Depuis le début des années 2000, Strasbourg est l’une des grandes villes européennes les plus mobilisées en faveur de la transition énergétique et du développement durable. Un engagement qui n’a pas attendu l’Accord de Paris pour mettre en place une nouvelle stratégie en matière d’utilisation des ressources énergétiques. Mais la mairie de Strasbourg souhaite encore aller plus loin : elle cherche à atteindre 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050.
Strasbourg : un Plan Climat pour 2050
En l’espace de dix ans, Strasbourg est parvenue à réduire sa consommation d’énergie par habitant de 20%. Une sobriété énergétique qui n’est en fait que le premier pas vers un projet plus global. Lors de la COP23 qui s’est tenue en Allemagne, à Bönn, Strasbourg a officiellement annoncé son Plan Climat pour l’horizon 2030. Une charte qui liste de nombreux engagements, avec un objectif principal : atteindre les 100% d’énergies renouvelables dans sa consommation annuelle à l’horizon 2050. Si l’objectif est ambitieux, la ville dispose effectivement de nombreux atouts pour l’atteindre.
Pour cela, Strasbourg compte progresser sur deux axes principaux : le développement des énergies renouvelables, mais aussi l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments de la ville afin de faire encore baisser la consommation globale d’énergie. En ce qui concerne l’amélioration des performances énergétiques, Strasbourg compte piloter un ambitieux chantier de rénovation des logements. Chaque année jusqu’à 2050, la ville s’engage à effectuer la rénovation énergétique de 5 000 habitations pour en améliorer l’isolation.
Développer les ENR de façon intelligente et innovante
Pour développer les énergies renouvelables sur son territoire, Strasbourg fait le pari de la géothermie, et notamment de la géothermie profonde. Deux chantiers sont déjà prévus : à Illkirch et à Reichstett, dans une ancienne raffinerie qui va être reconvertie pour accueillir le puits de géothermie le plus profond de France.
Côté solaire, la ville a lancé début mai 2018 un cadastre solaire gratuit que chaque habitant peut consulter pour calculer le potentiel thermique et photovoltaïque de sa toiture, ainsi que la rentabilité du projet. De quoi soutenir le développement des ENR, même au niveau des particuliers.
Et pour rentabiliser au mieux les ENR, l’eurométropole de Strasbourg ne manque pas d’imagination. Après la construction de sa nouvelle centrale biomasse en 2016, la ville s’est rendue compte que la déperdition d’énergie de la centrale était importante. Car si l’infrastructure a permis à la ville d’atteindre les 70% d’énergie verte, elle dégage une grande quantité de chaleur fatale, une énergie inexploitée qui pourrait pourtant être utile. Afin de réduire cette déperdition d’énergie, la ville a décidé de construire une serre urbaine sur le terrain jouxtant la centrale. Une solution innovante pour faire fonctionner différents équipements en symbiose tout en améliorant encore la performance énergétique de la ville.
La 1e tour à énergie positive du monde
Au mois d’avril 2018, le dynamisme de Strasbourg en matière d’ENR s’est concrétisé avec l’inauguration de la tour Elithis Danube dans le quartier de L’Esplanade. La nouvelle n’a rien d’anecdotique puisqu’il s’agit de la toute première tour d’habitation à énergie positive construite au monde. Construite dans un design ultra moderne, la tour a été spécialement pensée pour produire son énergie, mais aussi pour limiter au maximum la consommation énergétique des logements.
Le bâtiment est coiffé de panneaux solaires qui produisent l’énergie dont les habitations ont besoin. Il est aussi doté de plusieurs outils domotiques pour analyser en temps réel les conditions météo et suivre la consommation d’énergie de chaque foyer. Grâce à cette intelligence artificielle, les locataires ont accès, sur leurs smartphones, à des conseils de suivi entièrement personnalisés pour réduire leur consommation d’énergie, et donc leur facture.
Pour la mairie de Strasbourg, là encore l’objectif est clair : faire en sorte que la facture énergétique de chaque foyer ne dépasse pas les 80 euros par an. C’est vingt fois moins que la moyenne nationale. Et pour séduire les locataires, les concepteurs de la tour Elithis Danube ont pensé à tout : construite au même prix qu’un bâtiment standard, selon les déclarations de Thierry Bièvre, son concepteur, la tour affiche des loyers au même montant que les autres bâtiments du quartier de L’Esplanade.
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