Alors que l’Union européenne tente toujours de réformer un marché du carbone devenu inefficace, l’Asie se lance elle aussi progressivement dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Après la Chine qui annonçait début janvier 2018 la mise en place imminente de son marché national du carbone, Singapour a dévoilé lundi 19 février 2018 ses ambitions en la matière. Cette cité-Etat insulaire, centre financier mondial, prévoit d’introduire une taxe carbone à compter de 2019 afin de réduire ses émissions et rendre les entreprises plus compétitives, alors que des accords internationaux sur le changement climatique prennent effet.
Petit Etat insulaire au large du sud de la Malaisie, Singapour est classé au 26ème rang sur 142 pays dans le classement mondial des émissions par habitant, selon les données de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), en raison de sa petite taille et de la densité de sa population. Pour y remédier et honorer ses engagements en faveur du climat, les autorités ont annoncé lundi 19 février 2018 la mise place dès 2019 d’une taxe carbone appliquée à tous les secteurs d’activités. « Nous avons l’intention de réduire encore davantage l’intensité de nos émissions pour faire un plus grand effort dans la lutte contre le réchauffement climatique », a déclaré Heng Swee Keat, ministre des Finances de la ville-Etat d’Asie du Sud-Est.
Cette taxe s’élèvera dans un premier temps à 5 dollars singapouriens (3 euros) par tonne d’émission de gaz à effet de serre jusqu’en 2023, puis sera revue à la hausse pour atteindre entre 10 à 15 dollars (6 à 9 euros) par tonne d’ici 2030. « La taxe sera prélevée auprès de toutes les sociétés dont les émissions de gaz à effet de serre sont supérieures ou égales à 25.000 tonnes », a-t-il poursuivi. Cette mesure devrait donc concerner au total 30 à 40 entreprises (principalement dans le raffinage du pétrole, les produits chimiques et les semi-conducteurs), directement incitées par ce biais à prendre leurs propres dispositions pour réduire leurs émissions, et devenir ainsi plus compétitives au regard de la communauté internationale et des nouvelles réglementations environnementales.
Pour rappel, la communauté internationale a adopté en décembre 2015, l’Accord de Paris sur le climat visant à limiter le réchauffement sous les 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Au-delà, le changement climatique pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’environnement comme l’augmentation du niveau des océans, leur acidification, la multiplication des catastrophes naturelles et la diminution de la biodiversité.
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