Après l’acier et l’aluminium, l’administration Trump se penche désormais sur la filière de l’uranium américain. Alors que la part d’uranium américain n’a fait que diminuer ces trente dernières années et que les importations ont augmenté, le président américain envisage de mettre en place des taxes douanières supplémentaires sur l’importation d’uranium. Une décision qui pourrait donner un coup de pouce bienvenu à toute la filière.
Etats-Unis : le plus grand parc nucléaire mondial
Si la part de nucléaire dans le mix électrique américain n’a rien de comparable à celle de la France (elle ne représente que 20%), les Etats-Unis disposent pourtant de plus grand parc nucléaire mondial. Avec 99 réacteurs nucléaires répartis sur 65 sites, principalement installés sur la moitié est du pays, les Etats-Unis ont besoin de grandes quantités d’uranium afin d’assurer le fonctionnement des réacteurs. Pour faire face à ces besoins, le pays comptait par le passé sur sa propre filière d’uranium : en 1987, 49% de l’uranium consommé pour la production d’électricité était issu de la filière domestique. Mais en trente ans, cette part a diminué de façon drastique : en 2018, l’uranium américain ne pèse plus que 5% de la consommation du parc nucléaire national.
L’uranium américain, trop dépendant des importations
Et si la part de l’uranium américain dans la consommation domestique est une question sensible, c’est parce que la consommation d’uranium des Etats-Unis est la plus importante au monde. En 2015, le pays a consommé 18,69 tonnes d’uranium pour couvrir ses besoins civils et militaires. Pour faire face à ses besoins, le pays est donc contraint à de lourdes importations : 25% de l’uranium importé par les Etats-Unis provient du Canada ; la Russie, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan représentent ensemble 40% des importations. Une dépendance énergétique qui n’est pas souhaitable selon l’administration américaine et qui représente une facture très élevée. L’administration américaine a ainsi souligné qu’en 2017 le pays avait importé pour un montant de 1,4 milliard de dollars d’uranium enrichi. En complément, le pays a également importé pour 1,8 milliard de dollars de composés et d’alliages d’uranium, ainsi que pour 470 millions de dollars de minerai d’uranium.
De nouvelles taxes sur l’uranium importé
Le 18 juillet 2018, Wilbur Ross, le secrétaire au commerce des Etats-Unis, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’industrie américaine de l’uranium et les importations d’uranium : « Le Bureau de l’industrie et de la sécurité du ministère du Commerce effectuera un examen approfondi, équitable et transparent pour déterminer si les importations d’uranium menacent de porter atteinte à la sécurité nationale. » Cette enquête va s’intéresser à l’ensemble de la filière uranium, de son exploitation minière à son enrichissement. Selon les conclusions du département du commerce américain, le gouvernement de Donald Trump pourrait décider de mettre en place des taxes supplémentaires sur l’uranium d’importation.
L’enquête du gouvernement américain intervient à la suite d’une demande formulée par deux producteurs d’uranium américains, Ur-Energy et Energy Fuels. Selon eux, il existe des pratiques commerciales non équitables au sein du marché mondial de l’uranium, ce qui tend à privilégier les producteurs d’uranium qui bénéficient de subventions dans leurs pays d’origine. D’après les producteurs américains, cette pratique serait notamment répandue en Russie, en Ouzbékistan et au Kazakhstan. Or, avec la chute des prix de l’uranium entre 2009 et 2015, les producteurs américains ont eu bien du mal à rester compétitifs.
Pour les deux producteurs américains, l’annonce de cette enquête est une première étape positive, mais la filière a besoin de plus : ils souhaiteraient que l’administration Trump mette en place un quota pour réserver 25% du marché américain de l’uranium aux producteurs nationaux. Une telle décision permettrait à la filière de l’uranium américain de redémarrer : depuis 2016, les capacités de production ont été volontairement diminuées faute de pouvoir écouler le stock d’uranium. Ur-Energy ne fonctionne qu’à 13% de sa capacité, et Energy Fuels à seulement 9%. Ensemble, ces deux entreprises représentent 50% de l’uranium produit aux Etats-Unis.
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