Le gouvernement français va présenter son très attendu « Plan Eau« , ce 30 mars 2023. Hier, il a détaillé les différents postes de consommation d’eau douce, avec une étonnante surprise : après réévaluation, la part de l’eau consommée pour le refroidissement des centrales nucléaires est tombée de 31 % à 12 %. Si la part de l’eau prélevée par le nucléaire reste très élevée, cette réévaluation devrait faciliter l’acceptabilité des futurs nouveau EPR 2.
Le refroidissement des centrales nucléaires consomme trois fois moins d’eau que précédemment estimé
Ce 29 mars 2023 au soir, le Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique a publié une mise à jour de son évaluation de la consommation d’eau par secteur en France, dans le cadre du « Plan Eau« , qui sera dévoilé ce 30 mars 2023.
Tous le chiffres restent inchangés en volume, à une exception, celui de l’eau douce consommée par les centrales nucléaires pour refroidir les réacteurs, qui est fortement réévaluée à la baisse, de 1,7 milliards de m³ par an à 0,5 milliards de m³ par an.
Pour rappel, les centrales nucléaires utilisent de l’eau dans leur circuit de refroidissement, prélevée dans la mer pour les centrales maritimes, ou dans les fleuves et rivières bordant les centrales. Mais une part importante de cette eau est restituée, simplement réchauffée de quelques degrés, dans les cours d’eau ou la mer après utilisation.
Seules les centrales avec des tours aéroréfrigérantes « consomment » une partie de l’eau prélevée (22 % en moyenne selon le ministère), sous forme de vapeur d’eau. Au total, si le refroidissement des centrales électriques représente près de la moitié des prélèvements bruts d’eau douce en France (15,3 milliards de m³), il ne joue que pour 12 % de la consommation d’eau douce – contre 31 % dans la précédente évaluation.
Les « hypothèses assez fragiles » de la précédente évaluation
Selon Béatrice Sédillot, cheffe du SDES, les statistiques utilisées jusqu’ici s’appuyaient sur des « hypothèses assez fragiles », partant de pourcentage généraux sur les volumes prélevés chaque année pour en déduire l’eau consommée par le secteur. En début d’année 2023, en prévision de ce « Plan Eau », le SDES a décidé de « réinterroger » ces hypothèses, notamment en demandant à EDF de fournir ses chiffres depuis 2010.
« Nous avons eu l’occasion au cours des dernières semaines de travailler plus finement avec les énergéticiens pour venir préciser la réalité des prélèvements et de la consommation du parc dans un contexte où des efforts importants ont été faits pour contribuer à la sobriété d’usage de l’eau », a indiqué une représentante du ministère.
Au final, le volume total d’eau consommée en France (la part de l’eau prélevée mais non restituée aux milieux aquatiques) est estimée à 4,1 milliards de m³ par an en moyenne sur les années 2010-2019, selon le SDES.
« L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 58% du total, devant l’eau potable (26%), le refroidissement des centrales électriques (12%), et les usages industriels (4%) », précise la nouvelle évaluation, inchangée en volume pour les autres secteurs.
Selon toute logique, cette réévaluation devrait réduire la portée de l’une des critiques récurrentes portées contre le nucléaire en France, de consommer trop d’eau (et qui s’applique, en fait, à toute centrale électrique fonctionnant à partir de production de chaleur, donc également aux centrales au gaz, au charbon ou au fioul). De quoi améliorer l’acceptabilité des futurs EPR2 ?
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