autres parties l’occasion de se dédouaner de leurs engagements. « Il serait malheureux que l’extraordinaire rôle moteur joué par les Etats-Unis ces dernières années s’arrête », expliquait le maldivien Thoriq Ibrahim, porte-parole des petits Etats insulaires lors de la COP22 à Marrakech au mois de novembre.

« Il serait malheureux que l’extraordinaire rôle moteur joué par les Etats-Unis ces dernières années s’arrête »

Dans la pratique, le pacte prévoit que les pays l’ayant ratifié (dont les Etats-Unis) ne puissent le dénoncer avant quatre ans (dont un de préavis). Un délai qui n’empêchera pas pour autant le nouveau gouvernement américain de bloquer les négociations ou tout simplement de ne pas respecter ses engagements. « Rien n’empêche concrètement de tourner les talons« , explique Teresa Ribera, directrice de l’Institut du développement durable (Iddri). « Le Canada a bien quitté Kyoto! Et l’accord de Paris ne prévoit pas de sanction« , ajoute-t-elle.

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Reste donc à savoir ce que fera Donald Trump. Si le nouveau Président américain a manifestement modéré sa position depuis son élection, ses premières décisions en matière d’environnement, en particulier la nomination de Scott Pruitt à la tête de l’Agence américaine de l’environnement (EPA), posent questions et font craindre le pire aux associations écologistes.

La nomination Scott Pruitt en question

Réputé proche de l’industrie des énergies fossiles et ministre républicain de la Justice de l’Oklahoma, Scott Pruitt a passé le plus clair de son temps en conflit avec l’Agence de l’environnement. Il a notamment mené une bataille judiciaire contre les mesures réglementaires du président Barack Obama, mises en œuvre par l’EPA, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques au charbon. Il s’est engagé jeudi, suite à sa nomination, à « faciliter à la fois la protection de l’environnement et la liberté d’agir des entreprises américaines ».

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Pour le sénateur Bernie Sanders, ancien candidat à l’investiture démocrate contre Hillary Clinton, la nomination d’un fervent défenseur du charbon à l’heure où le changement climatique représente la plus grande menace environnementale pour toute la planète, est « triste et dangereuse ». « M. Pruitt a non seulement dit ne pas croire au changement climatique, mais c’est aussi quelqu’un qui a travaillé étroitement avec l’industrie des énergies fossiles pour rendre ce pays plus dépendant à cette source énergétique », a-t-il déclaré.

Des soupçons de chasse aux sorcières

Pire encore, des soupçons de chasse aux sorcières au sein de l’EPA pèseraient aujourd’hui sur le futur président américain. L’équipe de Donald Trump a en effet envoyé cette semaine au département de l’Energie une note réclamant les noms des employés ayant participé aux conférences sur le climat organisées par l’ONU durant les cinq dernières années, provoquant de fortes inquiétudes au sein de l’Agence.

L’équipe de Donald Trump aurait réclamé les noms des employés ayant participé aux conférences sur le climat organisées par l’ONU.

L’équipe de transition de Trump pour l’Energie a également réclamé liste de toutes les personnes ayant participé à des réunions portant sur le coût social du dioxyde de carbone, cette mesure étant utilisée par les agences gouvernementales pour évaluer l’efficacité des politiques contre le changement climatique. « Ça ressemble à une première ébauche de liste d’ennemis politiques éventuels », explique un employé du département de l’Energie.

Vers une levée des restrictions environnementales ?

Outre cette nomination annonciatrice d’une politique environnementale beaucoup moins restrictive, Donald Trump a également réaffirmé dimanche, à l’occasion d’une interview accordée à la chaîne de télévision Fox News, sa volonté de lever toutes les restrictions environnementales qui pèsent sur le développement de l’industrie énergétique aux Etats-Unis. « Je vais lever les limitations qui pèsent sur l’énergie américaine et je vais permettre à cette richesse de profiter à nos communautés », a-t-il déclaré. Il a justifié devoir évaluer les réglementations environnementales par le fait que les producteurs de Chine ou d’ailleurs pouvaient travailler sans limitation alors que leurs concurrents américains devaient composer avec de telles règles.

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Aux aguets, les écologistes américains se disent prêts à aller en justice pour défendre les efforts entrepris en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. « Si Trump essaye de revenir sur la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement, nous le combattrons dans les tribunaux, dans la rue et au Congrès », a réagi Michael Brune, forte des 2,4 millions de membres de l’une des plus grandes ONG américaines de défense de la nature qu’elle dirige, le Sierra Club.

Crédits photo : Gage Skidmore

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