Flamanville : le nouveau gouvernement devra peut-être démarrer le réacteur EPR

Flamanville : le nouveau gouvernement devra peut-être démarrer le réacteur EPR

centrale nucléaire EPR
Flamanville : le nouveau gouvernement devra peut-être démarrer le réacteur EPR - © L'EnerGeek

Alors que le gouvernement français est en pleine transition, le lancement du réacteur EPR de Flamanville devient une priorité. Tant pour le gouvernement sortant que pour la nouvelle équipe ministérielle, l’objectif est de démarrer cette installation avant la fin de l’été, moment où elle commencera à produire de l’électricité.

L’EPR de Flamanville, une mise en service majeure

Le réacteur EPR de Flamanville, le plus puissant du parc nucléaire français avec une capacité de 1.650 mégawatts, représente une avancée technologique. Après 17 ans de travaux et un investissement final de 13,2 milliards d’euros, ce projet est prêt à produire de l’électricité. EDF a effectué le chargement de 60 000 crayons de combustible nucléaire dans le réacteur, complétant ainsi cette phase essentielle pour débuter la production d’électricité à la mi-mai. L’exploitant EDF, soutenu par l’État, prévoit un démarrage des opérations pour la fin de l’été 2024, marquant ainsi la fin d’un long périple ponctué de nombreux défis, notamment des fissures, des anomalies d’acier et des défauts de soudure.

Le feu vert donné par l’Autorité de sûreté nucléaire le 7 mai dernier marque une étape décisive, permettant à EDF de lancer les essais nécessaires avant la mise en service effective. Avec un retard de douze ans par rapport au calendrier initial, ce projet symbolise les défis liés à l’innovation dans le domaine de l’énergie nucléaire en France. Ces essais sont essentiels pour assurer la sécurité du cœur du réacteur et le bon fonctionnement des dispositifs de sûreté, étapes obligatoires avant que le réacteur ne commence à livrer de l’électricité à plein régime, prévu pour la fin de l’année.

D’importants défis techniques

Après avoir réussi les essais préliminaires, y compris les tests à froid et à chaud, EDF a reçu l’autorisation de la part de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour lancer la première réaction de fission nucléaire de l’EPR à Flamanville. Une autorisation qui a permis à EDF de débuter le chargement du combustible dans le réacteur. Une phase d’essais approfondis suivra pour vérifier le bon fonctionnement des dispositifs de sûreté. Le raccordement au réseau électrique est prévu dans quelques mois, avec une montée progressive de la puissance, atteignant 100 % en fin d’année.

Malgré ces avancées, le projet continue de susciter des inquiétudes, notamment en raison des préoccupations environnementales soulevées par des associations. Ces dernières ont déjà engagé plusieurs actions en justice, soulignant les risques et les irrégularités associés à ce projet d’envergure. Toutefois, avec l’autorisation récente de l’ASN, EDF peut désormais envisager un démarrage de la production d’électricité cet été, bien que le projet ait accumulé douze années de retard.

De nombreux retards et surcoûts

Le projet EPR de Flamanville, initialement prévu pour dynamiser la filière nucléaire européenne après la catastrophe de Tchernobyl, s’est heurté à des retards considérables et des surcoûts impressionnants. Débuté en 2007, il devait symboliser le renouveau de l’atome en Europe avec une technologie avancée offrant plus de sûreté et de puissance. Cependant, le chantier a été marqué par des problèmes structurels majeurs tels que des fissures dans le béton, des anomalies dans l’acier de la cuve et des défauts de soudure. Ces complications techniques ont poussé le budget initial de 3,3 milliards d’euros à une estimation actuelle de 13,2 milliards d’euros, quadruplant presque les coûts prévus.

Avec le gouvernement français envisageant la construction de jusqu’à 14 nouveaux réacteurs, le chargement du combustible à Flamanville se présente comme une étape clé, non seulement pour EDF mais pour toute l’industrie nucléaire du pays. Ce moment doit permettre de tourner la page sur les difficultés des 17 dernières années et de regagner la confiance du public et des investisseurs. Si cette mise en service réussit sans autres contretemps, elle pourrait servir de modèle pour les futurs projets nucléaires en France, illustrant que malgré des débuts difficiles, la persévérance et l’innovation peuvent finalement mener à une réussite dans ce secteur critique pour la transition énergétique du pays.

 

 

Rédigé par : Stéphanie Haerts

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Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.
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