Si la transition énergétique peut parfois s’avérer lourde à porter, pour les fournisseurs d’énergie, au regard des forts investissements de base qu’elle implique, elle serait également le terreau d’opportunités économiques considérables. Une étude publiée le mardi 5 janvier dernier par les cabinets Accenture et CDP estime en effet que le basculement dans un système d’énergie bas carbone pourrait créer jusqu’à 380 milliards d’euros par an de valeur nouvelle d’ici à 2030 pour les opérateurs.
Accompagner la transition vers un monde bas carbone
Dans un rapport commun intitulé « Low-Carbon, High Stakes » et relayé par le site Actu Environnement, les cabinets d’études Accenture et CDP identifient les voies de développement et les modèles économiques prometteurs accompagnant les mutations énergétiques à venir. La lutte contre le changement climatique impose en effet aux acteurs du secteur énergétique – responsables de 25% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale – de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles et d’investir massivement dans le développement des énergies vertes et décarbonées.
Comme l’explique Peter Lacy, directeur d’Accenture Strategy au niveau mondial, « la réponse mondiale aux émissions de gaz à effet de serre et à la pénurie d’eau va mettre en danger les modèles actuels de production et de fourniture d’électricité, et menacer les profits des fournisseurs. Pour soutenir la croissance, améliorer la compétitivité et générer de la valeur de façon durable, cette industrie doit être prête à se transformer et à profiter des opportunités qui émergent des systèmes d’énergie à faibles émissions de carbone ».
Les auteurs du rapport ont calculé que, sans évolution de leur part, les pertes pour les fournisseurs d’énergie pourraient atteindre jusqu’à 930 milliards d’euros par an à l’horizon 2030 en raison de la forte demande en électricité et de l’introduction de la tarification du carbone. A l’inverse, une évolution raisonnée et adaptée aux exigences climatiques et aux caractéristiques des énergies bas carbone, pourrait leur permettre de générer annuellement, entre 245 et 380 milliards d’euros de valeur nouvelle sur la même période.
Une évolution nécessaire des modèles économiques
Le rapport détaille pour cela six pistes de développement possibles, toutes sources d’opportunités économiques et qui permettraient aux opérateurs de réduire leurs coûts et d’augmenter leurs revenus de manière significative.
La première niche consiste à accentuer les efforts en matière d’efficacité énergétique dans la production d’électricité dans le but de réduire à la fois les coûts opérationnels et les coûts d’émissions de CO2. Ces économies potentielles sont évaluées aujourd’hui à près de 55 milliards d’euros par an.
Ajouté à cette première mesure somme toute assez logique, Accenture et CDP estiment surtout que les producteurs, fournisseurs, transporteurs et distributeurs d’électricité doivent désormais se renouveler et profiter de l’essor des énergies renouvelables.
Ils identifient notamment cinq modèles économiques valables offrant aux opérateurs de réelles perspectives de développement dans les services de gestion de l’énergie offerts aux consommateurs (opérateurs d’énergie « as-a-service »), dans l’exploitation à grande échelle des actifs de production bas carbone, dans la mise en place de partenariats avec les collectivités et les particuliers (fournisseurs d’accès à une énergie propre locale), dans l’optimisation des réseaux et la généralisation des smart grids, et enfin, dans le développement des technologies de captation du carbone.
Pour parvenir aux 380 milliards d’euros par an potentiels, les opérateurs d’énergie devront également « découpler les revenus de la production d’électricité de ceux des volumes des ventes, engager des opérations pour réduire les émissions de CO2, céder les actifs et les activités non stratégiques, et engager davantage de partenariats inter-industries », précise le document.
Crédits photo : Kuebi
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