Nucléaire + canicule : associer deux mots clés pour en faire une polémique stérile (tribune)

Nucléaire + canicule : associer deux mots clés pour en faire une polémique stérile (tribune)

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“Nucléaire”, “canicule”, date : “moins d’un mois”. Cette recherche, sur Google Actualités, retourne six pages de résultats. Si la canicule, quand ce n’est la sécheresse, est un sujet qui passionne les grands médias chaque été (au même titre que le froid passionne chaque hiver), la juxtaposition de cette canicule à des signaux inhabituels du côté du parc électronucléaire français était immanquable… Une tribune de Tristan Kamin, ingénieur en sûreté nucléaire.

« Les centrales nucléaires sont-elles en danger ? », pouvaient demander certains, ce à quoi d’autre répondaient du tac au tac « oui, elles sont inadaptées au changement climatique », prenant comme preuve l’arrêt d’un tiers du parc cet été, en partie à cause de la canicule !

Et, en effet, le parc nucléaire tournait, ce mois de juillet 2018, entre 40 et 45 GW (pour une puissance installée de 63 GW) : jusqu’à un tiers de la capacité était indisponible… Tandis qu’en juillet 2017 et 2016, le parc tournait à seulement 36-41 GW. Meilleurs scores les années précédentes : 40 à 48 GW en juillet 2015 et 2014, deux bonnes années !

Enfin bref… La « mauvaise » disponibilité du nucléaire de cet été n’a rien d’anormal, on est même plutôt dans une année correcte. Et l’impact de la canicule est… Indécelable. Dans le graphique ci-dessous, je trace, jour après jour, le nombre de tranches en service[1], regroupées par centrale. Ce nombre change chaque jour, de manière assez conséquente. Bien malin celui qui pourra déceler, au milieu de ces fluctuations, une variation qui serait une conséquence de la canicule…

De fait, la baisse (partielle ou totale mais toujours ponctuelle) de production de quatre tranches est peu conséquente devant :

  • les variations, nombreuses chaque jour, mais faibles en amplitude, de puissance pour réguler la fréquence du réseau électrique ;
  • les variations, une ou deux fois par jour, plus conséquentes, pour suivre les variations de consommation (et éventuellement de production éolienne / solaire) ;
  • les variations hebdomadaires très conséquentes pour adapter la production à une consommation plus faible le week-end qu’en semaine.

En un mot, à l’échelle du parc nucléaire… La canicule n’a eu guère d’impact. Et, à fortiori, elle n’a pas pu être une menace pour l’approvisionnement électrique national : le parc hydraulique avait de bonnes réserves de capacité et d’eau, les parcs gaz et fioul étaient peu sollicités.

Etant admis qu’il n’y a guère de sujet à l’échelle du parc électrique, qu’en est-il à échelle de chaque tranche ? Quel impact de la canicule sur les centrales d’EDF de Saint-Alban, Bugey, Fessenheim – et peut-être d’autres, demain ?

On pourrait séparer nos 19 centrales / 58 réacteurs, en trois groupes, en fonction de leurs systèmes de refroidissement.

Les centrales de Flamanville, Gravelines, Paluel, et Penly sont refroidies intégralement par la mer ou l’océan.
Les centrales du Blayais, de Fessenheim, Saint-Alban et Tricastin, ainsi que deux tranches de la centrale du Bugey, sont intégralement refroidies par l’eau des cours d’eau qui les bordent.
Enfin, toutes les autres sont refroidies « à air », au travers des immenses[2] tours aéroréfrigérantes devenues emblématiques, en France, des centrales nucléaires. Elles ne prélèvent dans les cours d’eau qui les bordent que de quoi compenser les pertes d’eau au travers de ces tours ainsi que de quoi refroidir certains systèmes auxiliaires.

Les centrales refroidies par l’eau de mer ou par air sont peu exposées au problème de refroidissement. En revanche, les centrales intégralement refroidies à l’eau des fleuves et cours d’eau dissipent plusieurs gigawatts de chaleur dans cette eau[3], conduisant à une élévation significative de la température de celle-ci.

