Ce mercredi 6 novembre 2019, la France et la Chine se sont publiquement engagées à signer, avant fin janvier 2020, l’accord final pour une usine de retraitement du combustible nucléaire en Chine. La construction serait pilotée par Orano (ex-Areva), recentré sur le cycle du combustible nucléaire, pour un montant de 20 milliards d’euros. L’annonce a été faite durant la visite en Chine du président Emmanuel Macron.
Une usine de traitement du nucléaire usagé en Chine, pilotée par Orano
La Chine est le premier marché mondial du nucléaire civil, avec 48 réacteurs en activité, et 10 en construction. Pour l’heure, les déchets radioactifs chinois sont stockés dans des piscines temporaires, mais le projet d’une usine de retraitement de combustibles nucléaires usagés est en discussion depuis 10 ans, avec la France.
La visite de trois jours en Chine du président français Emmanuel Macron a permis une forte avancée sur ce dossier. C’est dans le Palais du Peuple, à Pékin, mercredi 6 novembre 2019, que les deux pays se sont engagés à finaliser le méga-contrat de 20 milliards d’euros dans les 3 mois : « L’accord qui est signé aujourd’hui sur l’usine de traitement-recyclage permet de dégager un cadre clair pour finaliser nos travaux avec un délai, le 31 janvier prochain », a déclaré Emmanuel Macron. Le président chinois s’est efforcé de montrer des signes de bonne volonté. “Il faut encourager les entreprises et les départements compétents chinois et français à développer de nouvelles coopérations dans les marchés tiers et dans les domaines de l’énergie nucléaire, dans l’industrie aéronautique et dans la R&D et l’application des satellites”, a déclaré Xi Jinping aux côtés du chef d’État français.
La construction de l’usine de traitement serait conçue et conduite par Orano (ex-Areva), sur le modèle de celle de La Hague en Normandie, visitée à maintes reprises par les responsables chinois. China National Nuclear Corporation (CNNC), le groupe étatique chinois responsable du nucléaire, se chargerait du gros œuvre et de l’exploitation de l’usine.
Cet équipement permettrait de traiter 800 tonnes de combustibles usagés par an, et d’en recycler une partie sous forme d’un mélange de plutonium usagé et d’uranium, le « MOX ». Le chantier devrait durer dix ans.
Quand ce contrat tant attendu sera-t-il enfin signé ?
Pour autant, la prudence reste de mise quant à la signature finale du contrat. Lors de la précédente visite d’Emmanuel Macron en Chine, en janvier 2018, un protocole d’accord avait déjà été signé entre CNNC et l’entreprise française (qui s’appelait encore, à l’époque, New Areva) pour cette usine de traitement. Le contrat devait être signé au printemps 2018, et le chantier devait démarrer à la fin de la même année. Il n’en avait rien été.
Pour autant, le contexte semble différent cette année. Les deux présidents étaient présents à l’annonce de l’accord, preuve d’une volonté politique forte. De plus, la Chine est engagée dans une politique de développement de son parc nucléaire, et ne peut pas continuer d’ouvrir des réacteurs sans traiter son combustible usagé et les déchets radioactifs.
Il semble également hautement improbable qu’après dix ans de négociations et d’échanges avec les techniciens français, la Chine opte pour une autre technologie. Place maintenant aux « discussions entre les entreprises, qui doivent se finaliser sur le prix et un lieu qui doit être trouvé » précise le président français. Si le contrat est bel et bien signé avant le 31 janvier 2020, les travaux pourraient commencer dans le courant de l’année prochaine.
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