Une étude menée par l’université d’Harvard, aux Etats-Unis, a permis d’améliorer les performances d’une batterie à flux grâce à l’utilisation de la quinone, une molécule organique utile à la photosynthèse de nombreuses plantes. Selon les scientifiques en charge de ces recherches, ce nouveau type de batterie serait une solution économique qui permettrait de résoudre le problème de l’intermittence des énergies renouvelables.
En effet, les énergies éoliennes et photovoltaïques présentent aujourd’hui un problème majeur, rendant leur intégration à nos mix électriques assez complexe : leur caractère intermittent. Cette imprévisibilité de leur production est étroitement lié au fait que les moyens de production concernés sont dépendants des conditions climatiques. Seul moyen de palier ces aléas, stocker l’énergie produite pour la redistribuer lorsque la demande en électricité est supérieure à la production.
[stextbox id= »info »]Une molécule en charge de transporter des charges électriques[/stextbox]
Dans un article publié le 9 janvier dernier dans le magasine Nature, un groupe de chercheurs d’Harvard affirment avoir mis au point une batterie capable de charger et de décharger de l’énergie électrique beaucoup plus rapidement que les batteries actuelles. Ce groupe de scientifiques a eu l’idée de chercher du côté de Dame nature un composant chimique qui remplacerait les ions métalliques (coûteux) utilisés pour le transport des charges électriques dans les batteries traditionnelles
Abondantes dans la nature et donc peu coûteuses, les quinones sont des molécules qui servent à capter les électrons nécessaires à la photosynthèse de nombreuses plantes. Et qui sont donc capables de transporter des charges électriques. C’est finalement sur un produit dérivé de la quinone de la rhubarbe que le choix du groupe s’est posé, après le test des performances de près de 10.000 quinones différentes.
« Le monde entier utilise des ions métalliques dans différents états de charge, mais peu d’entre eux sont solubles et utilisables pour stocker de l’énergie. Et aucun d’entre eux ne peut stocker des quantités massives d’énergie renouvelable, pour un coût moindre. Avec les molécules organiques, nous présentons un nouvel ensemble de vastes possibilités. Quelques-unes de ces molécules sont terriblement inefficaces alors que d’autres sont formidables. Avec les quinones, on obtient des premiers résultats qui semblent excellents », estime Roy-Gordonsaid, un des co-auteurs à la base de l’étude.
[stextbox id= »info »] 20 euros par kWh stocké [/stextbox]
L’autre avantage de la quinone est qu’elle est soluble dans l’eau. Une propriété qui, selon les chercheurs d’Harvard, permettrait de concevoir des batteries sous forme de grands réservoirs capable de stocker d’importantes quantités d’électricité. Un dispositif qui remplacerait à terme les piles à l’état solide, comme celles que l’on trouve dans les voitures ou les smartphones.
« Imaginez un système de la taille d’une cuve de fioul domestique installée au sous-sol de votre maison. Il serait en mesure de stocker la quantité d’une journée de soleil à partir des panneaux solaires exposés sur le toit, soit potentiellement assez pour alimenter votre foyer en fin de journée, toute la nuit, et jusqu’au petit matin, sans brûler une seule goutte de combustible fossile », a déclaré Michael Marshak, un autre co-auteur de l’étude.
Selon les données du magazine Nature, les batteries élaborées grâce à la quinone seraient en mesure de stocker 1 kWh d’électricité pour 20 euros. Soit un tiers du prix des solutions de stockage d’électricité actuelles. Plus stable, ces batteries ont également moins de chance de réagir violemment « si elles entraient accidentellement en contact l’une avec l’autre ».
Ces scientifiques américains espèrent pouvoir commercialiser leur batterie à base de quinone au cours des 3 prochaines années.
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