Afin de limiter au plus raisonnable l’impact de cette chaleur sur la biodiversité des cours d’eau, la température maximale en aval d’une centrale est encadrée. Lorsque, canicule oblige, la température en amont approche de la limite légale pour l’aval, il va de soi que le refroidissement perd en efficacité, donc la puissance de la centrale doit être abaissée, jusqu’au cas limite où un ou plusieurs réacteurs doivent être arrêtés, comme ce fut le cas quelquefois cet été.

Mais il faut être clair : la centrale n’est pas en difficulté pour se refroidir, elle ne manque pas d’eau, on ne risque pas de perdre le refroidissement du cœur d’un ou plusieurs réacteurs. Le refroidissement peut toujours être assuré et l’est toujours ; si l’on doit arrêter un réacteur, c’est bien et uniquement pour éviter de trop échauffer les cours d’eau et leur biodiversité, pas à cause d’une sûreté en péril.

Par ailleurs, une fois à l’arrêt, les besoins de refroidissement d’une tranche chutent de plusieurs milliers de mégawatts à quelques dizaines de mégawatts. Le refroidissement d’un réacteur à l’arrêt ne pose aucune difficulté.

 

En remontant le fil de pensée, qu’observe-t-on ?

Que les réacteurs d’EDF à l’arrêt se refroidissent sans problème. Que les réacteurs en fonctionnement se refroidissent avec, pour seule difficulté, l’impact de la chaleur sur l’environnement, et pour certaines tranches seulement. Que ces tranches peuvent être arrêtées sans représenter un chamboulement à l’échelle du parc nucléaire. Que le parc nucléaire, en saison estivale, peut perdre en puissance sans mettre en danger l’approvisionnement électrique. Et, enfin, que 2018 n’est, en termes de disponibilité estivale du parc nucléaire, pas une année noire.

Il est évidemment tentant d’établir un lien entre la canicule que l’Europe – mais aussi l’Amérique du Nord ou l’Extrême-Orient – viennent de traverser, et le dérèglement climatique. Et le dérèglement climatique donne de nombreuses raisons de s’alarmer… Mais la résilience de notre parc nucléaire n’en est pas une.


[1] De sorte à ne pas considérer « en service » une tranche fraîchement démarrée, qui ne produirait que 10% de sa puissance nominale sans aucune flexibilité ; et à ne pas considérer « hors service » une tranche dont la puissance est réduite de quelques % pour les besoins du réseau, je considère ici comme « en service » toute tranche dont la puissance moyennée sur la journée atteint au moins les deux tiers de sa puissance nominale.

[2] Pas toujours immenses… Voir la centrale de Chinon.

[3] Les centrales nucléaires ont un rendement d’environ 33% : c’est-à-dire que la puissance dissipée sous forme de chaleur est le double de la puissance produite sous forme électrique. Ainsi, un réacteur de 900 MW produit autant de chaleur que 1800 MW de radiateurs électriques.

 

Les avis d’expert sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien la rédaction de L’EnerGeek.

 

Rédigé par : Tristan Kamin

Tristan Kamin
Tristan Kamin est ingénieur d’études en sûreté nucléaire. Retrouvez sa page Twitter sur https://twitter.com/TristanKamin
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COMMENTAIRES

  • En effet, on ne peut que constater que, régulièrement, des prophètes de mauvaise augure, anti-nucléaires par nature ou par conviction, annoncent une catastrophe dès que des pics de chaleur (liés à la météorologie et non obligatoirement à la climatologie) ou autres incidents mineurs surviennent. Des non-évènements dont on a l’habitude mais qui leur donnent l’impression d’être utiles à la société !

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  • On peut comprendre que çà peut déranger les ingénieurs d’Orano (ex-Areva), mais l’impact du changement climatique sur les énergies, dont nucléaire, est au contraire un vaste sujet très pertinent afin de faire les bons choix énergétiques !

    Plusieurs études ont démontré que les énergies renouvelables sont bien mieux adaptées que le nucléaire au changement climatique et notamment à la sécurité réseau.

    Une rapide note de l’Union of Concerned Scientists résumait une partie des seuls problèmes du nucléaire liés à l’eau, la très forte consommation par quantité d’énergie produite, les rejets avec des écarts élevés de température etc

    https://www.ucsusa.org/sites/default/files/legacy/assets/documents/nuclear_power/fact-sheet-water-use.pdf

    Ne sont même pas évoqués les problèmes en cas de sécheresse/canicule et accident qui peuvent devenir rapidement hyper critiques.

