Selon un rapport de la Banque mondiale réalisé en partenariat avec l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et publié le lundi 18 mai dernier, des progrès significatifs auraient été accomplis dans l’électrification progressive de la population mondiale et l’augmentation des moyens de production renouvelable. Des progrès encourageants mais qui restent toutefois largement insuffisants pour atteindre d’ici 2030 les objectifs fixés dans la cadre du programme des Nations Unis Se4All (Sustainable Energy for all).
Se4All ou la globalisation d’une énergie durable
Le rapport publié par l’Agence internationale de l’énergie et la Banque mondiale s’inscrit dans le cadre de l’initiative pour une énergie durable pour tous du programme Se4all lancée par le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon en Septembre 2011. Cette nouvelle publication est la deuxième édition du rapport, et fournit une mise à jour sur les évolutions des trois grands objectifs du programme SE4ALL, à savoir, garantir au plus grand nombre l’accès universel aux services énergétiques modernes, doubler le taux global d’amélioration de l’efficacité énergétique et doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial.
Comme l’explique Kandeh Yumkella, Secrétaire général et représentant spécial pour le programme Se4All, « l’initiative de l’ONU dans le cadre du programme Se4All est un partenariat réunissant le secteur public, le secteur privé et la société civile […] Avec ces trois variables interdépendantes cibles que sont l’accès universel aux services énergétiques modernes, l’amélioration de l’efficacité énergétique, et l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial d’ici 2030, il offre une feuille de route pour un avenir dans lequel la fin de la pauvreté énergétique ne doit pas se faire au détriment de la planète« .
Des progrès importants mais toujours insuffisants
Ainsi, entre 2010 et 2012, le taux global d’électrification serait passé de 83% à 85% de la population mondiale, portant le nombre de personnes encore privées l’électricité à 1,1 milliard (contre 1,2 milliard en 2010). L’Inde par exemple a fait des nombreux progrès significatifs en la matière, mais d’autres pays, en Afrique Subsaharienne notamment, n’ont que très peu évolué. D’autre part, presque aucun progrès n’a été enregistré dans l’évolution des installations de cuisson puisque qu’environ 40% de la population mondiale continuent à utiliser des combustibles fossiles polluants, voire dangereux pour la santé, pour cuisiner.
« Nous nous dirigeons dans la bonne direction pour mettre fin à la pauvreté énergétique, mais nous sommes encore loin de la ligne d’arrivée« , a déclaré Anita Marangoly George, directeur principal pour l’énergie à la Banque mondiale.
Le rapport indique que la part des énergies renouvelables (dont l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire principalement), a augmenté assez rapidement de 4% par an entre 2010 à 2012. Une augmentation certes encourageante mais bien inférieure aux attentes du programme SE4ALL. Les objectifs de l’ONU pour 2030 réclament en effet un taux de croissance annuel d’environ 7,5%. L’efficacité énergétique s’est également améliorée, enregistrant une baisse annuelle sur la même période de 1,7% de l’intensité énergétique globale. Un tendance là aussi positive mais qui devra largement s’accélérer.
Au total, et malgré ces quelques améliorations, près d’une personne sur sept dans le monde vit toujours aujourd’hui sans électricité, et près de trois milliards utilisent toujours les modes de cuisson les plus polluants.
Mobiliser de plus grands investissements
Selon la Banque mondiale et l’Agence internationale de l’énergie, les investissements mondiaux annuels en énergie devraient donc tripler si l’on veut un jour atteindre les objectifs fixés par le programme Se4All, passant dans l’idéal, des 400 milliards de dollars actuels à près de 1200 milliards de dollars.
Plus précisément, le rapport précise qu’entre 40 et 100 milliards de dollars seraient nécessaires chaque année pour financer les progrès d’accès à l’énergie pour tous tandis que seulement 4,3 milliards suffiraient à équiper la population mondiale de moyens de cuisson modernes plus durables.
« Nous devrons travailler pour parvenir à mobiliser de plus grands investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique« , a conclu George Marangoly.
Crédits photo : AIE, Clicgauche
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