En chantier depuis plusieurs mois, la Programmation pluriannuelle de l’énergie devrait finalement voir le jour cette année, ou du moins en partie. Le ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer a soumis en début de semaine au Conseil supérieur de l’énergie (CSE), la première partie du projet d’arrêté dédié aux énergies renouvelables, laissant en suspens la question du nucléaire. L’avis du CSE sera rendu dans le courant du mois d’avril pour une publication au Journal Officiel en mai.
Les objectifs de développement des EnR soumis à consultation
En France, la loi de transition énergétique pour une croissance verte, adoptée au mois d’août dernier, prévoit que les énergies renouvelables assureront 40 % de la production électrique nationale à l’horizon 2030. La ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, Ségolène Royal, a dévoilé pour cela les nouvelles ambitions du gouvernement en la matière et signé officiellement la première partie de la Programmation annuelle de l’énergie (PPE) le mercredi 6 avril dernier.
Selon la ministre, le gouvernement a « décidé de mettre à consultation la partie de la Programmation pluriannuelle de l’énergie qui concerne les énergies renouvelables (…) parce que ça permet de motiver les filières industrielles (…) et de donner une place claire à tous les appels à projets ».
La PPE, nouvel instrument de planification économique, consacre les objectifs de développement des sources d’énergie pour les deux premières périodes 2016-2018 et 2019-2023, et les trajectoires à atteindre pour honorer l’objectif de 2030 pour chaque filière renouvelable.
Selon des extraits du projet révélés par l’AFP, le gouvernement vise un objectif de 14.300 mégawatts (MW) de capacité installée pour l’éolien terrestre en 2018, puis une fourchette de 21 800 à 23 300 MW en 2023. Pour l’énergie solaire, l’objectif intermédiaire est de 10 200 MW, porté ensuite jusqu’à 20 200 MW. L’ambition pour l’éolien en mer a quant à elle été revue à la baisse avec seulement 500 MW de puissance installée en 2018 et 3 000 MW en 2023, alors qu’elle visait précédemment 6 000 MW en 2020.
La question du nucléaire en suspens
Si cette première partie est prête et pourrait être publiée dès le mois de mai (en fonction de l’avis du CSE), le gouvernement a choisi de temporiser sur la question du nucléaire. Pour rappel, la loi de transition énergétique prévoit de baisser la part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique français de 75 % à 50 % d’ici à 2025. Or, cette question fait toujours débat et nécessite selon Ségolène Royal de plus amples réflexions quant à sa réalisation concrète.
« Je ne vais pas freiner la partie Programmation pluriannuelle du renouvelable, parce que sur le nucléaire, c’est beaucoup plus complexe », s’est-t-elle défendue en conférence de presse, se référant notamment aux nombreux enjeux économiques des fermetures de centrales envisagées.
Pour diminuer la part du nucléaire, « soit on ferme les centrales les plus anciennes, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire et sur proposition de l’entreprise EDF, soit on diminue le volume de production des centrales. Ce travail mérite des analyses techniques complémentaires qui ne sont pas terminées », a-t-elle expliqué.
Avant toute publication finale de la seconde partie du projet, une cartographie précise du parc nucléaire français devra être établie. Elle précisera selon les volontés de la ministre les centrales à prolonger au-delà des 40 années d’exploitation et les réacteurs à fermer avant 2025.
Crédits photo : Jean-Louis Zimmermann
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