    De mémoire lors de la canicule de 2003 ce sont 17 réacteurs qui ont été affectés par la canicule. Cà obligeait la France à importer à prix élevés alors que les voisins sont généralement soumis aux mêmes problèmes climatiques (je laisse imaginer la situation pour ceux qui rêvent d’une Europe tout nucléaire). Ou d’autres années le cas échéant à la réduction des exportations en profitant des clauses d’effacement quitte à payer alors des dédommagements coûteux.

    Fessenheim a même été arrosée comme un choux-fleur ! (évidemment sans guère d’impact sur du béton de plus de 80 cm d’épaisseur qui menaçait de dépasser les 50°C autorisés.

    On a également par exemple préféré vider le lac de Vassivière dans le Limousin pour que la Vienne (dont le débit est régulièrement insuffisant) continue de refroidir la centrale de Civaux.

    En 2015 on a négocié avec la Suisse pour qu’en cas de sécheresse le débit du Rhône à la sortie du Léman reste suffisant pour refroidir les 14 réacteurs français situés au bord du fleuve.

    On capte de l’eau dans un cours d’eau pour 44 réacteurs ou en océan pour 14 réacteurs. Sauf que l’océan se réchauffe aussi d’où l’arrêt de centrales dans ce cas dans plusieurs pays d’Europe cet été.

    Et pourtant c’était une canicule après un épisode pluvieux donc sans sécheresse durable et elle était de durée courte.

    Alors que l’on sait que les hautes températures, donc sécheresses accrues, et périodes concernées plus longues vont s’accroître et plus vite que prévu.

    En pratique c’est environ 57% de l’eau douce prélevée chaque année en France, 97,5% de ces 18,5 milliards de mètres cubes d’eau sont rejetées réchauffées, le reste est perdu et s’évapore via les tours aéroréfrigérantes des centrales situées sur des petits cours d’eau.

    Pourtant on sait que si la température d’un fleuve européen dépasse 28°C, les poissons manquent d’air, donc les dégâts vont très vite. Par exemple dans le Rhin 2 réacteurs rejettent une quantité de chaleur de l’ordre de 3600 MWh et augmentent la température du fleuve qui n’a pourtant pas besoin de çà.

    On sait également que le débit d’étiage des fleuves sera réduit de 20 à 40 % d’ici 2050.

    De plus l’eau rejetée en rivière contient des substances chimiques et éléments radioactifs. Les sites nucléaires sont autorisés à rejeter dans l’eau d’importantes quantités de substances radioactives (tritium, carbone 14 etc qui s’accumulent dans la végétation aquatique) et surtout chimiques (bore, hydrazine, phosphate, détergents, chlore, ammonium, nitrates, sulfates, sodium, métaux, zinc, cuivre…). En outre EDF utilise encore plus de produits chimiques en été, entre autres pour éviter les problèmes de légionellose des tours de refroidissement.

    Moins d’eau, plus de polluants, les conséquences sont là aussi négatives.

    La Loire et le Rhône refroidissent respectivement 12 et 14 réacteurs et selon EDF si plusieurs sites procédaient simultanément à des rejets chimiques en période d’étiage sévère de la Loire, leur impact cumulé serait désastreux.

    Beaucoup de communes prélèvent leur eau potable dans les cours d’eau. Par exemple Agen (Lot-et-Garonne) en aval de la centrale nucléaire de Golfech. Beaucoup d’agriculteurs utilisent également cette eau polluée pour leurs cultures.

    Les sites en bord de rivière identifiés comme les plus sensibles sont ceux de Civaux, Bugey, Saint-Alban, Cruas, Tricastin, Blayais, Golfech et Chooz selon l’ASN

    Plus globalement ce ne sont pas les études qui manquent pour démontrer également, entre autres :

    – que 270 centrales électriques côtières (définies comme étant celles qui se trouvent dans un rayon de 5 km de la côte et dont l’altitude moyenne est inférieure à 5 mètres), dont plus d’une centaine de nucléaires, produisant un total de 182 902 MWh d’électricité vont être vulnérables d’ici 2050 à une élévation du niveau de la mer d’au moins 0,5 mètre. Et on sait que çà va aller bien au delà.

    On peut donc aisément imaginer toutes les conséquences et risques.

