À l’heure de la transition énergétique, les énergies renouvelables contribueront largement aux objectifs climatiques et énergétiques français. La France est, pour sa part, plutôt bien dotée en la matière. Petit tour d’horizon des sources disponibles et de leur potentiel. Bois énergie, solaire, éolien, biomasse, géothermie, hydraulique… La part des énergies renouvelables (EnR) a enregistré, en France métropolitaine, une croissance de 70 % entre 2005 et 2020. Leur part dans la consommation finale d’énergie était de 19,1% en 2020, soit moins que l’objectif de 23 % fixé par la directive 2009/28/CE. Mais la tendance est là.
Cap désormais sur le prochain palier : 2030. Pour « atteindre l’objectif ambitieux fixé par la loi de 33 % d’ici à 2030, une nette accélération du développement des EnR est indispensable », prévient l’Agence de la transition écologique (Ademe) dans son dossier « Assises européenne de la Transition énergétique : accélérer le développement des énergies renouvelables ». Pour ce faire, les EnR devront représenter 40 % de la production d’électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation en gaz.
Un horizon tout à fait atteignable selon l’Ademe, qui, dans son rapport « Transition(s) 2050 » a établi quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone. Dans chacun d’eux, l’agence indique que l’approvisionnement en 2050 « repose[ra] à plus de 70 % sur les énergies renouvelables et l’électricité [sera] le principal vecteur énergétique ».
Le solaire et l’éolien
Ces derniers temps, le photovoltaïque (4,1 % des EnR en France) et l’éolien (12,3 % des EnR en France) sont au cœur de la politique énergétique du Gouvernement. D’autant plus depuis le discours qu’a tenu le Président Emmanuel Macron, le 10 février dernier, à Belfort (Bourgogne Franche-Comté). Celui-ci expliquait en substance cet intérêt croissant. « En priorité, le solaire – parce qu’il est moins cher et qu’il s’intègre plus facilement dans le paysage – fera l’objet d’un effort particulier. D’ici à 2050, nous multiplierons par près de dix la puissance installée pour dépasser 100 gigawatts, en veillant à un juste équilibre entre les installations en toiture et celles au sol. »
Les ambitions affichées se veulent également à la hauteur de l’enjeu. « L’éolien en mer sera développé pour viser de l’ordre de 40 gigawatts en service en 2050, soit une cinquantaine de parcs éoliens en mer », a-t-il déclaré. D’ailleurs, un premier parc de 80 éoliennes doit voir le jour très prochainement, au large de Saint-Nazaire, pour une mise en service prévue fin 2022. Il assurera 20 % de la consommation électrique de la Loire-Atlantique.
Si l’État entend miser gros sur ces deux EnR, c’est parce qu’elles sont de plus en plus intéressantes économiquement parlant. Dans une interview accordée au Monde, un porte-parole du ministère de la Transition écologique expliquait qu’« au cours des dernières années, les énergies renouvelables sont devenues de plus en plus compétitives, permettant de faire baisser significativement le tarif garanti, de l’ordre de 60 euros par mégawattheure pour les récents appels d’offres éolien ou photovoltaïque au sol. » Cette donnée est primordiale dans un contexte où le coût des énergies a explosé. Le prix moyen du MWh sur le marché était de 231 €/MWh en ce début d’année. Contre 109 €/MWh en moyenne en 2021 et 50€ /MWh avant la crise sanitaire.
L’hydraulique et le bois déjà bien installés
L’hydraulique et le bois tirent également leur épingle du jeu. Pourquoi ? Parce qu’ils occupent déjà une place de premier choix dans le mix énergétique français. Le bois énergie et l’hydraulique représentent respectivement 32,9 % et 18,7 % des énergies renouvelables les plus utilisées en France, selon des statistiques du ministère de la Transition énergétique.
Bien que deuxième source d’approvisionnement en électricité après le nucléaire, l’hydraulique pourrait bien être affecté par les sécheresses, de plus en plus fréquentes et intenses. Dans un article des Echos, Pierre-Jean Grangette, directeur de la valorisation de l’énergie CNR (Compagnie nationale du Rhône), expliquait : « On ne rattrapera pas le retard de pluviométrie cette année. Compte tenu du printemps sec et chaud qui vient de s’écouler, nous avons peu de réserves de neige non fondue qui pourraient accroître nos réserves. Par ailleurs, les mois qui viennent sont traditionnellement plutôt secs. » Et il y a fort à parier que les choses n’iront pas en s’arrangeant avec le réchauffement climatique.
Le constat est plus encourageant du côté du bois énergie. Porté par les réformes et plus particulièrement par la Réglementation environnementale 2020, il devrait voir sa part augmenter dans les prochaines années, à la faveur d’une gestion durable des écosystèmes forestiers.
Les promesses de la biomasse liquide
Plus modeste, mais en plein essor, la biomasse liquide se fraie peu à peu un chemin dans le mix énergétique tricolore. Elle regroupe toute la biomasse (matière organique) basée sur la filière huile végétale comme le colza ou sur la filière alcool comme la betterave. En France, elle sert, entre autres, à la production de biocarburants (10,3 % des EnR utilisées en France).
La biomasse liquide trouve de nombreux débouchés dans les outre-mer, pour remplacer les énergies fossiles. A la Réunion, la filiale d’EDF dédiée à la production d’électricité dans les territoires insulaires, EDF PEI, va convertir la centrale de Port-Est. Ceci permettra de remplacer le fioul ; actuellement utilisé, par de la biomasse liquide en 2023, donnant lieu à une production d’électricité 100% renouvelable, garantie et pilotable, sans mettre en péril la qualité d’approvisionnement. Le recours à la biomasse liquide présente aussi un avantage pour améliorer la qualité de l’air, car elle réduit significativement les émissions de poussières et d’oxyde de soufre.
La discrète géothermie
Moins développée, la géothermie devrait aussi offrir quelques débouchés. Elle consiste en l’exploitation de la chaleur présente dans la couche terrestre. Avec le solaire thermique, les énergies marines et les résidus agricoles, elle ne représente que 3,6 % des EnR utilisées en France. « L’énergie géothermique en France est principalement exploitée sous forme de chaleur (2,0 TWh de chaleur livrée en 2019). Celle-ci est produite en métropole, notamment en Île-de-France, en Nouvelle-Aquitaine et, depuis juin 2016, dans le bassin rhénan avec la nouvelle centrale de Rittershoffen », détaille le ministère de la Transition énergétique. Des débuts qui sont, pour l’instant, plutôt timides.
Quant à son utilisation pour produire de l’électricité, elle est, disons-le, anecdotique. Elle se concentre essentiellement en Guadeloupe avec la centrale électrique géothermique de Bouillante et en Alsace sur le site de Soultz-sous-Forêts.
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