La ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Ségolène Royal, a indiqué mardi 30 septembre, à l’antenne de France Inter, ne pas exclure la prolongation de l’exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) et, en conséquence, la fermeture de réacteurs sur un autre site français. Des déclarations qui font suite à la publication d’un rapport parlementaire qui juge coûteuse – sur le plan économique et social – l’éventuelle fermeture de la centrale de Fessenheim.
La fermeture de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne du parc nucléaire français, d’ici 2016 était une des promesses phares du candidat à l’élection présidentielle François Hollande, en 2012. Deux ans plus tard, le rapport des députés Marc Goua (PS) et Hervé Mariton (UMP) risque bien d’inciter le gouvernement à faire machine arrière.
En cause, le coût de l’opération, estimé à 5 milliards d’euros. L’indemnisation du groupe EDF, qui exploite la centrale, s’élèverait à 4 milliards d’euros. Sont également pris en compte, dans ce montant, “les impacts sur le territoire, sur l’emploi, sur les finances des collectivités locales concernées, sur le réseau électrique, sur la balance commerciale et sur l’image de l’industrie nucléaire”.
La ministre de l’Ecologie a reconnu – à demi-mots – vouloir procéder à l’arrêt d’autres réacteurs nucléaires que ceux de Fessenheim dans les années à venir. “Ma préférence va vers la fermeture de réacteurs sur un site où il y a plus de deux réacteurs [Fessenheim en compte deux, NDLR] parce que ça évite la fermeture complète d’un site industriel”, a-t-elle déclaré.
Sur le plan économique, la centrale de Fessenheim a représenté, jusqu’ici, un investissement total de 500 millions d’euros. Mais le site est fortement rentable, comme l’indique le rapport parlementaire, puisqu’il rapporte 200 millions d’euros par an et pourrait représenter un gain de 4,8 milliards d’euros pour le groupe EDF entre 2017 et 2040.
Sur le plan social, la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim (900 MW chacun) pourrait impacter directement 2.000 emplois selon les députés, et plus de 5.000 selon l’INSEE.
Une brèche a donc été ouverte, alors que le projet de loi de transition énergétique est examiné à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée. Celui-ci prévoit notamment de plafonner la capacité nucléaire française à hauteur de 63,2 GW. Un objectif qui suggère la fermeture de plusieurs réacteurs pour compenser la mise en service de l’EPR de Flamanville d’ici 2016.
Affirmant sa volonté de transcender les clivages idéologiques, la ministre de l’Ecologie a indiqué vouloir étudier toute proposition d’EDF et de l’Autorité de sûreté nucléaire quant à la fermeture de réacteurs nucléaires.