    En conclusion : la réalité démontrée par plusieurs études scientifiques confirme que le changement climatique a plus d’impacts négatifs sur le nucléaire et donc la sécurité réseau que sur les renouvelables.

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  • Et le sujet ne concerne pas que la France mais tous les pays, ni un seul épisode climatique :

    “De nombreuses formes d’énergie renouvelable sont distribuées, ce qui rend les entreprises et les familles alimentées par des énergies renouvelables moins dépendantes d’un petit nombre de grandes centrales électriques centralisées. Les microgrids peuvent également jouer un rôle clé dans la résilience des communautés.”

    https://www.eesi.org/articles/view/protecting-the-grid-from-the-impacts-of-climate-change

    .

    Répondre
  • Une autre incohérence majeure dont l’impact mondial va être désastreux et de raisonner via une énergie centralisée type nucléaire et par ailleurs la climatisation (et ses gaz réfrigérants très réchauffants au plan climatique) dont il va se vendre jusqu’à 17 appareils par seconde pendant 30 ans, alors que le solaire thermique (sous toutes ses formes) est bien plus adapté au froid (ce n’est pas une incohérence comme on le sait depuis 1850 !) y compris sans besoin d’énergie électrique donc sans impact réseau, lui même impacté (bonjour le bilan énergétique complet nucléaire + réseau + climatiseurs ! et je n’ai pas ajouté + exploitation + retraitement + stockage etc) :

    http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/11/11/114008/pdf

    .

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  • A dan
    oui les(comme vous dites) prophètes de mauvaise augure, anti-nucléaires professionnels ou par conviction, qui aiment à s’auto-proclamer sans preuves valides “scientifiques”(dixit: eux mêmes),se plaisent aussi beaucoup à annoncer des catastrophes pour notre parc nucléaire, dès que des pics de chaleur ou autres incidents mineurs surviennent. Et ils adorent aussi gaver les forum, de liens aussi biaisés que fallacieux et ad hoc sur une prétendue incompatibilité de notre parc de réacteurs et les futures canicules. Mais comme d’habitude, la réalité du fonctionnement efficace de notre parc , dément les balivernes de leur propagande indigente. Notre parc historique(2 G) continuera à assurer sa mission d’approvisionnement électrique du pays, jusqu’au terme que décideront nos politiques en accord avec les acteurs économiques du pays .Et je préfère faire confiance à de vrais ingénieurs en sûreté nucléaire comme Tristan Kamin pour avoir de vrais informations vraiment valables sur notre parc de centrales ,qu’à de vulgaires propagandistes “gaveurs de liens” aussi biaisés qu’ad hoc et stériles, qui ne méritent même pas qu’on cite leurs pseudos, tellement ils sont sans intérêt. Malheureusement ces tristes individus, rentiers et professionnels fanatiques de la chose et experts en artefacts, n’ont pas fini de répandre leurs mensonges empoisonnés sur les forums pour provoquer des polémiques, aussi souvent que possible, dans le triste but d’intoxiquer lourdement nombre d’individus peu au courant du professionnalisme en communication de ce type d’ activistes fanatiques, et entrainer à la longue, sur des décennies un rejet social de notre industrie nucléaire afin d’obtenir in fine son abandon, surtout si des politiques démagogues prêts à tout pour acquérir ou conserver leur pouvoir présidentiel se prête à ce jeu aussi méprisable qu’ écoeurant .

    Répondre
  • A dan (suite).
    En effet ,nos politiciens assoiffés de pouvoir, jusqu’à un point d’irresponsabilité pouvant devenir calamiteux, n’auraient guères de scrupules à nous faire passer massivement au gaz fossile(qui deviendrait d’ailleurs, toujours, de plus en plus, taxé) avec CCG, combiné aux ENRs intermittentes complémentaires , si c’était la condition sine qua non de leur élection, puis de leur réélection. Là réside toute la gravité du problème .Et ce n’est pas rien.

    Répondre
  • @Avenirdunucléaire : c’est sûr, tous les liens scientifiques et économiques que l’on vous met sous les yeux sont biaisés et vous seul avez raison avec “vos impressions” lol !

