Hydrogène vert : le gouvernement est hors sol pour l’Académie des sciences

Hydrogène vert : le gouvernement est hors sol pour l’Académie des sciences

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Le rapport du 9 avril 2024 de l’Académie des sciences s’apparente à une véritable douche froide pour les ambitions du gouvernement pour l’hydrogène vert.

 

Des ambitions démesurées pour l’hydrogène vert

Le gouvernement français avait un plan bien ambitieux pour développer l’hydrogène vert. Emmanuel Macron avait annoncé dès 2021 une enveloppe de 2 milliards d’euros pour accélérer le développement de la filière hydrogène, enveloppe qui a par la suite été augmentée de 9 milliards d’euros dans le cadre du Plan France 2030. 

Cependant, l’Académie des sciences a sévèrement critiqué ce plan. Selon Marc Fontecave, professeur au Collège de France et co-auteur du rapport, celui-ci est tout simplement « irréalistes » déclare-t-il dans un entretien accordé au Point, notamment du fait que la production d’hydrogène propre nécessite une quantité colossale d’électricité. Comme le rappelle l’institution scientifique française : pour produire un million de tonnes d’hydrogène vert, il faut environ 55 TWh d’électricité, soit l’équivalent de 5 réacteurs nucléaires EPR de 1 600 MW chacun. Partant de ce constat, atteindre l’objectif de 4 millions de tonnes d’hydrogène vert en 2035 tel que fixé par le Plan France 2030 nécessiterait 20 réacteurs supplémentaires. Si la production d’hydrogène vert s’appuyant sur l’éolien offshore, celle-ci exigerait la création de 36 à 40 nouveaux parcs d’ici 2035 pour répondre à l’objectif du gouvernement. Sans objectifs crédibles, et qui de fait, risquent de ne pas être atteints, le citoyen pourrait être amené à « considérer que les gens à la tête des affaires sont soit des incompétents, soit des menteurs », avertit Marc Fontecave.

 

Des défis qui nécessitent pragmatisme et priorisation

Outre les défis techniques, le rapport souligne les contraintes économiques que pose la fabrication d’hydrogène décarboné. Aujourd’hui, l’hydrogène est majoritairement produit à partir de méthane, un procédé polluant mais économiquement viable avec un coût qui avoisine 1 à 2 euros par kilogramme. A contrario, l’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau, coûte entre 4 et 8 euros par kilogramme, ce qui constitue, de fait, le principal frein pour les investisseurs.

L’Académie des sciences recommande donc de recentrer les efforts sur des objectifs réalistes et prioritaires. Les milliards alloués au plan hydrogène manquent d’arbitrage, déplorent les scientifiques. Marc Fontecave va même plus loin. Pour reprendre ses propos tenus dans les colonnes du Point, selon lui, « aujourd’hui, les milliards du plan France Relance se dispersent sur des dizaines de projets sans avenir, dont l’impact climatique sera ridicule ». Pour un développement crédible et cohérent de la filière hydrogène, l‘Académie des sciences préconise au gouvernement de prioriser ses actions vers la décarbonation de l’hydrogène gris actuel et de cibler les secteurs où l’hydrogène est indispensable, comme la production d’acier et de ciment, ainsi que certains transports lourds. Le conseil des scientifiques enjoint par ailleurs l’exécutif à soutenir les projets d’exploration d’hydrogène naturel, à augmenter les capacités de production d’électricité bas carbone et à continuer à investir dans la recherche pour améliorer les technologies existantes.

 

 

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Incroyable, même une simple mutliplication, c’est hors de portée pour les gens qui nous gouvernent.

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  • Ce rapport s’appuie sur des données anciennes. Pire : il est biaisé par la qualité de son émetteur (et son employeur). L’académie des sciences fait du datamining sur la production d’hydrogène et obtient un chiffre de rendement qui correspond à ce qu’on obtenait durant la seconde guerre mondiale. Et pire encore, le rendement unitaire n’est qu’une infime fraction de l’équation de l’hydrogène vert. Le CEA a obtenu plus de 90% de rendement (PCS) dans son procédé en phase vapeur. Les pile sèches qui produisent du “gaz de Brown”, associées à un séparateur des gaz dépassent 90% de rendement également.
    Certes, pour l’instant, les deux types d’électrolyseurs déployés en volume sont 1) alcalin 2) PEM (ou plutôt AEM pour (Anion exchange Membrane). Leurs rendements tournent autour de 70%. Mais 70% de quoi ? d’électricité nucléaire ?
    Dans ce cas, le coût de l’électricité est élevé et on ne risque pas de produire de l’hydrogène moins cher que le courant qui a été utilisé pour le produire.

    Mais depuis cette année 2024 et ce sera immensément pire à l’avenir. Le courant gratuit afflue depuis toutes nos frontières. La faute aux 100 GWc de solaire et 70 GW d’éolien allemands, idem en Espagne bientôt Italie et pire encore, l’hydrogène en provenance d’Afrique du Nord va converger vers l’Allemagne. Une partie devrait transiter par la France mais rien ne dit que nos voisins ne vont pas contourner notre pays vers l’Italie à l’Est et l’Angleterre au Nord.
    Ces projets sont déjà actés parce que ces pays investissent plus sur l’hydrogène que nous et ne supportent pas l’évangile nucléaire français. (De gros capitaux français sont investis dans ces projets de contournement).
    La politique française de l’énergie a le don de prendre tout le monde à rebrousse poil. Vous noterez que tout ceci relève davantage de l’ingénierie et de la géopolitique que de la science. En outre, notre académie sous entend que les projets en cours sont dans l’erreur alors qu’elle a raison de relire ses vieux grimoires de 80 ans d’âge concernant l’électrolyse. Ce rapport est à prendre au figuré. C’est un pur produit parisien qui veut empêcher l’hydrogène parce qu’il fait de l’ombre au nucléaire. Une curiosité dans cette partie du monde.

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