Électricité : PPE, facture… Olga Givernet  explique ce qui va changer pour les Français

Publié le

Écrit par :

Axelle Ker

Temps de lecture: 4 minutes

Les premiers flocons de neige tombent à Paris, nous entrons dans le dur de la saison hivernale. Pas d’inquiétude sur ...

électricité, Olga Givernet, facture, industrie, prodcutio, changement
Électricité : PPE, facture… Olga Givernet  explique ce qui va changer pour les Français | L'EnerGeek

Les premiers flocons de neige tombent à Paris, nous entrons dans le dur de la saison hivernale. Pas d’inquiétude sur d’éventuelles coupures d’électricité, rassurait le gestionnaire du réseau électrique national RTE il y a quelques jours. Même son de cloche du côté du gouvernement. Olga Givernet, ministre déléguée en charge de l’Énergie, a confirmé les bonnes projections à l’occasion d’un entretien exclusif avec Amélie Charnay pour Capital, le 15 novembre 2024. La ministre en a profité pour expliquer plus amplement les changements à venir, pour les industriels et les consommateurs.

Un hiver sous contrôle mais sous surveillance

Olga Givernet, ministre déléguée à l’Énergie, s’est voulue rassurante sur les capacités de la France à affronter l’hiver, assurant auprès de Capital que « tous les feux sont au vert », et faisant ainsi écho à la remise en service des centrales nucléaires touchées par des problèmes techniques. La ministre a également souligné que les stocks de gaz sont remplis à pleine capacité, ce qui permet même d’envisager des exportations vers ses pays voisins, notamment en Belgique, l’Allemagne ou encore la Suisse. Concernant EDF, RTE table sur des exportations records pour cet hiver 2024-2025, soit entre 85 térawattheures (TWh) et 90 TWh pour EDF.

La stratégie énergétique du gouvernement repose en grande partie sur les « flexibilités décarbonées », un dispositif piloté par RTE, explique la ministre déléguée. Cet appel d’offres, lancé en août 2024, vise à inciter les industriels à réduire ou décaler leur consommation pendant les pics de demande afin d’éviter toute saturation du réseau national, en échange de compensations financières. « Nous sommes en mesure d’annoncer que 170 offres ont été retenues pour un volume de 2 400 mégawatts dès 2025, ce qui représente l’équivalent de deux à trois réacteurs nucléaires en termes de capacité de réduction », détaille Olga Givernet.

Le plus lu  Le Japon continue la relance du nucléaire

L’inquiétude plane néanmoins du côté des industriels. Comme l’indiquaient les projections de la Fabrique de l’industrie, la filière a consommé environ 103 térawattheures (TWh) en 2023, et celle-ci devrait doubler d’ici à 2050, soit passer le cap des 207 TWh. EDF a bien mis en place des contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) pour offrir des tarifs préférentiels à long terme à la filière, contrats qui ont vocation à remplacer ceux de l’Arenh fin 2025 (loi NOME de 2010). Mais les industriels semblent ne pas y trouver leur compte et réclament, de fait, davantage de garanties sur la stabilité des prix de l’électricité qu’ils devront payer.

Baisse du prix de l’électricité, mais retour des taxes : un équilibre délicat pour les factures des Français

Autre point abordé par Olga Givernet dans le cadre de son entretien pour Capital, et non des moindres : les factures d’électricité des Français. Comme l’a réaffirmé la ministre déléguée en charge de l’Énergie, le gouvernement prévoit bien, tel que promis, une baisse de 9 % dès février 2025 pour 80 % des ménages sous tarifs réglementés. Mais la loi NOME de 2010 arrivant à échéance en 2025, le gouvernement envisage de doubler la taxe TICFE (Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité), d’augmenter le TRUPE (Tarif Réseaux) ou encore de faire passer la TVA sur l’abonnement de gaz et électricité de 5,5 % à 20 %.  « Le retour des taxes, progressif depuis février 2024, n’entraînera pas d’augmentation pour la majorité des consommateurs », a tenté de rassurer la ministre. Olga Givernet a ainsi insisté sur le fait que ces taxes, suspendues pendant la crise énergétique, doivent être réintroduites pour soutenir les finances publiques. Mais en parallèle, l’exécutif lorgne sur une proposition du député Laurent Wauquiez, appelé clause de rendez-vous. Cette mesure consisterait à indexer les taxes en fonction du prix de l’électricité sur le marché de gros. Toutefois, aucune précision n’a été donnée sur les mécanismes que le Parlement ni le gouvernement pourraient mettre en place pour ajuster lesdites taxes en fonction des fluctuations des prix, ce qui fait craindre de potentielles hausses des factures des Français. D’autre part, L’Autorité de la concurrence a émis une recommandation de mettre fin au tarif réglementé de vente de l’électricité, le TRV.

Le plus lu  La Chine veut se doter d'un réacteur nucléaire naval

Plusieurs associations de consommateurs, notamment UFC-Que Choisir et CLCV, dénoncent un « scandale fiscal » et pointent un manque d’ambition dans la réduction des coûts, ainsi qu’une politique énergétique qui ne serait pas basée sur le coût réel de l’électricité. La ministre de son côté a mis en avant le chèque énergie, qui bénéficie d’un budget de 900 millions d’euros et dont le montant oscille entre 49 et 277 euros pour les ménages les plus modestes. Mais là aussi, les associations pointent du doigt le gouvernement, qui a mis fin au versement automatique pour les nouveaux bénéficiaires, allant pour certaines d’entre elles, jusqu’à l’accuser d’avoir volontairement modifié le dispositif pour en minimiser la distribution. Comme le soulignait d’ailleurs RMC à ce sujet, seuls 10 % des personnes concernées auraient en effet effectué leur demande au début du mois de novembre pour le chèque énergie de 2025.

Des objectifs climatiques ambitieux et des besoins de financement colossaux

La ministre a également abordé la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Celle-ci fixe des objectifs ambitieux pour accélérer la transition énergétique. D’ici 2050, la France vise 45 gigawatts d’éolien en mer, avec un jalon intermédiaire de 18 gigawatts en 2035. « Nous avons besoin que la filière industrielle des renouvelables soit au rendez-vous », a insisté la ministre auprès de Capital.

Nonobstant, il semble important de préciser que si l’augmentation de la production des énergies renouvelables s’annonce comme une bonne nouvelle, leur raccordement au réseau électrique national nécessite des besoins financiers colossaux. Comme l’indiquaient la Commission de régulation de l’énergie ainsi que RTE, il faudrait investir entre 100 milliards et 150 milliards d’euros d’ici à 2040 dans la modernisation du réseau, modernisation qui, il nous semble important de le rappeler, comprend aussi, la création de nouvelles infrastructures destinées à l’exportation de l’électricité française vers les pays voisins.

Le plus lu  L'Amazonie veut atteindre l'indépendance énergétique grâce au solaire

Des incohérences persistent d’ailleurs, en témoigne la réactivation de la centrale à charbon de Saint-Avold. « Ce n’est pas une décision du gouvernement mais de l’opérateur, motivée par des prix attractifs sur le marché », martèle la ministre. L’objectif reste la fermeture définitive des centrales à charbon d’ici à 2027, assure Olga Givernet. Pour conclure, la ministre a rappelé que le plan français de transition énergétique implique une mobilisation de tous les secteurs, du logement aux transports, en passant par l’industrie. En définitive, la ministre déléguée en charge de l’Énergie s’est voulue rassurante, mais il semble néanmoins que certains sujets aient (volontairement ?) été mis sous le tapis…

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous aimez cet article ? Partagez !

À propos de l'auteur :
Axelle Ker
Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.