    Répondre
  • Certes, pour le moment, la production nucléaire en été est suffisante, même avec des réacteurs à l’arrêt compte tenu de la moins grande demande qu’en hiver. Mais il faut tout de même s’interroger sur l’utilité de prolonger l’exploitation au delà de 40 ans de certains réacteurs. C’est en particulier le cas des réacteurs Bugey 2 et 3 qui vont de plus en plus être impactés par des arrêts pour éviter un réchauffement trop important des eaux du Rhône et même pour manque de débit de ce fleuve. Car outre cette période de canicule, il y a aussi pour le Rhône au niveau de Bugey des étiages de plus en plus critique. Voilà deux années qu’à l’automne, le Rhône est juste au débit nécessaire pour alimenter le fonctionnement de la centrale, soit 150 m3/s pour 130 m3/s prélevés. Cet étiage qui était de quelques jours durent maintenant de septembre à décembre et ça ne va faire qu’empirer, avec à terme des débits qui risquent d’être insuffisants pour que les réacteurs Bugey 2 et 3 fonctionnent et cette fois ce n’est pas un problème de chaleur mais bien un problème de sûreté, puisque le débit pourrait être insuffisant pour refroidir correctement les réacteurs Bugey 2 et 3. EDF veut grand caréner cette centrale, mais comment amortir le coût des travaux si les réacteurs sont arrêtés fréquemment, sachant qu’EDF nous dit qu’un jour d’arrêt c’est 1 million d’euros de perte. Cette centrale est celle à fermer en priorité puisqu’elle est aussi la plus vieille après celle de Fessenheim et qu’en outre elle est survolé en permanence par des dizaines d’avions gros porteurs atterrissant ou désolant de Lyon St Exupéry et qu’elle est stratégiquement un site idéal et facile pour une attaque terroriste, avec la possibilité de radier l’agglomération lyonnaise de la carte de France.
    Pour l’arrêt de cette centrale :
    https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/enfiniraveclesreacteursnucleairesde-2054html

    Répondre
  • Personne ne détient LA vérité ! Donc l’article pondu par le spécialiste en sûreté nucléaire et le commentaire de dan sont deux éléments intéressants pour construire une plus grande vérité et se faire sa propre opinion sur la question. Notons aussi que le spécialiste vit de sa mission; il est donc juge et partie. De même dan a sans doute opposé au nucléaire, remonte toutes les informations auxquelles il est sensibilisé. Je remarque aussi, la qualité des arguments de dan et sa projection dans le futur bien plus pertinente que le propos du spécialiste. Mon opinion est faite; à n’en pas douter le changement climatique a et aura un effet de plus en plus gênant voire néfaste à l’industrie électro-nucléaire. Une très bonne raison pour abandonner cette technologie au profit des ENR et aussi rapidement que possible.

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  • Entre le jeudi 12 juillet, journée de température normale, et le jeudi 26 juillet, journée caniculaire, le différentiel de température a été efficacement compensé par la production solaire.

    Lors de la journée caniculaire du 26 juillet 2018, malgré le pic de consommation de climatisation qui a amené à un pic de consommation de 55.000 MW, la France a exporté près de 6.000 MW à midi, selon les données collectées par le Réseau de transport d’électricité (RTE). Le réseau électrique français demeure en surcapacité, malgré les arrêts de tranches (31796) de centrales nucléaires dû à la chaleur.

    Cette situation s’explique par le fait que l’électricité photovoltaïque a fourni 8% de la consommation à la même heure, l’hydroélectricité 12% (7.491 MW) et le charbon 2% avec un apport de 1.515 MW.

    https://www.actu-environnement.com/ae/news/france-surconsomme-electricite-canicule-et-exporte-31847.php4

    Si le solaire photovoltaïque a produit plus que d’habitude en Europe, le solaire CSP en Espagne s’est avéré particulièrement efficace avec une production record. De même pour le solaire thermique.

    Répondre
  • Bonjour.
    La canicule a au moins le mérite de montrer plusieurs faits:
    – les centrales nucléaires ont du baisser leur régime, sans doute en partie à cause de l’eau mais aussi du fait du volume énorme de renouvelables qui, il me semble est prioritaire sur le réseau.
    – le 15 aout 2018 à 14H00, en Occitanie, on a un mix de 89% de renouvelables (avec 51% de solaire, 9% d’éolien, 3% bio energies, 26 hydro) et 11% de nucléaire.
    – le réseau ne s’est pas écroulé à cause de ce mix.
    voir https://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-donnees-regionales

    La région occitanie est gâtée (vents, soleil, hydro, nucléaire…) à ce point de vue là, en comparaison d’autres régions où le solaire est beaucoup moins implanté.

