La consommation d’électricité française dépend fortement de la saison, de la météo, du jour et de l’heure. En hiver, l’utilisation du chauffage électrique entraîne une consommation plus importante qu’en été. De même, l’activité de la population engendre une consommation plus élevée en semaine que le weekend. Si les creux de consommation ne posent à priori pas de difficultés au gestionnaire du réseau RTE, les pics généralement observés en saison hivernale lorsque la température est la plus basse, doivent quant à eux être anticipés pour éviter les coupures et garantir un approvisionnement électrique de qualité toute l’année.
Chauffage et pics de consommation hivernaux
Chaque hiver en France, les vagues de froid entraînent des pics de consommation d’électricité, généralement enregistrés le soir, entre 18 h et 22 h lorsque tous les Français rentrent chez eux, et qu’ils allument simultanément la lumière, leurs appareils électroménagers (lave-linge, télévision, etc.) et le chauffage (un tiers des logements sont chauffés à l’électricité dans l’Hexagone). Selon RTE, la consommation augmenterait ainsi de plus de 2 400 MW par degré perdu, soit l’équivalent de deux centrales nucléaires. Le type de chauffage installé dans les logements neufs peut donc fortement modifier la thermosensibilité de notre consommation, et depuis la nouvelle réglementation thermique de 2012, la part de chauffage électrique à effet Joule a déjà été divisée par trois dans les logements neufs par rapport à 2008 (seulement 1% du parc immobilier national).
Pour répondre à cette importante demande, des moyens de production d’électricité comme les centrales thermiques peuvent être activés en complémentarité des centrales nucléaires. Les ingénieurs RTE (le gestionnaire du réseau de transport d’électricité) tentent de leur côté d’anticiper ces variations en recevant régulièrement de nombreuses informations de la part de Météo France sur les températures à venir, mais aussi des clients industriels sur leurs besoins.
Modifier les usages pour réduire la thermosensibilité de la consommation
En parallèle, l’usager peut lui aussi agir dans le sens d’une consommation plus responsable afin de réduire la thermosensibilité de sa consommation et d’éviter d’éventuelles coupures dans les zones les plus fragilisées comme la Bretagne ou la région PACA par exemple.
Il est conseillé dans ce cadre d’apprendre à modérer sa consommation grâce à quelques gestes simples et contribuer ainsi à sécuriser l’alimentation électrique du pays tout en participant à la lutte contre le changement climatique. Pour cela, il est possible de réduire sa consommation de chauffage qui représente avec la production d’eau chaude, les deux tiers de la consommation d’énergie des ménages (19 °C est la température idéale pour les pièces à vivre). Calfeutrer portes et fenêtres, entretenir sa chaudière ou installer un gestionnaire d’énergie sont autant de bons gestes pour réduire ses dépenses. Pensez également à optimiser l’éclairage de votre logement en utilisant des lampes à basse consommation et en éteignant les lumières dans les pièces inoccupées. Évitez enfin de mettre en route le lave-linge, le sèche-linge ou le lave-vaisselle pendant les périodes de pic ou de laisser les appareils électriques en veille.
Consommation d’électricité brute et aléa météorologique
Si plus d’électricité est consommée pour se chauffer lorsqu’il fait froid ou pour se rafraichir lorsqu’il fait chaud, ce critère climatique variable d’un jour à l’autre, fausse généralement les données de consommation réelle. Pour mieux observer les évolutions structurelles d’une année à l’autre et anticiper la quantité moyenne d’électricité nécessaire pour la population, la consommation d’électricité est alors corrigée de « l’aléa météorologique ». Pour établir les chiffres de consommation corrigée de cet aléa de température, RTE utilise un modèle qui vise à séparer la consommation en une part thermosensible et une part non thermosensible.
La demande d’électricité correspond de fait à la demande qui aurait été observée si les températures avaient été les températures de référence. En 2016 par exemple, l’écart avec la température moyenne de référence fut resté relativement faible (-0,45°C). L’analyse journalière a toutefois révélé quelques contrastes comme un début d’année très doux par rapport à la normale, un printemps frais et pluvieux, une fin d’été caniculaire, un automne maussade, et une fin d’année glaciale. La consommation est alors corrigée de ces variations ce qui permet d’observer plus finement les évolutions structurelles. Mais d’autres éléments peuvent aussi être corrigés. Par exemple, l’année 2016 comportait un jour de plus en février par rapport à l’année précédente. Pour s’affranchir de cet effet calendaire, la consommation fut corrigée de façon à ne compter que 365 jours.
En fin de compte, la consommation brute s’est établie à près de 483 TWh en 2016, soit 1,5% de plus que l’année précédente. La température moyenne de 2016 a été plus basse (-0,8°C par rapport à 2015) ce qui explique en partie cette hausse observée. Cette consommation corrigée est relativement stable du fait d’une tendance à la stabilisation globale de la consommation annuelle d’électricité constatée pour la sixième année consécutive en France. La stabilisation observée s’inscrit dans une dynamique plus globale de ralentissement progressif de la croissance de la demande dont les principaux facteurs structurels sont l’évolution de la croissance économique, la modification du tissu industriel français, la tertiarisation des activités économiques et les effets de la maîtrise de la consommation.
Crédits photo : OXO10C
Laisser un commentaire