Dans un entretien à paraître ce lundi 23 décembre 2019, Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement (BEI), critique le secteur industriel européen pour sa lenteur à réagir face au changement climatique. Il attaque en particulier l’industrie automobile, qui a pris trop tardivement le virage de la mobilité électrique et le paye cher aujourd’hui.
Les patrons de l’industrie automobile européenne se sont-ils « endormis à la barre » ?
La Banque européenne d’investissement (BEI) est définitivement en train de se muer en une « banque du climat », comme le préconise la nouvelle présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, dans le cadre de son Green Deal européen.
Dans un entretien à paraître ce lundi 23 décembre 2019 dans le groupe de presse allemand RND, le président de la BEI, Werner Hoyer, commente ainsi les pertes d’emplois industriels que va provoquer la transition énergétique dans l’Union Européenne. Pour lui, les groupes industriels n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes : « Il y a certains patrons de sociétés qui devraient se demander s’ils ne se sont pas endormis à la barre », critique le président de la BEI.
Un secteur cristallise ses attaques : l’industrie automobile. Pour lui, il était « parfaitement clair il y a 15 ans ou même 20 ans » que cette transition aurait « un impact considérable notamment sur les constructeurs automobiles. Mais au lieu d’y faire face, de nombreux (industriels) n’ont pas réagi, et ont préféré attendre ».
En effet, la mutation de l’industrie automobile vers le moteur électrique, déjà largement entamée, risque de faire des dégâts chez les constructeurs européens. Pour commencer, en supprimant la dimension thermique du moteur, elle annule une grande partie de leurs avantages technologiques sur les constructeurs des pays émergents. Elle rend également caducs tous les investissements depuis 15 ans dans les améliorations de ces moteurs thermiques.
Un transfert massif des investissements vers les technologies de l’électro-mobilité aurait pu, compte tenu de la puissance financière de cette industrie, maintenir le leadership européen en la matière. Mais il n’a pas eu lieu.
L’Allemagne touchée de plein fouet
Comme, dans le même temps, les industriels européens viennent à peine de s’entendre pour développer une filière européenne des batteries de véhicules électriques, dans le fameux « Airbus des batteries », l’écrasante majorité de ces batteries demeurent aujourd’hui produites en Chine. Avec un impact considérable sur les profits des constructeurs européens si la mobilité se convertit à l’électrique.
Si certains constructeurs ont su entamer ce virage très tôt, comme le groupe Renault-Nissan ou Volvo, d’autres accusent un retard conséquent. Dès lors, ils doivent aujourd’hui investir massivement pour se convertir à marche forcée à l’électrique.
L’industrie automobile allemande, en particulier, est touchée de plein fouet – d’autant que la conjoncture mondiale a provoqué une chute d’activité dans l’ensemble du secteur manufacturier allemand. En conséquence, des mastodontes comme Volkswagen ou Daimler ont annoncé cette année la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans les années à venir. Pour Werner Hoyer, ils payent aujourd’hui leur manque de discernement passé.
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