    A mon avis, il va être difficile de maintenir la rentabilité des équipements nucléaires sur le moyen terme, je ne suis pas contre ce moyen de production, mais regardons les tendances, les renouvelables vont continuer à s’etendre du fait de leurs couts qui continuent de baisser, avec un réseau qui devra être souple et qui devra faire du stockage à echelle industrielle (pour les jours gris).

    Répondre
  • @Bibou : attention avec les pourcentages et les données locales… Si l’Occitanie à produit 51% de solaire à 14h00 le 15 Août (ce qui est très bien !), elle a aussi consommé bien plus qu’elle n’a produit (33%). D’où venait la production des 1200 MW manquants ? Les régions limitrophes, excédentaires en production, ont principalement produit… du nucléaire.
    Il faut être très vigilant quant aux données de production / consommation locales qui ne veulent malheureusement pas dire grand chose dans un réseau interconnecté (c’est notamment le cas de l’IDF qui est la région qui consomme le plus et produit le moins). En tirer des conclusions nationales sur le moyen terme me paraît donc extrêmement hasardeux.

    Répondre
  • Ces polémiques sont vaines, les avis sont inconciliables. A cause du vice existentiel du nucléaire: les déchets ultimes à vie longue. En 1975, quand on posait la question aux ingénieurs propagandistes d’EDF, ils répondaient “c’est ridicule, ça représentera environ 10 grammes par an et par Français” en agitant un “bic” de 10g devant la foule (conquise). Sauf que 10g x 60 millions de français x 40 ans, ça fait au bas mot 24 000 tonnes de déchets ultimes qu’on va transmettre sur des dizaines de milliers d’années à des générations de terriens qui ne nous rien demandé. Toutes les autres questions relatives au nucléaire sont subsidiaires et les polémiques ne servent qu’à noyer le poisson.

    Répondre
  • @Micmacher Claude
    Procès uniquement à charge du nucléaire civil en pensant que le déploiement massif du photovoltaïque, de l’éolien et de la biomasse n’avait pas de conséquences négatives directes et indirectes sur l’environnement et à long terme, tout autant qu’économiques. Bel exemple d’aveuglement idéologique !

    Répondre
  • Les solutions qui permettent de se débarrasser des déchets nucléaires ultimes à vie longue au lieu de les enfouir pour des durées ingérables , sont en préparation et existeront,dans quelques décénies ou 1 siècle ou deux :
    1 . CIGEO sera réversible ,ce qui permettra de récupérer tous les transuraniens( et donc tous les actinides mineurs à vie longue)pour les incinérer dans les futurs RNRs .
    2. Les produits de fission(PF) comme le CS 137 et le SR 90 deviennent au bout d’environ 300 ans du Baryum (pour le CS 137) et du Zirconium(pour le SR90). Zirconium et baryum sont tous les 2 réutilisables par l’industrie(et encore plus facilement dans 300 ans ).
    3. D’autres produits de fissions(PF) , au cours de leurs désintégrations radioactives, deviennent des métaux dit de “la famille du platine” ,tous précieux et réutilisables par l’industrie .
    4. Enfin les quelques rares PF à longue durée de vie qui restent(parce que l’on ne souhaiterait pas les utiliser) peuvent avoir leur durée de vie extrêmement raccourci par exposition aux neutrons rapides des RNRs. A noter que le SR90 est transmutable(par neutrons) facilement grâce à sa large section efficace(contrairement au CS 137 pour qui ce n’est pas le cas , mais qui devient du baryum(récupérable pour l’industrie) au bout de 3 siècles).
    Les “CIGEOs ” étant conçu réversibles pour un siècle d’abord( puis de manières répétitives dans l’avenir, sur plusieurs siècles) ,les générations futures pourront donc gérer ces déchets pendant des durées raisonnables à travers plusieurs siècles parce qu’ ils pourront récupérer et transmuter tous ceux qu’ils trouveront problématiques grâce aux neutrons rapides . D’ailleurs cela évoluera par la suite (grâce aux neutrons rapides des RNRs) de telle sorte que les PF et les actinides(mineurs et majeurs) ne seront même plus considérés comme des déchets dans 1 ou 2 siècles( au pire 3 siècles, avec des CIGEO réversibles) mais comme des ressources exploitables intéressantes , y compris économiquement.

