Au lendemain de la crise liée au coronavirus, la France doit faire des choix stratégiques pour dessiner « le monde d’après ». Si la PPE publiée en avril dernier précise le plan de relance pour l’énergie, le secteur des énergies renouvelables s’inquiète du retard accumulé. Il veut désormais être une priorité. Et dans cette optique, il y a des enseignements à tirer de la consommation énergétique française pendant le confinement.
Confinement : baisse de 20% de la consommation électrique française
Le confinement aura été une période de sobriété énergétique dans tous les pays touchés par le coronavirus. Et c’est particulièrement vrai pour la France. Les français se sont peu déplacés et ont donc consommé très peu de pétrole. Le ralentissement drastique de l’activité industrielle a aussi entraîné une diminution historique de la consommation électrique. A l’échelle nationale, Enedis estime que la consommation électrique a chuté de 20% en moyenne.
Contrairement à ce qu’on pouvait craindre, l’augmentation de consommation électrique résidentielle n’a pas été aussi forte que prévu. La faute à une météo clémente : très peu d’électricité à été consommée pour du chauffage sur la période du confinement. Dans son rapport sur la consommation énergétique pendant le confinement, l’AIE évoque ce changement radical au sein du marché électrique. Elle note que « la structure de la demande a ressemblé à un dimanche prolongé » pendant les deux mois de confinement.
35% d’électricité verte en France
En parallèle de la baisse de consommation électrique, la France a aussi fait face à une réduction de sa production électrique. A ce jeu-là, les énergies renouvelables ont tiré leur épingle du jeu. Car si les sites nucléaires ont vu leur activité réduite, les énergies renouvelables ont continué à de fonctionner à plein régime. Résultat : le 29 mars dernier, RTE a enregistré un pic de consommation d’électricité verte. Cette dernière a atteint pour la première fois une part de 35% dans le mis électrique français.
Elisabeth Borne n’a pas hésité à saluer ce cap symbolique. D’après la ministre de la transition écologique : « Nous pouvons nous féliciter de la preuve grandeur nature que la stabilité du réseau électrique peut être garantie avec une part significative d’énergie renouvelable. »
PPE : quel avenir énergies renouvelables ?
Le 23 avril dernier, la nouvelle Programmation Puriannuelle de l’Energie (PPE) a été publiée par décret. Elle devrait servir de feuille de route pour le plan de relance, notamment en matière d’énergies renouvelables. Le gouvernement y affiche ses objectifs pour l’horizon 2028. A cette date, il prévoit d’atteindre entre 33% et 36% d’énergies vertes dans le mix énergétique français. Il prévoit une échéance intermédiaire en 2023 à 27%. Une échéance irréalisable pour les filières des ENR. Les professionnels du solaire et de l’éolien rappellent qu’en fin d’année 2019, la France avait péniblement atteint 23%. De plus, même si plusieurs projets sont actuellement en chantier dans l’Hexagone, les travaux ont pris du retard à cause de la crise du coronavirus.
Le président du syndicat des professionnels de l’énergie solaire, Daniel Bour, a ainsi déclaré : « Sur le solaire, on est scotché à moins d’un gigawatt de nouvelles capacités par an, alors que c’est une énergie compétitive et diffuse sur le territoire. Il faut que l’on change de vitesse. » Même demande du côté de l’éolien. Pour Pauline Le Bertre, la déléguée générale de France Energie Eolienne, « il y a un très fort besoin d’accélérer » pour palier aux retards pris depuis le début d’année 2020.
L’AIE plaide pour un plan de relance des énergies vertes
Pour l’AIE, il est d’ailleurs évident que le plan de relance énergétique mondial doit passer par les énergies vertes. Elle a précisé dans son rapport : « Des investissements à grande échelle pour stimuler le développement, le déploiement et l’intégration de technologies d’énergie propre – telles que l’énergie solaire, éolienne, l’hydrogène, les piles et le captage du carbone – devraient être au cœur des plans des gouvernements, car ils apporteront le double avantage de stimuler les économies et d’accélérer les transitions énergétiques propres. »
L’urgence est d’autant plus grande que l’AIE anticipe un rebond de la demande énergétique dès la fin d’année 2020. Elle devrait se poursuivre sur l’année 2021, et son ampleur reste difficile à mesurer pour l’instant.
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