Le terme de repowering apparaît de plus en plus dans le vocabulaire du monde de l’énergie. Ce mot n’est pas nouveau puisqu’il désigne de manière générale, le remplacement d’une installation énergétique pour la rendre plus performante. Le repowering (redonner de la puissance), évoque désormais de plus en plus les parcs éoliens. Les premiers implantés en France l’ont été dans les années 1990 et arrivent aujourd’hui en fin de vie. Selon une estimation relayée par L’Usine Nouvelle le 20 février 2019, « à partir de 2020, plusieurs centaines de machines devront être démantelées chaque année »…
Le repowering nouveau passage obligé de la filière éolienne
Avec le progrès technique, la filière éolienne offre des perspectives attractives. Du chemin a été parcouru depuis le premier programme éolien lancé en France en 1996 : Eol. Aujourd’hui, une éolienne bénéficie d’une puissance comprise entre 1,8 et 3 MW, soit bien plus que les éoliennes pionnières. À noter, une éolienne de 2 MW produit en moyenne 4 200 MW par an, « soit la consommation électrique moyenne de plus de 800 ménages français », selon le ministère de la Transition écologique et solidaire. Les parcs éoliens ont donc intérêt à être équipés d’éoliennes plus modernes. L’arrivée en fin de vie de ces parcs constitue une occasion unique de produire plus avec moins, c’est le repowering.
Cette formule est avantageuse pour plusieurs raisons :
– Le site existe déjà et suscite moins la fronde de riverains hostiles au projet.
– Plus puissantes, les éoliennes sont moins nombreuses pour obtenir la même quantité d’énergie.
– La réduction du nombre d’éoliennes entraîne une baisse de l’effet de trainée, c’est-à-dire la baisse de rendement due à l’alignement des éoliennes.
– Plus fiables, les nouvelles éoliennes nécessitent moins de travail de maintenance et donc une diminution des coûts.
– Enfin, avoir des parcs plus performants signifie des revenus plus élevés pour les producteurs, et plus de recettes fiscales.
Les avantages sont donc nombreux, mais les projets de repowering ont été confrontés jusqu’à il y a plusieurs mois à un labyrinthe administratif. Finalement, l’Etat a publié une circulaire le 17 juillet 2018 qui fait la distinction entre les projets de repowering nécessitant une nouvelle autorisation et ceux qui n’en ont pas besoin. Désormais, précise Florian Ferjoux, du cabinet Gossement Avocats : « la réponse à donner sur le caractère substantiel ou non de la modification doit être apportée dans un délai maximal de deux mois à réception d’un dossier complet ».
C’est seulement en cas de « modification substantielle » qu’une nouvelle demande d’exploitation est nécessaire. Un concept jusque-là assez flou que le ministère de la Transition écologique et solidaire s’est chargé de définir. Les préfets sont appelés à se prononcer sur d’autres modifications d’importance qui pourraient nécessiter une nouvelle autorisation. Rien n’est écrit dans le marbre et les professionnels appellent de leurs vœux une vraie loi encadrant les règles du repowering.
Éviter le downcycling, pour une fin de vie plus écologique…
Dans l’article de Laurent Rousselle publié sur L’Usine Nouvelle, Didier Evano, le président de Net-Wind – PME spécialisée dans la maintenance éolienne située en périphérie de Nantes, estime « qu’à partir de 2020, plusieurs centaines de machines devront être démantelées chaque année« . Or, si le repowering est une solution d’avenir, le sort des éoliennes en fin de vie reste peu enviable. Le marché de seconde main est peu développé, alors qu’on assiste à un saut technologique entre les différentes générations d’éoliennes.
Les pâles, la principale partie difficilement recyclable et qui représente 8 % du poids de l’éolienne, sont donc souvent broyées puis brûlées pour devenir une source d’énergie ou alors elles sont tout simplement enfouies dans le sous-sol de déchetteries. Dans cette deuxième hypothèse on parle de downcycling. Deux solutions peu économiques et pas très écologiques pour les monstres de 300 tonnes d’acier, 840 tonnes de béton, 25 tonnes de composites que sont les éoliennes de 2MW.
Avec le démantèlement programmé de plusieurs centaines d’éoliennes chaque année en France, c’est un véritable défi écologique qui se pose. Selon l’Ademe, ce sont 15 000 tonnes de matières composites issues des pâles qui devront être solutionnées rien qu’en 2029. En Europe « d’ici à 2030, il y aura 375 000 tonnes de pales issues du démantèlement des éoliennes » qu’il faudra traiter selon Christophe Magro, responsable de projets au sein du centre en recherche et développement spécialisé en formulation et procédés de fabrication pour le développement de composites et matériaux avancés (Canoe). Les études se portent donc sur le recyclage des matières composites comme la fibre de verre dont les propriétés mécaniques se perdent au cours de ce processus. Ainsi, une éolienne peut-être convertie en mur anti-bruit ou du mobilier urbain. Le recyclage en vue de la fabrication de nouvelles éoliennes est lui aussi visé, mais bien plus compliqué.
L’enjeu est de taille avec un éolien terrestre en France qui a lui seul va connaître un renouvellement supérieur à 5 000 MW par an à l’horizon 2030 d’après France Energie Eolienne. En 2017, une étude du Commissariat général au développement durable (CGDD) évoquait la création de près de 15 000 emplois en France, avec une hausse de 15 % par an. « Cette dynamique devrait se poursuivre dans les années à venir, à la fois du fait de la mise en activité de nouveaux parcs et des travaux de maintenance lourde sur les parcs les plus anciens », indiquait le document. En Europe il s’agit « d’une opportunité technico-économique extrêmement intéressante » précise Pauline Le Bertre, déléguée générale de FEE ; en Allemagne par exemple, le marché du repowering est en forte croissance.
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