    Répondre
  • @ Dan et Avenirdunucléaire :

    Les renouvelables sont recyclables, on se rapproche du 100% de recyclabilité dans la plupart des cas et l’impact initial sur l’environnement est commun à toutes les industries type électronique, informatique, téléphonie etc donc est maîtrisable. Le bilan s’améliore au fil du temps.

    Le nucléaire a des hauts risques bien réels incomparables et particulièrement en cas de guerre et terrorisme aggravé qui nous mettraient à genoux en moins de 48 heures, en plus d’un réseau qui serait complètement défaillant avec toutes les conséquences et blocages que cela entraîne.

    C’est un des points point extrêmement faible de cette énergie et les risques qui sont déjà mal gérés en temps de paix seraient ingérables en cas de guerre ou terrorisme aggravé ou organisé.

    On sait déjà en outre qu’il est mal positionné face à la montée des océans et par ailleurs de nombreux fleuves en Europe comme toutes les études sur le sujet le démontrent et comme j’ai mis plusieurs liens plus haut.

    Et ce n’est pas un ingénieur sûreté d’Orano (ex-Areva) qui peut démentir ces faits que personne de sérieux ne conteste et qui posent de réels problèmes que les pays concernés constatent.

    De plus le nucléaire, en plus de tous les risques de tout son cycle (exploitation, retraitement etc), a des déchets de plus de 100.000 ans de durée de vie et au mieux plusieurs siècles mais les solutions préconisées par Avenirdunucléaire rendraient cette énergie absolument pas compétitive comme tous les travaux du Cea et du Cnrs l’ont démontré, de même que leurs modélisations.

    En conséquence il y a une forte probabilité que les déchets restent effectivement enfouis pour des durées ingérables, raison pour laquelle j’avais déjà précisé que je préférais qu’on dépense plus pour les traiter plutôt que de les laisser enfouis pour plus de 100. 000 ans.

    Plus globalement dans le monde, de nombreux sites ont déjà posé problèmes et plusieurs pays n’ont pas encore adopté de solution définitive et on constate des contaminations régulières.

    Autrement dit çà reste un problème lourd à hauts risques que n’ont pas du tout les renouvelables à un tel niveau.

    On n’envoie de plus toujours pas de gens habiter massivement Tchernobyl et cà ne va pas changer pendant très longtemps.

    Donc il semble qu’une fois de plus votre paresse maintenant bien connue à approfondir les sujets, que je déplore régulièrement et qui vous amènent à survoler les documents, y compris que vous-même publiez et que les autres doivent vous expliquer, vous conduit une fois de plus à mélanger hâtivement des niveaux de risques et conséquences bien différents.

    Imaginez un seul instant un cas de guerre ou terrorisme aggravé/organisé en France et comparez les risques renouvelables et nucléaire, c’est le jour et la nuit et quand je dis nuit ce serait cauchemardesque même si une seule partie de nos réacteurs étaient touchés.

    Mais çà bien sûr vous n’y avez jamais pensé.

    Répondre
  • Lien en complément pour rappeler à Avenirdunucléaire qu’il peut faire toutes les promesses et publicités en faveur du nucléaire qu’il veut – comme c’est malheureusement souvent une spécialité du secteur nucléaire à défaut d’honnêteté et d’objectivité et qui va jusqu’à payer des gens pour çà sur divers sites internet et remet même des prix (prix Yves Chelet etc), chose qui n’existe heureusement pas dans les renouvelables – mais qu’il y a des risques élevés qu’elles ne soient une fois encore pas tenues comme le confirment l’arrêt de Monju au Japon et la forte réduction d’Astrid que les japonais risquent d’abandonner définitivement car ce n’est pas rentable.

    Les scientifiques en France l’avaient pourtant dit depuis longtemps dont ceux du Cnrs et Cea et des équipes comme celles de Loiseau etc pour ne citer qu’eux.

    Et c’est la réalité qui compte, pas la pub.

    http://www.asahi.com/ajw/articles/AJ201805310040.html

    .

