En Belgique, plusieurs partis politiques militent activement pour une prolongation du parc nucléaire. Si le pays valide cette nouvelle stratégie énergétique, les sept réacteurs belges seront en activité au-delà de 2025. Et la décision serait notamment profitable à Electrabel, la filiale d’Engie, qui gère les réacteurs nucléaires du pays.
Prolongation du parc nucléaire jusqu’à 2025, et peut-être même plus
A l’instar de la France, la Belgique hésite encore sur la stratégie à adopter en matière de nucléaire. Le pays compte un parc de sept réacteurs nucléaires, répartis sur deux centrales : Doel et Tihange. La Belgique comptait mettre à l’arrêt ses centrales nucléaires en 2015. Toutefois, le pays avait décidé d’un premier report. L’échéance de sortie du nucléaire devait être en 2025. Mais les politiques belges veulent aller encore plus loin. Trois des principaux partis politiques (la N-VA, le Parti Populaire ainsi que le Vlaams Belang) défendent depuis plusieurs mois la prolongation du nucléaire au-delà de 2025.
Dans l’optique de cette prolongation, l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) travaille actuellement à la mise en place de nouvelles normes de sûreté. En février 2019, Frank Hardeman, le directeur de l’AFCN, a été entendu devant la sous-commission de sécurité nucléaire de la Chambre. Il a précisé que son agence travaillait à établir de nouvelles exigences de sûreté en prévision de la prolongation du parc nucléaire.
50,9% de nucléaire dans le mix électrique belge
Pour la Belgique, le nucléaire est une source d’énergie cruciale. En 2016, la part du nucléaire représentait encore 50,9% dans le mix électrique national, soit 43,5 TWh. Ces dernières années, plusieurs réacteurs ont subi des phases de maintenance en même temps, ce qui a démontré la fragilité du réseau électrique belge sans le nucléaire. Par ailleurs, le pétrole demeure la seconde source d’approvisionnement électrique (29,2% du mix national), ce qui contribue à faire de l’électricité belge une électricité très carbonée, comme le montre le graphique édité par Sylvestre Huet le 6 mai 2019 et réalisé par Thomas Auriel.
La situation est encore plus délicate quand on prend en compte les besoins électriques du pays. La production domestique a déjà du mal à faire face aux besoins, ce qui rendent le réseau électrique belge vulnérable. En 2014, Elia, le gestionnaire du réseau électrique, avait tiré la sonnette d’alarme. L’année dernière, alors que la part du nucléaire était tombée à 44,5% du mix électrique, les autorités redoutait un black-out…
Jusqu’à 1,8 milliard d’euros de surplus pour Electrabel
La prolongation du parc nucléaire belge est une bonne nouvelle pour ses exploitants. On retrouve parmi eux Electrabel, la filiale d’Engie, en charge des réacteurs belges. D’après les premières estimations du Bureau Fédéral du Plan (en charge des études et prévisions économiques et énergétiques), la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires au-delà de 2025 entraînerait un surplus de chiffre d’affaires pour Electrabel. Deux scénarios sont possibles, selon la durée de prolongation envisagée. Dans la première projection, le surplus serait de 941,7 millions d’euros. Dans le deuxième scénario, il atteindrait 1,8 milliard d’euros.
Il faudrait toutefois déduire de cette somme les frais occasionnés par les travaux de mise aux normes des réacteurs. Car les réacteurs belges ont été mis en service entre 1975 et 1985. Les travaux de maintenance à eux seuls représentent d’importants investissements. Electrabel a déjà annoncé, le 28 janvier dernier, que ses trois réacteurs seront indisponibles pour l’hiver 2019-2020. L’énergéticien a prévu un planning de maintenance jusqu’à 2022 pour effectuer les travaux nécessaires au maintien de l’activité nucléaire.
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