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  • Hormis qu’ “energie+”(pseudo scientifique autoproclamé de manière absolument invérifiable), qui devrait s’appeler plutôt ” ENGIE +” ,tant sa propagande antinucléaire ordinaire, puisée dans les antiennes archaïques de Greenpeace et SDN et autres assocs antinucléaires binaires,sectaires et dogmatiques, peut faire abondamment le jeu des compagnies gazières fossiles,si la France sortait(pur hypothèse) du nucléaire; il n’y a rien de valable dans toutes ces récitations récurentes de catéchisme éculé des antinucs habituels.Car nombre de spécialistes du nucléaire y ont maintes fois répondus(sur la guerre,le terrorisme,etc) montrant la nullité des très ratés arguments des antinucs archaïques habituels .
    Concernant l’exploitation rentable des matières fissiles et PF récupéré dans les CIGEOs réversibles dans le futur et dans les 3 ou 4 siècles avenir et qui aura très certainement lieu ,les “energie+” en tout genres, n’ont rien de valable à en dire car ils sont aussi incompétents que de la pire mauvaise fois quand quelque chose contrarie leur sinistre et pitoyable propagande antinucléaire ordinaire.

    La rentabilité des différents PF(récupérables à ces époques) sera d’autant plus sure qu’elle concernera une foule de produits auxquelles on aura trouvé une foule d’application multiples ,comme aujourd’hui pour les terres rares et les lanthanides et autres matières autrefois peu ou pas utilisées. Sans oublier que tout ce qui est fissile avec les neutrons rapides (actinides mineurs et majeurs)sera fissionné par les RNR du futur, pour récupérer l’énergie qu’ils pourront encore fournir.

    Enfin dans quelques siècles, avec les progrès de la médecine, les éventuels cancers et pathologies(y compris ceux liés aux rayonnements ionisants)qui pourraient marginalement advenir, seront détectés et guerris couramment et sans difficultés particulières pour cette très puissante et efficace médecine du futur( dans seulement 2 ou 3 siècles).Sur le futur de plusieurs siècles et de ce qu’il pourrait y advenir, les antinucléaires sont des incompétents absolus et il ne faut surtout rien croire de leur nullissime propagande et nullissimes “prévisions” .

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  • Concernant la réduction de la taille d’ ASTRID ; (pour répondre a propos de l’article du journal japonais antinucléaire “Asahi.com”):
    la France a vraiment bien fait de décider de réduire fortement la puissance de son projet de réacteur rapide (RNR) ASTRID à 100 MW (ou à 200 MW), car cela permettra de fabriquer plus facilement un système SMFR(small modular FAST reactor(neutrons rapides)à cycle de Brayton(avec turbine à azote) ,(sigle SMFR par opposition au sigle SMR (à neutrons lents)). Il serait même préférable que ce soit un RNR à 100 MW car on fabriquera plus facilement et plus rapidement, un Système de Conversion d’Energie (SCE)à cycle de Brayton(sodium-azote), que si sa puissance avait été de 600 MW(trop difficile à 600MW). Avec un SCE doté d’un échangeur de chaleur Sodium-Azote pour produire de l’électricité, et non plus à sodium-eau(vapeur) du classique cycle Rankine,il y a un vrai progrès dans la sécurité du fonctionnement d’un RNR au sodium. Ainsi sera éliminé définitivement, tout risque de rencontre(et donc d’explosion) entre le sodium et l’eau. Donc on fabriquera des petits réacteurs rapides, capables de traiter tout sortes d’actinides( majeurs et mineurs)(uraniens,plutoniens et transuraniens) et plusieurs types de PF(hormis le CS137 à trop faible section efficace mais qui devient du baryum inoffensif et utilisable par l’industrie au bout de 3siècles seulement)aidant à résoudre la question des déchets à vie moyens terme et long terme. Donc ça vaut vraiment le coup de fabriquer ce petit ASTRID à cycle de Brayton à l’ azote. Car il nous apprendra à bien maitriser la filière à neutrons rapides, et à en tirer à l’avenir, le mieux possible, les meilleurs partis: Surgénération et élimination de l’immense majorité des déchets HALV. La réversibilité nécessaire des Cigéos(comme celui de Bure) permettra de récupérer tous ce qu’il faudra traiter, quand la filière sera très bien maitrisée d’ici un siècle ou deux.
    Les ressources en matières fertiles d’uranium appauvri en France sont de plusieurs millénaires de la consommation électrique actuelle.

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